Interview. Laurine Doré, handballeuse à Vichy : “Avec mon binôme, Mélina, on commence à faire notre place sur les terrains en tant qu’arbitres”

Laurine Doré pratique le handball depuis trois ans au club de Vichy, en tant que joueuse et arbitre. Elle se confie sur sa place des femmes dans son sport.

Laurine Doré chargée d’arbitrer un match. Photo : ligue AURA du handball

Laurine Doré chargée d’arbitrer un match. Photo : ligue AURA du handball

 

L’Effervescent : Bonjour Laurine, peux-tu te présenter ?

Laurine Doré : Je m’appelle Laurine Doré. Je suis en dernière année de kiné et j’ai 22 ans. J’ai commencé le handball en classe de 6e au collège avec l’UNSS  (Union Nationale du Sport Scolaire) et j’ai fini par rejoindre un club en fin d’année de 3e pour rentrer en section sportive handball au lycée. Je suis licenciée au club de Vichy depuis trois ans maintenant.

L’Effervescent : Combien de fois par semaine t’entraînes-tu ?

Laurine Doré : Je m’entraîne deux fois par semaine quand je ne suis pas en stage car ces derniers se déroulent la plupart du temps loin de Vichy. Mais j’arbitre quasiment tous les week-ends.

L’Effervescent : Que représente le handball pour toi ?

Laurine Doré : Le hand, c’est d’abord une passion. Je parle surtout de la partie arbitrage. Je m’amuse vraiment, je voyage, je rencontre plein de personnes géniales et en plus, cela me permet d’avoir un petit revenu chaque mois grâce aux indemnités. En tant que joueuse, le hand représente plutôt un moyen de me défouler, de me vider la tête et de dépenser mon énergie.

L’Effervescent : Comment te sens-tu en tant que femme dans un sport tel que le handball ?

Laurine Doré : Je trouve que le hand est un sport relativement accessible aux femmes. Il est de plus en plus démocratisé et de nombreuses équipes, à petit niveau, sont présentes dans la région. En tant qu’arbitre, c’est un peu différent. En effet, être désignée sur des rencontres masculines n’est pas encore systématique et évoluer dans des niveaux plus importants est très compliqué dans la région. Cependant, avec mon binôme, Mélina, on commence à se faire notre place sur les terrains. D’ailleurs depuis environ cinq ans, un pôle féminisation a été mis en place par la ligue AURA. La responsable est une arbitre féminine.

 

“ Être désignée sur des rencontres masculines n’est pas encore systématique “

 

L’Effervescent : Y a-t-il plus de compétitions pour les hommes que pour les femmes ?

Laurine Doré : Oui, c’est encore le cas.

L’Effervescent : As-tu observé des changements en faveur des femmes ?

Laurine Doré : Depuis que j’ai commencé le hand, j’ai vu quelques changements concernant la place de la femme. Par exemple, quand je suis rentrée en section sportive au lycée, j’étais la seule fille. Je me suis un peu battue pour pouvoir passer les tests de sélection et faire ma place au milieu de tous ces garçons mais j’ai réussi ! Pendant deux ans, j’étais la seule fille. Il a fallu attendre ma terminale pour que la direction accepte enfin de prendre de nouvelles filles dans la section. Depuis, une équipe féminine est présente. En dehors de ce cas et du projet de féminisation, je n’ai pas eu la sensation de voir une évolution. Des démarches sont entreprises mais sans résultats probants à mon sens. Cependant, les matchs féminins sont quasiment autant retransmis que ceux des hommes depuis que les femmes performent au plus haut niveau mondial.

L’Effervescent : Comment te sens-tu en tant qu’arbitre pendant les matchs ?

Laurine Doré : En tant qu’arbitre, ça dépend des matchs. Globalement les joueurs masculins sont assez respectueux, mais comme nous sommes deux “ grignettes ” avec mon binôme, ils se permettent parfois d’avoir des comportements qu’ils n’auraient pas, je pense, avec des arbitres masculins, comme des contestations et des simulations. C’est difficile à dire car on ne les voit pas sur les autres matchs. Mais sur les retours que nous avons des différentes personnes que nous rencontrons, on nous félicite souvent d’être deux jeunes femmes sur des terrains au milieu des grands gaillards.

 

“ Je n’ai pas eu la sensation de voir une évolution ”

 

L’Effervescent : Penses-tu que la place des femmes est similaire dans les niveaux supérieurs ?

Laurine Doré : Plus on monte dans les niveaux, plus la femme arbitre est respectée et tolérée. En ce qui concerne la joueuse, pour avoir vu des gymnases pleins lors de matchs que nous avons pu siffler, je pense qu’homme ou femme, cela n’a plus d’importance. Pour ce qui est des inégalités, je ne me sens pas capable de juger.

L’Effervescent : As-tu des revendications pour améliorer la place des femmes dans le handball ?

Laurine Doré : Une chose toute bête : arrêter de penser que parce qu’on est une femme on ne pourrait pas faire comme les hommes.  Si on pense qu’on est capable alors on peut y arriver.  Aucune porte n’est fermée. Par exemple, si la section féminine de hand de mon lycée s’est lancée, c’est parce que nous avons été plusieurs à forcer les portes pour pouvoir réaliser les sélections, parce que nous croyons que le fait d’être une fille ne change rien.

Mali Nkoumou



Catégories :Le sport à Vichy

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