Les clubs de basket-ball, de rugby ou de football de Vichy misent beaucoup sur l’éducation. En sensibilisant et en transmettant des valeurs, les dirigeants de ces sports collectifs tendent vers des organisations plus structurées et professionnelles. Et le rôle éducatif de la pratique du sport est lié de près à ce projet.

La grande majorité des éducateurs des clubs de Vichy sont diplômés, pour offrir la formation la plus complète aux jeunes licenciés. Crédit : Victor Ollivier
Pourtant située en Auvergne, terre de rugby et de cyclisme, la ville de Vichy peut compter sur des clubs de sports collectifs qui évoluent à haut niveau. Du basket au football, les clubs vichyssois tendent vers une forme de professionnalisme, que l’on retrouve dans l’éducation apportée aux jeunes. Le club de basket-ball de la JAV est déjà professionnel, puisque cette alliance entre Vichy et Clermont évolue dans la deuxième division professionnelle française. Le Racing Club Vichy Rugby ou Football, deux entités aujourd’hui différentes, évoluent plus loin du niveau professionnel. Cependant, la politique des deux clubs tend vers une sorte de professionnalisme.
La formation : axe important dans la professionnalisation
Dans cette volonté d’apporter un cadre le plus professionnel possible au club, la structuration des projets chez les jeunes est primordiale, avec l’éducation au premier plan. Arnaud Pougheon, responsable du pôle jeunes au RCV Rugby parle d’une « formation complète » : « Nous essayons de prendre pour modèle des clubs professionnels. Ainsi, dès l’école de rugby, nous portons beaucoup d’attention aux valeurs transmises aux enfants ou au développement d’un esprit de groupe. Nous tentons d’être complets, de ne rien laisser de côté. »
Pour offrir à leurs jeunes licenciés une formation la plus complète possible, la majorité des clubs de sports collectifs de Vichy s’appuie sur des éducateurs diplômés. Les éducateurs ont presque tous un diplôme fédéral. Matthis Néron est l’entraîneur de l’équipe des U11 de la JAV, au basket-ball : « c’est le club qui m’a inscrit directement pour avoir cette formation. Elle est importante car elle permet d’être déjà un peu professionnel, sans durer très longtemps, par rapport à une formation sur une année complète comme le BP JEPS (brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport) ». Ce diplôme fédéral est aussi la norme au RCV Rugby, ou au RCV Football. Les clubs organisent ensuite des réunions, pour cibler certaines thématiques qui sont transmises par les éducateurs.
Souder pour évoluer ensemble
Dans cette volonté de sérieux au niveau de l’éducation des jeunes, les clubs tentent de transmettre des valeurs communes. Le respect et l’esprit d’équipe sont les plus appuyés, puisqu’ils sont inhérents à la pratique sportive. Mais depuis quelques années, les dirigeants mettent de plus en plus l’accent sur l’inclusion et l’intégration. « Le club développe au maximum le sport féminin, et les premières équipes ont été créées depuis notre reprise du club il y a deux ans », explique Pierre Guyot, président du RCV Football. Côté rugby, Arnaud Pougheon insiste sur la tolérance et l’acceptation des différences : « nous organisons différentes sensibilisations chez les jeunes sur le handicap ou le rugby santé. Il est important de traiter ces questions tôt, pour inculquer ces valeurs ».
Au niveau extra-sportif, le RCV Rugby organise des stages d’été, toujours dans l’objectif de créer une cohésion importante. C’est d’ailleurs dans ces moments que les notions de solidarité, de respect ou de laïcité sont abordées. Les clubs n’optent pas pour les mêmes organisations à ce niveau. « À la JAV, ces initiatives ne viennent pas forcément du club », indique Matthis Néron. « J’organise parfois des ventes de tickets de tombola, ou une sortie au McDonald avec les parents. J’essaie de créer du lien, de développer un collectif. Ce sont des temps importants dans la vie d’un groupe de jeunes qui va bientôt rentrer dans l’adolescence. »
« Notre rôle, c’est de compléter l’éducation »
La pratique du sport en club est loin de ne développer que des qualités sportives chez l’enfant. Et après les deux acteurs principaux qui font l’éducation, la famille et l’école, le sport a son rôle à jouer. « Dans un club de football, les règles ne sont pas les mêmes qu’à l’école ou qu’en famille. Les valeurs transmises non plus », détaille Pierre Guyot. « Notre rôle, c’est de compléter l’éducation de nos jeunes. » Le RCV Football offre une sensibilisation assez différente aux adolescents du club. L’année dernière, une visite d’entreprise a été organisée pour les U15. Le RCV a été repris au bord de la faillite il y a deux ans, et la plupart des dirigeants actuels ont des métiers proches de l’entreprise. « Nous trouvions cela pertinent de sensibiliser les jeunes au monde professionnel et de le mettre en valeur. Ce sont des choses qu’on ne trouve pas forcément à l’école. »
La gestion des relations avec les parents n’est jamais évidente pour les éducateurs de jeunes sportifs. Que cela soit pour les parents qui voient en leur enfant une future légende du sport, ou simplement ceux qui s’inquiètent de trouver leur fils ou fille déçu(e) de ne pas jouer le week-end, il faut échanger. « En tant que coachs, nous avons toujours des choix à faire », justifie Matthis Néron. « Il faut trouver un compromis, entre l’enfant, le club, et les parents. Et c’est notre rôle de le trouver, mais ce n’est pas toujours évident ». Au rugby, des réunions et des échanges sont organisés avec les parents afin de fédérer ces trois pôles autour de valeurs centrales. Ces temps d’échanges permettent aussi au club de mieux comprendre un joueur, ou l’inverse.
Les équipes de rugby ou de football vichyssoises ne semblent pas très proches du niveau professionnel, en termes sportifs. Mais les moyens de gestion du club, dès les premières catégories, montrent cette volonté de projet global, qui s’étend des stages d’été des enfants de 6 ans aux matchs de championnat de l’équipe première. À la JAV aussi, les objectifs sont similaires. « Nous faisons monter de plus en plus de Vichyssois dans le centre de formation, pour atteindre le plus haut niveau ensuite. Avec cet objectif dans un coin de leur tête, les jeunes donnent tout », observe Matthis Néron. En développant cet esprit de club sérieux, tout le monde semble gagnant. L’enfant est accompagné, grandit avec ses coéquipiers et bénéficie d’une sorte de troisième éducation, lui inculquant d’autres valeurs. Liés au club, les jeunes licenciés mettent donc facilement la main à la pâte, pour tout donner sur le terrain, et progresser vers un but commun.
Victor Ollivier
Catégories :Le sport à Vichy
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