Lors du premier tour de l’élection présidentielle qui se tiendra le 10 avril 2022, les citoyens en âge d’aller voter seront invités à glisser le nom d’un candidat dans l’urne. Mais cela n’est pas toujours facile pour les personnes qui résident en Ehpad.

Le vote des personnes âgées vivant en Ehpad s’avère souvent compliqué pour certains établissements. D’autant plus que les seniors avec l’âge se désintéressent de la politique.
Les 10 et 24 avril auront lieu les deux tours de l’élection présidentielle. Les citoyens majeurs pourront ainsi déposer leur bulletin dans les urnes, y compris les seniors vivant en maison de retraite. Au Vert Galant et à la résidence des Lys, deux Ehpad basées à Vichy, différentes démarches sont mises en œuvre afin de ne pas exclure les résidents de leur droit de vote.
Un droit qui n’est pas mis de côté
“Le vote est quelque chose de très ancré chez nos résidents”, assure Stéphanie Chaudagne, cheffe d’équipe hébergement à l’Ehpad du Vert Galant. La plupart se tiennent au courant des différentes actualités via la presse ou la télévision. L’actualité politique n’échappe donc pas aux résidents qui ne sont pas atteints de troubles cognitifs. À la résidence des Lys, chaque matin un animateur tient au courant de l’actualité, permettant aux personnes âgées d’être au courant de la politique et de la campagne présidentielle.
Pour les plus valides, se déplacer aux urnes se fait via les familles qui viennent chercher leur proche afin de les accompagner aux bureaux de vote. Une démarche similaire pour la résidence des Lys. : “les familles sont tenues informées et se chargent d’accompagner leurs proches”, explique Julie Harrau, directrice de l’établissement. “On a aussi des animateurs chargés d’emmener les personnes autonomes jusqu’aux urnes”. Pour ceux qui, à l’inverse, ont des soucis pour se déplacer, ils effectuent une procuration. Le commissariat de la ville de Vichy se déplace au Vert Galant pour récolter la procuration des résidents qui le souhaitent.
Les personnes placées sous tutelle sont l’exception. Pour certaines d’entre elles, le vote leur est retiré car il est considéré qu’elles ne sont plus en état de pouvoir l’exprimer. La question est plus complexe pour les personnes ayant des troubles cognitifs, comme la maladie d’Alzheimer, et qui ne sont pas sous tutelle. En 2010, la fondation Médéric Alzheimer a réalisé une étude auprès de 5.690 établissements montrant que 54% d’entre eux avaient mis en place des mesures pour faciliter le droit de vote à ces personnes.
Mais 43% des établissements qui n’ont pas prévu ce cas de figure invoquent pour la plupart l’absence de compétence de l’EHPAD en la matière. “ Nous on n’a pas de personnes ayant des troubles cognitifs dans notre établissement, donc on ne se pose pas vraiment cette question”, constate Julie Harrau. Stéphanie Chaudagne, quant à elle, raconte le moment où une fille a insisté pour que son père atteint d’Alzheimer aille voter alors que ce dernier était gravement malade. “Pour ce cas-là, la question s’est posée de savoir si la personne était encore en état de s’exprimer.”
La politique n’est plus au centre de leur préoccupations
La plupart des seniors, se désintéressent au fur et à mesure de la politique y compris des élections présidentielles. Certains en raison de leurs troubles cognitifs et d’autres car cela ne fait plus partie de leur priorité. “Les résidents vont plus se poser des questions sur ce qu’ils vont faire de la journée plutôt que de se renseigner sur tel ou tel candidat”, explique Stéphanie Chaudagne. “Je suis sûr que certains ne savent même pas qui est le président actuel.” À la résidence des Lys la situation est la même, les résidents se détachent totalement de l’actualité et ne se sentent plus concernés par cette dernière. L’un des résidents du Vert Galant, explique qu’il ira voter même s’il doit voter blanc mais que la vie politique n’a plus grand intérêt à ses yeux. Sa femme en face de lui partage cette opinion. “A mon avis sur 80 résidents, maximum 15 voteront”, affirme la cheffe d’équipe d’hébergement de l’établissement.
Le problème qui se pose également est le manque de communication de la part des candidats envers les personnes vivant en maison de retraite. En 2017, certains candidats comme Benoît Hamon préféraient favoriser le vote des jeunes plutôt que celui de leurs aînés selon un article d’Europe 1. Lors des municipales par exemple, seul Claude Malhuret s’est déplacé au Vert Galant pour discuter avec les seniors de son programme. “Ici on ne reçoit aucun programme des candidats, les seuls courriers qu’on reçoit c’est ceux de SOS médecin”, s’indigne Stéphanie Chaudagne. “Si on ne demande pas qui veut voter, personne ne le fait, personne ne se déplace pour venir à leur rencontre.”
Antoine Calvez
Catégories :L'Evenement, Présidentielle
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