Lyon rejoint un grand nombre de métropoles françaises et annonce boycotter la coupe du monde de football au Qatar, qui débutera dans un mois. Comment expliquer ce choix et quelles réactions à la confluence du Rhône et de la Saône ?

Place des Terreaux, siège de la mairie de Lyon. Photo : Pixabay
Et une de plus ! Le 5 octobre dernier, la ville de Lyon a décidé de rejoindre Lille, Strasbourg, Marseille, Paris ou encore Bordeaux sur la décision de boycotter, à son échelle, la coupe de monde de football se déroulant du 20 novembre au 18 décembre prochain au Qatar. Ce choix correspond concrètement à ne diffuser, publiquement, aucune rencontre du mondial. Ainsi, aucun écran géant ne sera installé au sein de la commune. Une décision attendue et en concordance avec les autres métropoles citées plus haut. Il n’en est pas moins que cette décision force le débat sur son utilité et les possibles conséquences qu’elle pourrait engendrer.

Vue de la place Bellecour, principale Fan zone lyonnaise lors de la coupe du monde 2018. Photo : Pixabay
Ne pas diffuser publiquement de match est plus ou moins la seule initiative que les mairies peuvent prendre à leur niveau. Mais pourquoi la ville de Lyon et son maire Grégory Doucet (EELV) la prennent-ils à quelques semaines du début de la compétition ? Et surtout, comment les Lyonnais, qu’ils soient simples spectateurs ou réel passionnés, réagissent à cette nouvelle ?
Les raisons semblent assez claires. Ce boycott est la réponse au scandale humain et écologique que représente l’organisation de la coupe du monde au Qatar. Selon la mairie, “la ville de Lyon est profondément attachée aux droits humains et à la protection de l’environnement”. Présentées comme ses “valeurs cardinales”, Lyon ne transige pas dessus. Dans ce contexte, il semble évident que le Qatar avec ses stades climatisés en plein désert et son implication dans la mort de 6 500 ouvriers sur les chantiers ne sont pas forcément bien vus en terre rhodanienne. Pour appuyer cette décision, le maire de Lyon s’est exprimé au sujet de ce mondial de football qu’il qualifie de “contre-sens historique”. Il estime que ce choix de “ne pas en faire la promotion” est l’une des réponses à adopter. La situation et la position de la ville sont donc claires et fermes.
Un choix questionnable, selon les Lyonnais
D’un point de vue moral ou éthique, pas de doute : tout le monde s’accorde pour dénoncer les conditions d’organisation de cette coupe du monde de football 2022. Cependant, la décision du boycott de la diffusion des matchs par la ville ne suscite pas un grand engouement. D’abord par son utilité jugée assez relative. Martial, un passionné de foot lyonnais rencontré dans le 8e arrondissement, estime qu’avec sa programmation hivernale, “il n’est pas sûr que beaucoup de personnes quittent leur travail l’après-midi pour regarder des matchs dans le froid”. Pour Alain, un Lyonnais de 64 ans, “cette coupe du monde n’a aucun intérêt, surtout si elle est organisée au Qatar”, soyons franc, l’engouement apporté à la compétition n’est pas exceptionnel et tend à montrer que la décision de boycotter le mondial n’aura d’impact que sur les supporters. Enfin parmi les témoignages recueillis, une autre constante ressort : “Cela va-t-il pénaliser le Qatar ?” Le sentiment parfois ressenti est celui d’une mesure qui se trompe de cible et perçue comme un coup de communication plus qu’une réelle opposition au déroulé de ce mondial de football.

Devanture du bar-restaurant Frankfurt situé place Rouget-de-l’Isle dans le troisième arrondissement de Lyon. Photo : Loris Chair
Décalage horaire oblige, les matchs sont programmés en journée. Ces conditions de diffusion à l’esprit, on se doute que les foules n’auraient peut-être pas été très imposantes, même sans le boycott, pour assister aux différentes rencontres. Une autre hypothèse intervient alors, celle de la diffusion des matchs dans les bars. La question d’un possible boycott dans les établissements se pose pour les gérants. L’un d’eux, préférant rester anonyme, tient un bar place Rouget de l’Isle dans le 3e arrondissement de Lyon. Il explique qu’il préférerait suivre la décision de la mairie, mais qu’il ne pourra pas résister à un grand nombre de demandes au sein de la clientèle de son établissement pour certaines rencontres, notamment celles de l’Équipe de France. Si les établissements restent globalement flous et assez embarrassés devant ce choix, certains en France ont tranché contre la coupe du monde qatarie. Depuis début octobre un site recense les bars et restaurants qui refusent de diffuser les matchs du mondial. Pour le moment aucun établissement lyonnais n’y est inscrit. Il s’agira peut-être d’un moyen de repérer quelle est la position de chacun des lieux concernés à terme.
La question n’est donc pas réellement tranchée, à moins d’un mois du début de ce mondial. Malgré l’appel municipal à boycotter la coupe du monde, de nombreux lieux de diffusion potentiels se profilent. Une chose est néanmoins certaine, chez soi, chez des proches ou dans un bar, les chaînes de télévision ne se mêlent pas au boycott et diffuseront à partir du 20 novembre les rencontres de la compétition.
Loris Chair
Catégories :Auvergne
Laisser un commentaire