Le Parti socialiste a subi une débâcle historique pour une élection présidentielle. Mené par Anne Hidalgo, le parti a rassemblé 1,75% des voix. Une défaite attendue depuis plusieurs mois, mais dont il faudra se remettre pour le PS. Les législatives représentent un rendez-vous important pour sa reconstruction.

Le PS a réalisé le score le plus bas de son histoire lors de la présidentielle. Photo : Emilien Decelle
“Benoît Hamon a décollé pour mieux se crasher”, titrait Libération quelques minutes après les résultats du premier tour de la présidentielle de 2017. Avec 6,36% des voix, la défaite du candidat au PS était une “déroute” pour le journal de gauche. Au lendemain du premier tour de celle de 2022, les mots ne seraient pas assez forts pour qualifier la défaite d’Anne Hidalgo et ses 1,7%. Et les socialistes pourraient se rappeler avec nostalgie la débâcle d’il y a cinq ans. “Je sais que vous êtes déçus”, a déclaré la candidate à l’annonce des résultats. En dessous des 5% qui auraient permis de se voir rembourser ses frais de campagne, le parti à la rose doit se reconstruire. Pour cela, le chemin des législatives pourrait être celui à emprunter.
Un soutien de taille mais qui divise
Pour tenter de limiter la casse, Anne Hidalgo a bénéficié d’un soutien de taille. Contrairement à Valérie Pécresse qui attendait un signe de Nicolas Sarkozy, qui n’est jamais venu, la candidate socialiste a eu l’appui d’un ancien président de la République. François Hollande était en effet présent au meeting de la maire de Paris le 22 mars dernier à Limoges. Il lui a d’abord montré son soutien, en appelant à voter pour elle. Mais le locataire de l’Elysée entre 2012 et 2017 est venu voler la vedette à la candidate en sachant l’élection présidentielle perdue d’avance. L’objectif est simple : se préparer pour les prochaines échéances afin de récupérer ce qu’il reste du Parti socialiste. “Quoi qu’il advienne au lendemain du scrutin, et avant même les législatives, nous devrons prendre une initiative pour reconstruire la gauche aujourd’hui désincarnée. Nous avons besoin d’un grand parti, à nous de puiser dans notre histoire pour offrir le mouvement dont le pays a besoin”, avait-il déclaré. C’est justement François Hollande qui pourrait porter le PS de l’après-présidentielle. Sa candidature aux législatives est attendue pour la première circonscription de Corrèze.
Même si son soutien à un certain poids, sa présence lors du meeting de Limoges n’est pas vue d’un bon œil partout au sein du PS. “C’est assez inélégant de sa part d’enterrer la candidate à quelques jours du premier tour, a fortiori en sa présence. Fort heureusement, la direction et les militants ne l’ont pas attendu pour reconstruire un parti qu’il a laissé en ruines. Qu’a-t-il fait pendant cinq ans à part tirer contre son camp”, fustigeait un cadre du PS auprès de l’AFP. Des propos qui témoignent de la cassure au sein du parti. “On donne plus de place à ces ‘éléphants’, ceux qui se trimballent au Parti socialiste depuis des années. On ne peut pas les empêcher de parler. Mais ce que je voudrais, c’est qu’on entende plus la nouvelle génération et les maires des grandes villes”, s’exclame Aline Jeudi, première secrétaire fédérale du Parti socialiste dans l’Allier. “Ces figures-là doivent être des passeurs. Il y a une nouvelle génération de leaders de gauche à faire émerger”, ajoute Anna Pic, responsable du PS dans le département de la Manche.
Les législatives pour se relever
Paradoxalement, malgré cette déroute et un score historiquement bas, le Parti socialiste reste important à travers tout l’hexagone et est loin d’être enterré. Sur les 42 villes de plus de 100 000 habitants, 14 maires portent l’étiquette PS. Les 28 députés du parti ont également leur mot à dire du côté de l’opposition. Les législatives du 12 et 19 juin prochain seront donc un bon moyen de laver l’affront de l’élection présidentielle. Selon Anna Pic, “les législatives feront partie des échéances. Il y a quelque chose à construire pour avoir une proposition crédible à gauche”.
Pour ce faire, le PS a souhaité rassembler via ses personnalités importantes. Carole Delga, la présidente de la région Occitanie, l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve ou encore François Hollande, donc, devraient servir de points de ralliement. Et c’est en Corrèze que l’on attend un signe de vie de l’ancien président de la République. Les législatives devraient faire parler, du côté de la circonscription de Tulle/Ussel. Rien d’officiel pour le moment, mais sa présence est vivement attendue pour celui qui souhaite se relancer dans le monde politique, aidant dans le même temps le PS à sortir la tête de l’eau.
Avant d’envisager les législatives, le PS reste concerné par la fin de ces présidentielles. “Le Parti Socialiste appelle à mettre un bulletin Macron. On n’a pas d’autres choix que de faire barrage”, annonce Aline Jeudi. Anna Pic est aussi en accord avec ces propos : “Nous espérons nous retrouver avec un président républicain. Il faut avant tout faire barrage à l’extrême droite. C’est dans notre ADN. C’est la première chose qui nous préoccupe aujourd’hui.”
Emilien Decelle
Catégories :L'Evenement, Présidentielle
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