Face à l’inflation et à l’explosion du prix de l’énergie, la région Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé le 13 janvier avoir débloqué un fonds de six millions d’euros pour venir en aide aux boulangeries de son territoire.

Richard Jouannet dans sa boulangerie, à Vichy. Photo : Joanne Lepaumier
Richard Jouannet gère sa boulangerie depuis 42 ans. C’est à l’approche du mois de février que l’appréhension monte pour l’artisan : “C’est là qu’on va devoir renégocier les contrats d’énergie, et c’est là qu’on va se retrouver à payer des sommes mirobolantes. On est passé du simple au triple, voire au quadruple.“
Afin de venir en aide aux boulangeries comme celle de Richard, la région Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé le 13 janvier dernier mettre en place un fonds de six millions d’euros. À travers un communiqué, le président de la région Laurent Wauquiez a déclaré ne “pas accepter de laisser mourir nos artisans boulangers indispensables à la vie quotidienne de nos territoires et qui font la dynamique de nos communes“.
Une aide plurifactorielle…
L’aide consiste d’une part en la possibilité de résilier sans frais leur contrat de fourniture d’énergie, en cas de hausse de prix “prohibitive“, et d’autre part en une dotation financière allant jusqu’à 3 000 euros en trésorerie et 10 000 euros en investissement pour les boulangeries demandeuses.
Laurent Wauquiez a exprimé le souhait de monter un plan d’aide afin d’éviter les fermetures et “de ne laisser aucun artisan boulanger au bord de la route“, en collaboration avec les fédérations et les réseaux consulaires.
…mais inadaptée
Cependant, pour Richard Jouannet, la Région aurait dû prévenir plutôt que guérir. “Le problème a commencé en septembre dernier, mais à l’époque personne n’a soulevé le souci.” Une aide trop tardive, selon le boulanger, et dont les conditions d’obtention ne sont pas adaptées : “Pour obtenir cette aide, il y a pas mal de cases à remplir, et il y en a toujours qu’on ne remplit pas, explique le boulanger avec un rire jaune. Par exemple, moi j’ai plus de 10 ouvriers, parce qu’on fait tout maison, le pain comme les viennoiseries. Forcément, ça demande des salariés, mais en avoir autant nous exclut de toucher l’aide. En revanche, un [boulanger] semi-industriel, qui va seulement réchauffer les produits, nécessite beaucoup moins de main-d’œuvre. Et lui, il est éligible. “
Même s’il était en mesure d’obtenir l’aide proposée par la Région, le boulanger aguerri n’en ferait pas la demande. “Je ne fais pas l’aumône, et je ne ferai jamais l’aumône. Ce que j’aimerais, c’est payer, et que tout le monde paie, les choses à un prix juste et raisonné“, explique-t-il d’un ton ferme et décidé.
L’inflation, encore et toujours
Richard Jouannet ajoute que “comme partout“, il a dû augmenter ses prix, à cause de l’explosion de ceux du beurre et du blé. “Ce n’est pas de gaieté de cœur“, ajoute-il. “Je suis la cinquième génération de boulangers dans ma famille, et mon grand-père m’a toujours répété que le pain devait être accessible à tous.”
“Faire des baguettes à 2 euros, ce n’est pas dans mes convictions.” – Richard Jouannet
Pour pallier cette situation qu’il trouve navrante, l’artisan envisage “d’avertir les pouvoirs publics.” Alors qu’une forte mobilisation s’est déroulée jeudi dernier [ici j’aimerais inclure un lien hypertexte vers le grand format de Jean sur la réforme des retraites une fois publié], il n’a pas quitté ses fourneaux, et ne compte pas non plus se mettre en grève.
Mélina Fonck
Catégories :Auvergne
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