Les utilisateurs réguliers du TER se seraient bien passé de cette nouvelle en ce début d’année. Après un désaccord entre la SNCF et la région, cumulé à l’inflation du coût de l’énergie, les prix des billets ont sensiblement augmenté sur tout le réseau à compter du 1er janvier 2023. Une hausse qui a pris de court de nombreux voyageurs au lendemain des fêtes.

Pour un trajet moyen de 36 km, le prix de l’abonnement coûtera 1,20 euros de plus. Photo : Flickr
Bien qu’elle ait pu créer la surprise au 1er janvier 2023, l’augmentation des prix des billets et abonnements TER dans la région Auvergne-Rhône-Alpes est une décision actée depuis le 21 octobre dernier en commission permanente de la Région. « Pour être honnête, je n’en avais même pas entendu parler, j’ai le sentiment d’avoir été mis devant le fait accompli », témoigne pourtant Alexandre, un habitué de la ligne Lyon-Clermont, stupéfait au moment de découvrir les nouveaux tarifs. « C’est en voulant prendre mon billet retour que j’ai appris la nouvelle. »
« C’est peut-être que deux trois euros par trajet, mais au fil des mois, ça va commencer à faire beaucoup. » – Alexandre, usager de la ligne Lyon-Clermont
Une hausse qui reste malgré tout disparate en fonction des voyageurs. Pour les habitués du réseau TER, possédant un abonnement, le coût du voyage augmentera de 2,95%. A l’inverse, l’addition est beaucoup plus salée pour les usagers occasionnels, sans abonnement, qui ont vu les prix de leurs billets bondir de 8%. A titre de comparaison, la dernière revalorisation tarifaire du TER, en 2019, n’excédait pas les 2% sur l’ensemble du réseau.
Comparaison des prix des billets de TER, en partance de Vichy, entre 2022 et 2023. Infographie : Arnaud Didier
Pour la majorité régionale et son leader Laurent Wauquiez (Les Républicains), la SNCF est à l’origine de cette augmentation. « Ils osent nous réclamer 168 millions, tout en ne proposant rien pour améliorer le service. C’est honteux », avait-il alors déclaré en conférence de presse. Un surplus qui vient s’ajouter aux 530 millions d’euros que verse déjà chaque année la région à la SNCF, faisant suite à une convention commune, pour y faire circuler les TER. Toutefois, le réseau ferroviaire public français se heurte, parallèlement à la flambée des prix de l’énergie, à une hausse des fréquentations du réseau TER dans toute la région, ce qui, de leur point de vue, justifie cette répercussion fustigée par Laurent Wauquiez.
Une décision dénoncée par l’opposition
C’est sans grande surprise que cette délibération a fait grincer des dents les élus régionaux de l’opposition. Dans un communiqué, les élus du groupe Socialistes écologistes et démocrates déplorent « un mauvais coup porté au budget des familles » . Ils ajoutent qu’à « l’heure où les gouvernements des pays voisins mettent en œuvre des dispositifs pour favoriser l’usage du train et où la sobriété énergétique est une nécessité, Laurent Wauquiez tape sur ceux qui font justement tous ces efforts. »
Même son de cloche du côté des élus RN qui jugent cette inflation des tarifs TER « inappropriée » et « injuste ». « Notre pays devient le spécialiste de la gestion des pénuries par absence totale de vision sur notre souveraineté, en la matière énergétique, qui se traduit trop souvent par des taxes, des hausses au détriment des Français. Bienvenue à pénurieland », tonnent les élus d’extrême droite.
À l’occasion de l’assemblée plénière du conseil régional se tenant les 15 et 16 décembre dernier, Laurent Wauquiez avait alors assuré aux élus régionaux de l’opposition tout faire « pour ne pas laisser les prix du TER doubler » dans sa région. Une parole tenue, certes. Toutefois, la hausse des tarifs se fait déjà ressentir par le porte-monnaie des voyageurs, ce qui devrait être le cas aussi pour celui de la région. La délibération rendue le 22 octobre 2022 prévoit, avec cette revalorisation tarifaire, un bénéfice supplémentaire de 5,8 millions d’euros.
« À long terme, c’est sûr que ça va peser lourd »
Cette hausse n’est pas sans contraindre les usagers réguliers, sans abonnement, qui subissent ces prix de plein fouet. « Je me déplace deux fois par semaine entre Vichy et Roanne. Avant, je payais 7,50 euros et maintenant, c’est 8,10 euros. Pour l’instant, je ne mesure pas cette hausse, mais à long terme c’est sûr que ça va peser lourd », regrette Léo, un étudiant vichyssois. Pour Etienne, aussi étudiant à Vichy, un changement de quotidien s’impose : « Je payais 15,10 euros l’aller pour Lyon et maintenant c’est 16,40 euros. Je vais peut-être rentrer un ou deux week-ends de moins chez moi. »
Sarah, est également victime de ces prix : « Je me dis des fois qu’il faudrait peut-être que je ne rentre pas à Lyon. Je vais sûrement réfléchir à faire du covoiturage. ». Daphné, étudiante sur Lyon, déplore ces nouveaux tarifs : « Ça n’a pas énormément d’impact quand je paye un ticket, mais si on fait le calcul, ça me fait une augmentation de 12 euros par mois, et en étant étudiant, c’est peu compréhensible ».
Le personnel SNCF déclare également son désaccord avec cette mesure : « On n’accepte pas cette hausse. Si on veut favoriser les modes de transports écologiques, ce n’est pas la bonne façon d’agir », indique Fred, un agent SNCF réseau de la région. Autrement dit, voilà une bien mauvaise façon pour les voyageurs en TER de débuter l’année sur de bons rails.
Arnaud Didier et Vincent Le Bris
Catégories :Auvergne
Laisser un commentaire