Le développement du sport féminin est une priorité pour les politiques locales comme pour les différents clubs du territoire vichyssois. Les intentions se heurtent parfois à une dure réalité…

« La section féminine a fermé cette saison par manque de joueuses », « Cette année il n’y a plus d’équipe senior », « Il n’y a plus de foot féminin sur la commune », « Pour pouvoir pratiquer mon sport , je dois aujourd’hui faire plus de trente minutes de route ». Les témoignages se suivent et se ressemblent, le sport féminin est à la traîne sur les bords de l’Allier. 

Pourtant triples championnes d’Auvergne, les féminines du SCAC (Sporting Club Amical Cussétois) Rugby de Cusset raccrochent les crampons cette saison. La génération à l’initiative de la section féminine arrive en fin de carrière rugbystique et la relève n’est pas présente : « Le projet de rugby féminin, c’est elles qui l’ont créé, le club a tout de suite adhéré mais c’est elles qui ont rendu ça possible », affirme Rémi Rieuf, président du SCAC Rugby. La présence d’une nouvelle section féminine senior au club de Lapalisse a poussé les dernières bouledogues de Cusset à quitter le club. « Le club mise sur la formation au sein de son école de rugby pour relancer une section féminine dès l’année prochaine avec une catégorie U15 », évoque Serge Thomarat, ancien entraîneur de la section féminine.

Même constat au niveau du football, une fin de cycle générationnel a provoqué la disparition d’une partie de la section féminine du Racing Club Vichy Foot. L’entente entre le club vichyssois et le SCAC Football de Cusset a pris fin à cause de politiques de développement divergentes : « Le SCAC n’investissait plus sur le foot féminin car il n’avait pas les moyens humains ou matériels à mettre à disposition du projet donc il y a eu une fin de collaboration mais sans frictions, ça s’est fait naturellement. L’objectif est de permettre aux filles de jouer en club », confie Guillaume Julie, responsable de l’unique équipe féminine du Racing Club (RC) Vichy Football. 

Photo : Milton Galvan – Pixabay

Un tel constat interroge sur le rôle que peuvent jouer les politiques locales pour venir en aide aux clubs. Les associations sportives comme le RCV Football ou le SCAC Rugby reçoivent des subventions de la part de leur commune. Le club choisit ensuite comment il organise son budget et donc la part qu’il alloue au sport féminin. « La mairie n’a pas à intervenir dans la politique sportive de l’association », déclare Johan Gougaud, directeur des services sports à la ville de Cusset. Développer le sport féminin est l’un des objectifs de Vichy Communauté. Afin de s’en donner les moyens, la ville de Cusset se penche sur une nouvelle grille de critérisation des subventions : « Notre futur tableau de critères accordera des points aux associations qui développeront et qui mettront en place un axe particulier sur le développement du sport féminin », explique Benjamin Bafoil, adjoint à la mairie de Cusset. Une initiative qui devrait offrir des moyens supplémentaires aux clubs afin d’assurer une politique de développement du sport féminin. En effet, pour l’instant, les communes comme Vichy ou Cusset donnent des subventions aux clubs selon le nombre de pratiquants, et ce sans distinction ; cela inclut donc le sport féminin. Une politique qui est pourtant défendue par certains clubs : « La politique du club est d’intégrer totalement le foot féminin, il est important pour nous de ne faire aucune distinction. Au sein du RCV Football, on offre la possibilité à nos joueuses U15 de performer avec les garçons à un plus haut niveau. Mettre en place des subventions particulières aux féminines desservirait notre cause », déclare Guillaume Julie, responsable de l’unique équipe féminine du RC Vichy Football. 

Le basket, fleuron du sport féminin 

« Au sein du club de la JAV amateur, nous avons deux équipes seniors, deux équipes U15, une équipe U13 et deux équipes U11 féminines. Cusset a trois catégories féminines : les U13, U15 et U18 tandis que Bellerive-sur-Allier possède une équipe U15 et une équipe senior féminine », lance fièrement Jordan Ceaux, responsable de la section féminine de la JAV. Un constat qui contraste avec celui dressé au niveau du football ou du rugby. 

Cette réussite du basket féminin s’explique par une politique de développement précoce. 

« Le club de la Jeanne d’Arc Vichy Basket a été créé en 1933 et dès 1970, le club a vu naître sa première équipe féminine », explique Franck Dufour, président de la JAV amateur. À l’image de la section féminine de rugby du SCAC ou encore du RCV Football, c’est à l’initiative des joueuses qu’elle a été créée, mais avec plus de quarante ans d’avance.

La politique de la Fédération de basket est un autre élément qui explique la réussite du basket féminin. « Il y a une forte volonté de la fédération de développer le basket féminin. Elle met en place une grosse communication et les bons résultats de l’équipe de France de basket féminin donne une vraie publicité », estime Jordan Ceaux.

Le sport féminin doit être patient, mais les ambitions de développement sont bel et bien présentes tant au niveau des politiques locales qu’au niveau des associations sportives.

Émilien Terme 

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