Au Collège Jules Ferry, on cherche à adapter l’enseignement, la clé de l’épanouissement

Le collège Jules Ferry de Vichy a ouvert ses portes au public début avril. L’occasion pour les futurs collégiens et leurs parents de découvrir cet établissement qui accueille des élèves en difficulté. Ateliers, stages ou projets divers, tout est mis en œuvre pour accompagner au mieux les adolescents nécessitant une plus grande écoute. Emblématiques de ces méthodes d’apprentissage plus attentives, les classes de Segpa.

Au sein de l’équipe enseignante du collège Jules Ferry de Vichy, l’entraide est toujours de mise. Source : Esther Dabert

Au sein de l’équipe enseignante du collège Jules Ferry de Vichy, l’entraide est toujours de mise. Source : Esther Dabert

Bénéficier d’un enseignement dispensé par un professeur attentif et soucieux de la réussite de ses élèves est une chose essentielle pour certains adolescents. C’est le cas des élèves du collège Jules Ferry de Vichy. Au sein de cet établissement qui a ouvert ses portes aux parents samedi 1er avril dernier, c’est l’accompagnement qui prévaut. Adaptation du programme scolaire, jeux, travaux pratiques, tout est fait pour mettre en place un climat chaleureux permettant d’empêcher autant que possible le décrochage. 

La méthode d’apprentissage est perfectionnée depuis des années par les professeurs du collège qui mettent du cœur à l’ouvrage afin d’aider leurs élèves de Segpa et d’Ulis, deux sections nécessitant de nouvelles approches de travail. Au collège Jules Ferry, difficile de passer à côté des classes de Segpa, aussi connues sous le nom de Sections d’enseignement général et professionnel adapté. Peintures dans les salles de cours ou encore décoration du CDI, les créations se multiplient dans l’établissement. Des projets nécessaires pour venir en aide aux cinquante-cinq élèves du collège qui ne parviennent pas à s’épanouir dans le milieu scolaire classique.

Une adaptation nécessaire et réfléchie

Le décrochage scolaire est l’une des principales difficultés à gérer pour les professeurs du collège Jules Ferry. Diverses méthodes sont mises en place pour faire face à ce problème de taille. Pour les élèves des classes de Segpa, le programme scolaire est allégé et l’accent est mis sur la découverte. Cet allègement du programme peut prendre plusieurs formes. Pour les élèves de quatrième par exemple, l’enseignement d’une seconde langue vivante est abandonné aux profits d’ateliers pratiques. Les devoirs sont aussi adaptés pour convenir aux moyens des élèves et éviter de creuser un écart entre chacun d’eux.

Des cours d’arts martiaux ou encore d’art thérapie sont proposés grâce à “l’accès prioritaire” pour les élèves qui en ressentent le besoin. Ce dispositif permet aux élèves en difficultés ou en décrochage scolaire de bénéficier de plusieurs formes d’accompagnement. Selon Nicolas Sem, directeur adjoint chargé de la Segpa depuis deux ans, ces activités permettent “d’éviter le décrochage de certains élèves même s’ils ne correspondent pas forcément à tout le monde”. Dans la même continuité, l’établissement, par l’intermédiaire de la professeure documentaliste Virginie Andreo, propose aux élèves en difficulté une ouverture à la culture à travers des projets artistiques. Cette année, le collège s’est associé au Musée des arts d’Afrique et d’Asie pour préparer un travail culturel sur les touaregs.

Plusieurs heures de cours sont consacrées à la création de textes et à l’entraînement au contage, avant de les mettre en pratique lors d’une représentation devant les parents d’élèves. Une mission particulièrement difficile pour certains collégiens, mais nécessaire “pour briser la frontière imaginée par les élèves concernant la culture”, a expliqué Virginie Andreo. 

La pratique comme clé de l’épanouissement

Cette adaptation du programme passe également par un remaniement de la place accordée à la pratique dans l’éducation. Normalement sommaires, voire inexistants dans les filières générales, les ateliers pratiques représentent le cœur de l’enseignement des classes de SEGPA. Chaque semaine, les collégiens se réunissent en groupes de maximum huit personnes pour passer six heures de leur temps à découvrir différents domaines professionnels. En classe de troisième, ce temps accordé aux ateliers est doublé. Couture, univers de l’habitat ou encore cuisine, il y en a pour tous les goûts. Pour les professeurs, il s’agit d’un moyen de “donner accès aux élèves à ce qu’ils aiment”. “Ces ateliers leur permettent de s’épanouir et d’assumer la différence de leurs profils”, ajoute Nicolas Sem, fier de pouvoir affirmer que ses collégiens se tournent autant vers la coiffure que la boulangerie, la pâtisserie, la peinture ou encore la logistique.

Les élèves des classes de SEGPA bénéficient d’un large espace de travail pour découvrir l’univers de l’habitat. Source : Esther Dabert

Les élèves des classes de SEGPA bénéficient d’un large espace de travail pour découvrir l’univers de l’habitat. Source : Esther Dabert

À ces ateliers s’ajoute une étape incontournable de la classe de troisième, le stage de fin d’année. Un stage qui, bien loin de durer une semaine comme en filière générale, est allongé jusqu’à dix. Séparées en deux, ces semaines sont volontairement consacrées à deux domaines très différents. “On essaye autant que possible de les sortir de leur zone de confort, c’est pourquoi on les autorise à choisir un premier stage dans un domaine qui les intéresse, mais qu’on les force à se tourner vers un milieu qu’ils ne connaissent pas pour le second”, explique Nicolas Sem. 

Le directeur adjoint de la section insiste sur le fait que la durée de ce stage est pensée pour aider les élèves. En effet, selon ce dernier, “c’est très souvent un moment d’épanouissement.” Aussi, afin d’accentuer le soutien envers les collégiens, ceux-ci peuvent bénéficier de stages plus longs pour pouvoir finir leur année dans un cadre plus propice à leur développement. “Notre rôle, c’est de les aider dans l’orientation, c’est très important puisque c’est ce qui leur permet de réussir après et si ça doit passer par plus de stages, alors c’est ce que nous essayerons de leur donner”, assure-t-il. 

Pour les professeurs du collège Jules Ferry, ce métier n’est pas simplement de l’enseignement. Les liens créés avec les familles et les élèves sont aussi importants que la méthodologie employée. “On entretient une relation presque familiale entre nous, c’est comme une grande famille, se réjouit Catherine Pinet, professeure des écoles. Humainement, c’est très riche.” 

Mais les enseignants n’en oublient pas pour autant leur combat principal : aider les élèves malgré les difficultés. Des convictions qui se matérialisent également au travers d’une lutte en continu pour protéger ces classes des stéréotypes qui leur collent à la peau. L’année dernière, Nicolas Sem et quelques enseignants ont créé une vidéo YouTube avec l’aide des collégiens eux-mêmes pour répondre à ces clichés continuellement présents dans la société. Un moyen pour eux de présenter ces sections et les élèves qui les composent tel qu’ils les voient réellement.

Alyssia Kerzerho et Esther Dabert



Catégories :Vichy

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