Depuis le début de la guerre en Ukraine, toutes les régions de France sont touchées par une baisse de production de granulés de bois. La pénurie a triplé les prix du combustible, en pleine crise énergétique.

En quelques mois, le prix des granulés de bois a triplé à la suite de la crise énergétique. Photo : Sacha Dubesset
“Avant la crise, on payait 300 euros la palette, aujourd’hui, on est aux alentours de 1 100“, expliquent Marilyne et Sylvain, propriétaire d’une maison équipée d’un poêle à granulés, près de Cusset (Allier). Après avoir choisi ce mode de chauffage pour sa simplicité et son confort, les deux quarantenaires ne s’attendaient pas à voir le prix des pellets (granulés fabriqués à base de sciure et de copeaux de bois) exploser en quelques mois : “On en avait marre de se chauffer au feu de cheminée, cela nous coûtait trop cher. Mais après l’augmentation des prix, l’addition est devenue salée.”
En 2021, il était possible de retrouver des sacs de granulés de 15 kg à moins de 5 euros sur le marché. Aujourd’hui, il faudrait débourser entre 10 et 15 euros pour se procurer un seul sac de ce combustible. Un constat qui s’explique par la crise énergétique et à l’inflation qui dure depuis plusieurs mois maintenant.
Une pénurie qui dure
La hausse des prix et la pénurie survenue cet été pour se réapprovisionner en granulés de bois sont dues à plusieurs facteurs. Tout d’abord, le contexte de la guerre en Ukraine a fait réagir les nombreux consommateurs de cette énergie “verte”. Un contexte géopolitique qui a affecté de nombreux secteurs, dont celui des pellets de bois. En 2021, la Russie, l’Ukraine ou encore la Biélorussie importaient plus de 26 % de leur production dans toute l’Union européenne. La conséquence : une offre qui chute et une demande qui s’affole partout en Europe.
Graphique montrant l’évolution du prix en euros d’un sac de pellets de 15 kg depuis 2013.
Les différents aléas climatiques subis en 2021 ont également eu une influence sur la production des petits combustibles. En effet, le taux d’humidité fut supérieur aux précédentes années, donnant ainsi un rendement plus faible et de moins bonne qualité. Il faudrait donc attendre 2023 pour voir la situation se stabiliser, que ce soit dans la fabrication ou dans le coût.
Cette crise a touché de nombreux fabricants de granulés de bois, dont certains en Auvergne-Rhône-Alpes. À Varennes-sur-Allier (03), l’entreprise 3bois avait publié en août dernier, ce message, sur son site internet : “Au vu de la quantité de commandes qui nous arrive, nous stoppons la nouvelle prise de commande afin d’honorer en priorité celles déjà en cours.” Avec la hausse de la demande, et le coût exorbitant des matières premières à cause du manque de sciure, l’usine n’a pas échappé à la pénurie et a dû trier la clientèle. Malgré de nombreuses sollicitations, l’entreprise n’a pas voulu répondre à nos questions.
Entre regret et satisfaction
Granulés qui tombent dans le foyer et ventilateurs en action, la chaudière de la commune de Billy, située dans l’Allier, a rallumé sa flamme pour l’arrivée de l’hiver. Le village a récemment changé son système de chauffage grâce aux aides de l’Union européenne. Le projet a débuté en juillet 2019 et s’est clôturé en juin 2021 avec un investissement global de 250 000 euros.

Le Maire de la commune de Billy, Patrick Séror, au cœur du sous-sol de l’école, devant la chaudière. Photo : Sacha Dubesset
Depuis, école, cantine, bibliothèque et mairie sont chauffées par la chaudière à granulés installée sous l’école. Avant, avec le fioul, des odeurs remontaient du sous-sol de l’école lors du remplissage de la cuve. “Aujourd’hui mise à part une petite panne, il n’y a pas de problème avec la chaudière, elle fonctionne très bien”, déclare Célia Mongaret, la directrice.
Pour la commune de Billy, l’objectif est de modifier sa consommation d’énergie fossile, en énergie plus propre afin de répondre à la transition énergétique. “Même si le prix des granulés à bois a augmenté, on devrait avoir une économie non négligeable”, explique le maire de la commune Patrick Séror.
Pour le moment, il n’est pas question de changer de mode de chauffage malgré cette hausse du prix. Tous les mercredis des techniciens vérifient si le silo est toujours plein, pour éviter la rupture. Après avoir rechargé son silo au printemps dernier, le village n’a pas eu besoin de passer commande depuis l’augmentation. La prochaine livraison devrait arriver en janvier et “le prix sera environ trois fois plus cher qu’il y a six mois”, déplore le maire.

Plan explicatif du système de chaufferie à granulés. Photo : Noémie Racaud
Claudette, habitante de Charmeil, a fait installer un poêle à granulés, il y a 3 ans. L’année dernière, elle payait encore le sac de 15 kg, quatre euros. “Cette année, en commandant au mois de juin, je le payais déjà six euros, mais maintenant ceux qui en cherchent le trouvent à 10 euros.” Avant cet investissement de 4 000 euros, l’octogénaire se chauffait au poêle à bois et aux radiateurs électriques. Durant l’hiver, elle compte bien se servir de son poêle à bois pour faire des économies, car si cette flambée des prix la met en colère, la retraitée comprend l’urgence de cette pénurie : “Je pense que beaucoup de personnes ne pourront pas se chauffer cet hiver.”.
Noémie Racaud et Sacha Dubesset
Catégories :Auvergne, L'Evenement
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