Si l’on sait que le sport est bénéfique pour les plus jeunes, on a souvent tendance à oublier l’aspect psychique de la question. Dominique Pacaud, psychologue au sein du Pôle Lardy de Vichy, nous éclaire sur le sujet.
Le sport est une part importante de la vie des plus jeunes, 69 % des 6-17 ans pratiquaient une activité sportive en 2015. – Photo : Pixabay
Existe-t-il des liens entre activité sportive et développement cognitif ?
Oui, bien sûr ! Ce lien existe, notamment au niveau de la mémorisation. Elle est plus développée et surtout plus efficace. Faire du sport permet, en somme, d’apprendre mieux.
Pour venir sur le terrain de plus en plus important de la santé mentale, est-ce que la pratique sportive joue un rôle pour sa préservation ?
On peut même parler de prévention ! Faire du sport réduit l’exposition au stress pouvant conduire à des états dépressifs même pour les plus jeunes. C’est d’autant plus utile pour les enfants à Haut Potentiel Intellectuel ou pour les hyperactifs. La pratique sportive réduit leur anxiété et ne peut être que bénéfique.
Vous parlez des enfants hyperactifs… Parfois, faire respecter des règles est plus compliqué avec ces jeunes. Le sport peut-il être une solution ?
Forcément, dans bien des cas, le sport pratiqué n’est pas dénué de règles que tous les jeunes doivent appliquer. Ce respect de la consigne permet aussi une meilleure intégration dans un groupe et plus particulièrement une équipe sportive. La notion d’objectif commun est aussi importante dans leur sociabilisation.
Justement, la socialisation passe aussi par le sport…
C’est obligatoire, les enfants qui pratiquent se retrouvent tout de suite dans de nouveaux groupes sociaux. Des groupes qui ne cessent de s’élargir avec le temps. Le sport permet d’y être préparé tôt pour ne pas être pris au dépourvu.
Quels sont les bienfaits du sport dans la vie personnelle des enfants ?
Là encore, le sport est très bénéfique. On parle de l’estime de soi. Gagner des compétitions sportives renforce la confiance en soi. C’est aussi un vecteur de confiance pour son apparence physique. Faire du sport, a fortiori à haut niveau, nécessite une bonne hygiène de vie. Plus tôt les enfants pourront commencer à pratiquer des activités sportives, plus tôt ils pourront intégrer de bons régimes alimentaires et réduire les risques d’obésité et de diabète auxquels la nouvelle génération s’expose de plus en plus. Donc oui, à l’échelle d’un enfant, les bienfaits sont éminemment visibles.
Malgré tout, le sport n’est-il pas un facteur pouvant déconcentrer les enfants de leur travail scolaire ?
Non ! C’est même plutôt l’inverse à vrai dire. On sait que le sport permet l’apparition de la neurogenèse, c’est-à-dire que pendant une activité physique le cerveau va produire plus de neurones qui vont se connecter entre eux. Cela a pour conséquence que leur sens logique va se développer plus rapidement. Faire du sport, cela peut être paradoxal, est plutôt une tendance chez les bons élèves.
Et comment cela se traduit-il concrètement dans la vie de tous les jours ?
On voit clairement le développement des bonnes habitudes chez les jeunes sportifs. Au-delà du régime alimentaire dont j’ai déjà parlé, c’est toute l’hygiène de vie qui est améliorée. Le sommeil est meilleur après une activité physique par exemple, la rigueur dans chacune de ses actions est aussi plus développée. Enfin, on sait que le sport permet d’être mieux organisé et notamment dans la gestion de son temps.
Loris Chair
La santé mentale est un enjeu mondial de santé publique. En témoigne le Plan d’action pour la santé mentale de l’organisation mondiale de la Santé (OMS). Celle-ci estime qu’une personne sur cinq connaîtra au cours de sa vie des troubles psychiques. Recouvrant des réalités très diverses, ces derniers sont une cause importante d’incapacité, d’isolement et d’exclusion que le sport peut aider à combattre.
L’activité physique est en effet un moyen naturel, accessible et peu onéreux apportant des bienfaits psychologiques à tous. Dès la petite enfance et jusqu’au troisième âge, elle permet d’entretenir l’esprit et le corps. Tout en participant à l’amélioration du bien-être, elle améliore les ressources psychologiques, sociales et environnementales nécessaires pour mener une vie source de satisfaction.
Développer la pratique du sport dès l’enfance
Pour qu’il soit intégré dans les habitudes des adultes en devenir, le sport devrait être pratiqué dès le plus jeune âge. Dans son rapport de 2003, l’Institut National Supérieur de l’Enseignement et de la Recherche Médicale (INSERM) avait déjà conscience de cet enjeu et donnait à l’école une importance dans la sauvegarde de la santé mentale des enfants. Dans ce rapport, il est possible de lire que “la mission confiée à l’école, en liaison étroite avec la famille, était de veiller au bien-être et à l’épanouissement physique, mental et social de l’élève”.
Ces domaines d’actions de l’école sur la santé mentale des élèves et leur importance pourraient être mieux appréhendés encore avec des activités physiques et sportives encore accrues lors du temps scolaire.
Amélie Joret
Catégories :L'Evenement, Le sport à Vichy
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