PORTRAIT. Charlène Clavel : trois vies en une

Sa soif de performances la pousse à se dépasser. Diplômée depuis juillet 2022 de l’Institut de formation en masso-kinésithérapie (IFMK) de Vichy (Allier), Charlène Clavel est aussi triathlète professionnelle et ancienne joueuse de handball professionnelle. Le tout à seulement… 31 ans.

Charlène au micro des journalistes à l’arrivée de l’Ironman 70.3 de Vichy, le 20 août 2022. Photo : Sophie Gravil

Charlène au micro des journalistes à l’arrivée de l’Ironman 70.3 de Vichy, le 20 août 2022. Photo : Sophie Gravil

Le 7 septembre 2018, sous le soleil niçois, Charlène Clavel traverse tout sourire la ligne d’arrivée de  l’Ironman 70.3 au terme de 5 heures 1 minute et 10 secondes d’effort. Après 1,9 km de natation, 90 km de vélo et 21 km de course à pied, la native de Mende en Lozère (48) est officiellement championne du monde dans sa catégorie d’âge 25-29 ans.

Mais avant de décrocher le Graal, Charlène a connu une tout autre vie, celle de handballeuse professionnelle.

Une vie rythmée par le sport…

Alors qu’elle n’a que 14 ans, Charlène quitte sa Lozère natale pour rejoindre le pôle espoirs de handball de Nîmes. « Je suis attirée par le sport depuis très jeune. Après le pôle espoirs, j’ai pu intégrer le centre de formation de Nîmes. » Une intégration qui lui réussit pleinement ! « J’ai ensuite joué en première division de handball pendant dix ans, dont deux années à Nantes. » Une carrière de handballeuse qui lui a permis de disputer des finales de coupe de la ligue, de coupe de France, mais aussi des compétitions internationales.

Alors autant dire que Charlène Clavel ne « part pas de zéro » quand elle se décide à se lancer dans le triathlon en 2018, après avoir mis derrière elle sa carrière de handballeuse. Entre les sports individuels et collectifs, le choix est assez difficile pour Charlène. Mais son frère Vincent, triathlète, lui donne envie de se lancer dans cette discipline. Licenciée aux Sables Vendée Triathlon, sa première course est une véritable réussite. Elle lui permet de se qualifier pour les championnats du monde à Nice qu’elle remporte avec une minute d’avance sur sa poursuivante.

Deux ans plus tard, en 2020, elle obtient enfin le statut de triathlète professionnelle. Depuis, Charlène enchaîne les compétitions. En octobre dernier, elle a disputé pour la première fois de sa vie les championnats du monde professionnels à St George, aux États-Unis. « J’aurais aimé finir dans le top 20, mais je me classe 23e, ce qui reste un bon résultat. J’ai envie de retenter l’aventure et de faire mieux l’année prochaine. » Une course spéciale où le froid lui a joué quelques tours : « On est parti tôt le matin et il faisait très froid. Je n’avais pas ce qu’il fallait pour me couvrir donc c’était difficile de rester lucide sur le vélo. J’ai vraiment cru que c’était possible d’abandonner, je n’avais jamais eu aussi froid de ma vie. Mais l’envie de performer et l’esprit de compétition m’ont poussée à aller jusqu’au bout. »

Grâce à sa troisième place obtenue lors de l’Ironman 70.3 de Vichy le 20 août dernier, Charlène aura l’occasion de prendre sa revanche les 26 et 27 août 2023 lors des championnats du monde à Lahti en Finlande. 

… et les études

Depuis le début de sa carrière, qu’elle soit handballeuse ou triathlète, Charlène n’a jamais mis les études de côté. En parallèle de sa carrière professionnelle de handballeuse à Nantes, elle obtient un master dans le domaine de la préparation physique chez les athlètes. Mais ce qui l’attire le plus reste le domaine de la kinésithérapie. 

C’est ainsi qu’en 2018, alors qu’elle vient de mettre définitivement le handball derrière elle pour débuter le triathlon, Charlène passe le concours d’entrée de l’IFMK de Vichy avec un objectif en tête : devenir kinésithérapeute en quatre ans. Un choix de métier qui n’est pas un hasard. « C’est important pour moi de voir comment ça se passe à l’intérieur, de comprendre comment le corps fonctionne. » Mais après l’obtention de son titre de championne du monde, elle n’avait pas envie de s’arrêter là. « J’aime me challenger, me lancer des défis, alors quand j’ai commencé mes études de kinésithérapie, c’était clair, je ne voulais pas lâcher le triathlon pour la kinésithérapie et je ne voulais pas lâcher la kinésithérapie pour le triathlon. » Charlène a décidé de concilier ses études et ses entraînements, un double projet qui lui tenait à cœur.

En parallèle de son statut de triathlète professionnel, Charlène exerce le métier de kinésithérapeuthe. Photo : Olivier Rezel

En parallèle de son statut de triathlète professionnel, Charlène exerce le métier de kinésithérapeuthe. Photo : Olivier Rezel

Tout concilier

Sans aménagements pour les sportifs de haut niveau, Charlène a dû faire preuve d’organisation au quotidien pour réussir. « Ça a été parfois un peu compliqué de mener les deux de front. Mon emploi du temps était assez chargé avec très peu de place pour la récupération. Je me levais tôt le matin pour aller nager, puis, le soir, j’allais courir ou pédaler et quand je rentrais, je me remettais dans mes cours de kiné. » Malgré tout, sa priorité a toujours été la réussite de ses études. « Quand il le fallait, je n’allais pas m’entraîner pour réviser. C’est un choix, je l’assume et je ne regrette absolument pas de l’avoir fait. »

Un choix payant. En juillet dernier, Charlène obtient son diplôme de masseuse-kinésithérapeute. Depuis, elle se concentre principalement sur sa carrière de triathlète et cherche de nouveaux sponsors et de nouveaux partenaires pour l’accompagner. « J’exerce quand même la kinésithérapie quelques heures par semaine, mais je veux profiter encore quelques années pour pouvoir faire du triathlon. Je ne sais pas si c’est la meilleure solution, mais ça me permet d’augmenter mon volume d’entraînements. »

Le triathlon : plus qu’un sport  

Si Charlène tient tant à se consacrer à sa carrière de triathlète, c’est parce que tout ceci est plus qu’un sport. Le triathlon est un véritable mode de vie. « Il faut trouver le bon équilibre, c’est un sport qui regroupe trois disciplines, ce qui demande beaucoup d’entraînements et beaucoup de récupération. C’est tout un processus à mettre en place. On vit un peu en décalage et ce n’est pas compris par tout le monde. » Mais Charlène peut compter sur un soutien important, son frère : « on sait ce que ça représente au quotidien, cela permet de vivre différemment, de voyager, de partager, d’apprendre sur soi et c’est ce qui m’anime. »

Ce mode de vie, son frère n’est pas le seul à le comprendre, sa famille et ses amies du handball sont très présents sur ses courses. « C’est une belle source de motivation pour continuer », explique-t-elle. 

Bien que Charlène soit professionnelle, elle ne peut pas vivre de sa passion. « Ce sport grandit, se popularise, mais c’est très compliqué d’en vivre malgré les accompagnements. » C’est pour cela que Charlène a pris autant ses études au sérieux. « Si un jour tout s’arrête, je pourrais vivre de ma seconde passion qu’est la kinésithérapie. »

À 31 ans, la Vichyssoise d’adoption a encore de belles années devant elle, de belles aventures à vivre, de nombreuses lignes d’arrivée à franchir et de nombreux podiums à gravir.

 

Timothée Peigney

 



Catégories :Le sport à Vichy

Tags:, ,

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

%d blogueurs aiment cette page :