La société Imerys a annoncé son intention d’ouvrir un gros projet d’extraction de lithium à Echassière dans l’Allier. Plusieurs associations et collectifs avertissent sur le manque de ressources en eau.

Le site de “Beauvoir”, situé sur la commune d’Echassières dans l’Allier, où un gisement de lithium a été découvert par la société Imerys. Photo : Imerys.
Le 24 octobre 2022, le groupe français de minéraux industriels, Imerys, a communiqué sur son intention d’ouvrir un gros projet d’extraction de lithium sous sa carrière de kaolin à Échassière dans l’Allier. L’exploitation de cette mine, qui pourrait représenter la plus grande d’Europe, devrait débuter en 2028. Le lithium est un composant qui se fait rare et qui servirait, selon Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, à produire des centaines de milliers de batteries de voitures électriques qui devraient nous apporter une indépendance énergétique et économique vis-à-vis de l’étranger.
L’eau, une ressource limitée
Si certains voient plusieurs avantages à exploiter cette mine, d’autres s’interrogent sur l’impact environnemental qui accompagne le projet. Cécile Pouly, ingénieure et membre de l’association “Préservons La forêt des Colettes”, avertit sur le contexte de stress hydrique dans lequel cette mine verra le jour. “Le bassin-versant de la Sioule et de la Bouble, qui accueillera la mine, est tellement en situation de stress hydrique que les prélèvements d’eau ont été limités. Ce bassin versant n’est pas en mesure de délivrer de l’eau !”, s’exclame-t-elle.
Dans ce contexte déjà tendu, Pierre Couturier, membre du collectif “Stop mines 03”, est, lui aussi, inquiet quant à l’énorme quantité d’eau que demandera cette mine. “Les volumes d’eau devraient atteindre 7 à 8 millions de m2 par an, soit l’équivalent de la consommation d’une ville de 150 000 habitants”, calcule-t-il. On en vient à se demander s’il faudra prendre dans les ressources en eau locale pour atteindre une quantité suffisante pour alimenter la mine. L’association “Préservons la forêt des Colettes” rappelle “les différents arrêtés préfectoraux qui contraignent chaque été la population locale à réduire les consommations d’eau”, avant de faire part de sa peur pour la population “de ne plus pouvoir avoir un accès normal à l’eau” si cette mine viendrait à voir le jour.
En réponse à cela, le géant minier explique qu’après adjonction d’eau, les minerais seront envoyés sous forme liquide vers la zone de chargement, à quelques kilomètres de là, à travers des canalisations d’une quinzaine de centimètres de diamètre longeant les routes. Cette opération devrait garantir« un impact du transport vraiment très réduit », selon Imerys. De là, l’eau sera réinjectée dans le système en circuit fermé, tandis que les concentrés seront envoyés par train jusqu’à l’usine de conversion, dont le site n’a pas encore été déterminé. Imerys laisse donc à penser que le processus d’extraction prévoit d’être économique en eau.
Un impact sur la faune et la flore
Le géant minier affirme également que « la forêt des Colettes ne sera pas touchée ». Pour Pierre Couturier, se trouvant à 100 mètres à peu près, cette forêt va inévitablement être impactée : “L’extraction d’un gros volume de roche va engendrer un abaissement de la nappe phréatique et une impossibilité pour les arbres de puiser l’eau dont elles ont besoin dans les sols”.
D’autre part, pour Cécile Pouly, si la flore vient à être atteinte, la faune le sera très certainement elle aussi. L’ingénieure explique que “les animaux ont besoin d’un habitat et d’eau” pour pouvoir vivre, avant d’ajouter que “si ces deux éléments viennent à être altérés, la biodiversité du site pourrait mourir”. Pour leur défense, les représentants d’Imerys expliquent que des études sur les ressources et besoins en eau sont en cours et que toutes les informations seront communiquées dès qu’elles seront disponibles.
Les associations comptent tout de même continuer à alerter sur les impacts de ce projet sur l’environnement qui pourraient être désastreux. “En tant qu’ingénieur, je pense que c’est une erreur. Il n’y a pas les ressources nécessaires et essayer tout de même de chercher des ressources là où il n’y en a pas risques de détruire la planète”, conclut la membre de l’association “Préservons la forêt des Colettes”.
Amine Chekaoui
Catégories :Auvergne
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