Libraire depuis un peu plus d’un an, Laurent Jouberton est animé d’une passion dévorante pour la lecture. Pour L’Effervescent, l’homme se met à nu en nous contant sa propre histoire.

Laurent Jouberton, propriétaire de la librairie Carnot depuis mars 2021. Photo : Claudia Dicristofalo / L’Effervescent
A l’entrée du boulevard Carnot de Vichy, s’érige une librairie imposante. Lumineuse par ses grandes vitrines, elle se pare d’innombrables ouvrages irradiés par les premières lueurs du printemps. Au-dessus de la porte prône un mantra annonciateur d’une rêverie future : « Que serait une vie sans histoire ? »
A l’intérieur, Laurent Jouberton oscille entre romans fantastiques et polars. Malgré la quantité faramineuse de livres, sa silhouette accroche le regard. Outre la couleur vive de son par-dessus, l’homme âgé de 56 ans rayonne par son sourire.
Chapitre 1er : Un cheminement professionnel rebondissant
Laurent Jouberton s’occupe de la librairie depuis peu de temps. L’enfant turbulent qu’il était semble assagi et détendu au milieu de tous ces livres, même si sa nature dynamique se révèle au cours de l’entrevue. Le parcours du Vichyssois est multiple. « Après des études de droit, je suis devenu intermittent du spectacle. J’étais comédien et metteur en scène et je me déplaçais entre Lyon, Dijon et Paris, expose-t-il. J’ai repris le chemin de l’école en 2000 pour faire l’école du Louvre. » Arrivé en 2004 à Vichy, il travaille en tant qu’antiquaire pendant près de huit ans. « Après la naissance de ma fille, j’ai intégré la Fnac en tant que gestionnaire de rayon », confie Laurent. Il démissionne en 2018 pour travailler dans une blanchisserie industrielle en tant que chargée de clientèle.
Il connaissait l’ancienne propriétaire de la librairie depuis une trentaine d’années et son désir de vendre sa boutique. « Avec Martine, on s’est mis d’accord assez rapidement sur le fait de collaborer avant son départ. J’ai fini par reprendre la librairie à mon compte. » Aujourd’hui, les vieux amis continuent de travailler ensemble : Laurent en tant que propriétaire et Martine, embauchée à mi-temps.
Chapitre 2 : Lier lecture et amitié
Le métier de libraire ne consiste pas uniquement en la vente de livres. Une librairie fonctionne comme toute autre entreprise : gestion administrative, étude du marché, capital économique et rentabilité… « Ce n’est absolument pas un métier tranquille. » Néanmoins, « tout me plaît dans ce métier », lance Laurent émerveillé. Et particulièrement les relations avec le client.
En effet, outre la possibilité de vivre au rythme de sa passion pour la lecture, le métier de libraire est apprécié par Laurent pour le contact humain qu’il permet. Il reprend à son compte les propos de l’auteur américain Paul Auster : « La littérature permet de créer une intimité entre des personnes qui ne se connaissent pas » Conseiller, c’est avant tout une affaire d’échange. « Le client est, lui aussi, en mesure de nous conseiller un ouvrage encore inconnu. » La sympathie de Laurent semble être saluée par les clients. Certains, satisfaits de ses recommandations, deviennent des habitués de la librairie.
Chapitre 3 : Une vie passionnée
Véritable passionné, Laurent lit environ quatre livres par semaine. Un devoir de libraire qui n’est pas de tout repos, mais qui est avant tout un plaisir. Afin de conseiller au mieux ses clients, il doit se tenir à la page. Pour ce faire, il parcourt les livres et autres romans pour connaître le style d’écriture de chaque auteur. Quand l’ouvrage est moins intéressant, il n’hésite pas à accélérer sa lecture. « J’avais vu une autrice sur une émission littéraire à la télévision qui disait : “Moi, je lis comme je fais du vélo. Quand le paysage est beau, je ralentis ; dès que le paysage est un peu moins intéressant, j’accélère. ” C’est exactement la même chose pour moi. », déclare-t-il. Avec plus de 7 800 références et 9 000 livres minutieusement rangées sur les étagères de la librairie, il est difficile de tout lire. Alors, l’astuce de Laurent pour bouquiner rapidement, c’est de lire à l’envers. « Quand j’arrive à la moitié du livre, j’active la seconde en commençant par la fin ».
Laurent se considère comme un bibliophile, mais il ne garde pas les livres chez lui. « Maintenant que j’ai une librairie, je n’y vois plus l’intérêt », explique-t-il. Occasionnellement, à la demande de sa fidèle clientèle, le libraire organise des rencontres avec des auteurs, des poètes et des écrivains au sein de sa boutique. A chaque fois, la salle est remplie et ce moment est un véritable plaisir. « Il y a environ trente à quarante personnes qui viennent et échangent entre eux. C’est agréable de voir les clients heureux pendant ces rencontres. » Pour Laurent, transmettre sa passion et son métier est indispensable. Ainsi, sa librairie est un véritable lieu de partage où tout le monde est libre de trouver le livre qui lui convient.
Anouk Thebaud et Claudia Dicristofalo
Catégories :Vichy
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