Mardi 7 mars, comme partout en France, une manifestation s’est tenue à Vichy. Environ 6 000 personnes étaient rassemblées pour protester contre la réforme des retraites.
Jamais cinq sans six ! Les Vichyssois se sont rassemblés le 7 mars contre la réforme des retraites. Ils étaient 6 000 d’après l’intersyndicale (3 800 selon la police) à s’être donnés rendez-vous à 14h30, place de la Poste. Les manifestations s’enchaînent mais ne se ressemblent pas. D’après les syndicats ce sont 1 000 personnes qui ont rejoint la marche par rapport au dernier rassemblement, le 31 mars.
Report de l’âge de départ à 64 ans, pensions trop faibles, injustices… Les critiques fusent et sont aussi diverses que les contestataires. La déambulation s’est achevée avec l’après-midi, devant le parvis de la mairie de Vichy. Là, après un vote à main levée, les syndicats ont décidé de reconduire les actions le lendemain, à l’occasion de la journée internationale du droit des femmes.

L’effervescence commence dès 14 heures, place de la Poste. Entre les barnums et le stand de vin chaud, les manifestants se préparent confortablement à l’après-midi de marche. Une telle animation est plutôt rare pour la petite ville de Vichy : avec 6 000 manifestants (d’après les syndicats) des personnes se sont déplacées depuis tout le bassin vichyssois pour venir dans la rue ce mardi après-midi. Photo : Mélina Fonck

Au bout de ce drapeau multicolore se tient Danielle. La sexagénaire développe son message pacifiste : “Le monde irait beaucoup mieux si on partageait tout. Les richesses, les valeurs, et pas qu’en France ! Aussi avec les animaux et la nature, avec tout finalement”, estime-t-elle, avec une quiétude qui contraste avec le vrombissement ambiant, au départ de la manifestation. Photo : Mélina Fonck

Combattre la réforme des retraites, c’est une affaire de famille pour Loreleï (à gauche), Tifaine (au centre) et Eleonor (à droite). “Aujourd’hui, je suis là pour notre liberté, pour leur avenir, pour mes filles”, explique Tifaine, la maman. “Protester, c’est un droit. Si on ne le fait pas maintenant, on se fera écraser pour tout le reste. Le gouvernement fait n’importe quoi, on veut les mettre dehors, on est énervés !”, conclut-elle, fière de montrer que son combat touche toutes les générations. Photo : Mélina Fonck

Il est facile de repérer Monsieur Dupré au milieu de la foule, avec sa perche insolite. Un tuyau de douche, un klaxon récupéré sur une vieille moto, le tout relié à une pompe électrique : ce cocktail 100 % récup provoque un claironnement assourdissant. Fier de son invention, le retraité veut aussi faire du bruit avec ses idées. “Moi et ma femme avons toujours défendu un modèle de société égalitaire et dans le partage. Nous voulons la retraite à 60 ans, car aujourd’hui beaucoup de gens meurent avant, ou juste après leur retraite.” A ses côtés, Madame Dupré acquiesce : “Travailler toute sa vie sans partir dans le repos, c’est terrible.” Photo : Mélina Fonck

Le convoi de manifestants prend son départ à 14h30, en direction de la rue de Paris. CFDT, CGT, CFTC, FSU… Plus d’une dizaine de syndicats sont présents pour représenter un nombre encore plus important de professions, des chemineaux aux infirmiers, en passant par les enseignants et les agriculteurs. Côté politique, ce sont les drapeaux du Parti communiste français qui flottent en majorité. Photo : Mélina Fonck

Le premier arrêt du convoi est marqué par la prise de parole de Delphine. Sous les couleurs de l’UNSA Education, cette professeure de maternelle mène un triple combat : celui de la réforme des retraites, de l’écologie et des fermetures des classes dans l’Allier. C’est sur ce dernier point qu’elle insiste. “Il y a un sujet majeur de démantèlement du service public, c’est la fermeture massive de classes dans nos départements, peut-on entendre dans son discours. À la fin, nous gagnerons parce qu’un gouvernement ne peut pas, sur un sujet aussi important, gouverner longtemps contre son peuple.” Photo : Mélina Fonck

Attachée à la tête du cortège, Annette indique qu’à travers sa blouse, elle représente son service des urgences. Les raisons de sa protestation sont concises : “Je trouve cette loi très injuste. J’aurai été d’accord de travailler plus si tous les Français le faisaient, mais ce n’est pas le cas.” L’infirmière poursuit, sur un ton de plus en plus grave : “Je suis une femme, je suis maman, je symbolise toute cette partie, cette minorité de la société, qui va y perdre.” Mais Annette, elle, ne perd pas son aplomb, et entonne de plus belle des chants militants. Photo : Mélina Fonck

Nouvel arrêt au square du général Leclerc. Les militants se tournent, et comme un seul homme, fixent une maison aux volets verts. C’est dans cette bâtisse que travaille Nicolas Ray, le député de troisième circonscription de l’Allier, sous l’étiquette Les Républicains. A travers la voix étouffée et hostile d’un mégaphone, les syndicalistes laissent comprendre qu’ils ne portent pas l’homme dans leur cœur. “Monsieur Ray n’est pas un élu de l’opposition, c’est un élu de la co-gestion !” Photo : Mélina Fonck

Rouges, bleus, orange : de nombreux manifestants sont venus vêtus des couleurs de leur syndicat. D’autre, comme Brigitte, se sont affublés d’un simple mais efficace gilet jaune. Elle raconte les difficultés de son quotidien, “J’ai 58 ans donc j’ai du mal à me faire employer. Je suis au RSA, et une fois que j’ai payé toutes les charges, il me reste 50 euros par mois. Je pourrais facilement me trouver à la rue, je n’estime pas que je vis, mais que je survis.” Brigitte blâme les inégalités : les milliardaires prennent tout, et les autres mendient “, dit-elle avec tristesse. Armée de son mégaphone, celle qui se considère comme une des nombreux oubliés du gouvernement, compte bien se faire entendre. Photo : Mélina Fonck

Les Rosies – un groupe de chant militant – ont fait une chorégraphie au milieu de la manifestation, sur le pont de Bellerive. Le collectif féministe, dans son reconnaissable bleu de travail, à dansé sur “Nous on veut vivre”, une chanson aux paroles engagées, sur l’air de “I will survive” : “Jusqu’au tombeau, pour les prolo 64 ans non ! La retraite, il la faut avant ; Vivre en bonne santé, avec eux c’est pas gagné ; Les riches okay… Mais les précaires eux vont crever ; Nous on veut vivre, pas juste survi-ivre ; Vivre dignement, vivre décemment, profiter de nos p’tits enfants.” Photo : Mélina Fonck

La mascotte qui accompagnait les manifestants depuis le début a connu un triste sort. Affublé d’un blouson doré “I love les riches” et d’une tête de singe, elle est la synthèse des reproches faites au gouvernement par les manifestants. “Il faut qu’ils aient peur”, “on va les faire tomber”, “corrompus !”, peut-on entendre autour du feu. Photo : Mélina Fonck

L’après-midi s’est conclue sur les marches de la mairie de Vichy, avec une assemblée générale de l’intersyndicale. À main levée, les personnes présentes ont voté pour la reconduction des grèves et manifestations le lendemain, mercredi 8 mars. Le programme a ensuite été annoncé : à 9 heures, distribution de tracts au rond-point de Creuzier-le-Neuf. A 11h30, occupation devant les Quatre Chemins. Enfin à 14h30, place de la poste, manifestation pour la journée internationale des droits des femmes. Photo : Mélina Fonck
Catégories :L'Evenement, Vichy
Bel article qui montre bien que cette réforme impopulaire impacte un grand nombre de Français, appartenant à différentes catégories de travailleurs. Les hommes politiques devraient en tenir compte.