De la maladie de Lyme aux Jeux paralympiques de Pékin, le parcours du skieur Lou Braz-Dagand

Mercredi 2 février, Lou Braz-Dagand, skieur français handisport apprenait sa participation aux Jeux paralympiques de Pékin. Une consécration pour ce sportif paraplégique depuis sept ans, après avoir contracté la maladie de Lyme. Portrait.

La station de Tignes enneigée. Photo : Romain Graber - Flickr

La station de Tignes enneigée. Photo : Romain Graber – Flickr

Le 22 octobre 2014 est une date marquante et inoubliable dans la vie du jeune Lou Braz-Dagand, âgé de 19 ans au moment des faits. Une journée qui transformera le quotidien de cet adolescent à tout jamais. Une journée qui lui transmettra un fort caractère. Une journée qui lui donnera la force de conquérir les plus prestigieuses compétitions sportives, après avoir appris, mercredi 2 février 2022, sa participation aux Jeux paralympiques, à Pékin, dans la catégorie ski handisport.

Son handicap : une source de motivation

En cette période d’automne 2014, ce grand blond devient brutalement tétraplégique, puis, paraplégique, des suites d’une piqûre de tique ayant provoqué la maladie de Lyme dans son organisme. Ce jeune haut-savoyard se voit transféré à l’hôpital d’Annecy. Au lendemain de l’incident, ce dernier arrive à marcher, mais la maladie prend le dessus. Les sens de Lou sont gravement touchés. Il perd la vue, la parole, l’usage de ses jambes et celui de ses bras. « Les premiers jours, seuls mes orteils sont paraplégiques, mais cette sensation monte de trois centimètres toutes les 24 heures », témoigne-t-il. Avec des traitements lourds mais efficaces, Lou récupère seulement quelques mois après avoir contracté la maladie de Lyme : la vision, la parole ainsi que l’activité du haut de son corps. Seul point noir, d’importantes séquelles se font ressentir au niveau de ses membres inférieurs. « Je n’ai pas de sensations dans les jambes, celles-ci ne bougent pas, et je ne sens pas mes abdos du côté gauche », atteste-t-il.

Immédiatement, Lou accepte son handicap, en réalisant la chance de ne pas être mort et d’avoir rétabli l’usage d’un bon nombre de ses sens. Une nouvelle vie débute alors pour ce jeune adulte. « Je me suis dit : il faut aller de l’avant et se fixer chaque jour des petits objectifs. Tout était nouveau , j’ai dû tout réapprendre. Cette maladie et mon handicap m’ont apporté que du bonus. Je me suis découvert autrement, je constate davantage ce qui est bon pour moi et ce que je veux. Cela m’a aussi forgé un fort caractère », raconte-t-il. Sept ans après ce drame, Lou à présent devenu adulte, ne suit plus aucun traitement, « sauf celui du sport et particulièrement celui du ski alpin », explique-t-il avec le sourire aux lèvres.

L’objectif premier : pouvoir reskier

Lou Braz-Dagand a grandi entouré des montagnes, à Cusy (Haute-Savoie), petite commune située entre Aix-les-Bains et Annecy. Grâce à cet endroit calme et paisible, son enfance s’est parfaitement déroulée avec ses proches à ses côtés. Dès son plus jeune âge, Lou a pratiqué plusieurs sports comme le football, le vélo ou encore le ski. « Le ski alpin m’a directement séduit. Depuis l’âge de sept ans, je pratique essentiellement cette activité sportive. La vitesse et les sensations de glisse sont incroyables », développe Lou. 

 

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Après avoir contracté la maladie, l’objectif principal du jeune homme était sportif. « Mon but n’était pas de remarcher mais de reskier pour me sentir libre et retrouver ma passion », assure-t-il. Cinq mois passés depuis l’incident, en mars 2015, Lou ski pour la première fois avec son handicap. Il est accompagné par un fauteuil spécial ski, au Grand-Bornand. A cet instant, tout s’enchaîne pour ce garçon. Lors de la Coupe des 2 Savoie, en avril 2015, Lou est repéré par une personne de l’Équipe de France de ski espoir. L’année suivante, Lou intègre l’Equipe de France espoir de ski handisport. « Ce moment était fou, incroyable, extraordinaire », se remémore Lou.

Le palmarès de ses participations aux compétitions s’est élargi. Des Coupes Régionales, en passant par les Coupes d’Europe et Championnats du Monde aux Jeux paralympiques, Lou devient un sportif handisport de haut niveau. « Je vis ski, je mange ski, je dors ski. C’est une fierté de représenter la France », explique l’athlète. Ce dernier adopte la station de Tignes pour l’accompagner dans ses rêves et s’y installe. 

Participer aux Jeux paralympiques : une consécration

Pour chaque sportif de haut niveau, concourir aux Jeux olympiques ou paralympiques est une consécration. Les Jeux sont considérés comme étant la compétition sportive ultime. Lou s’est donné les moyens pour être sélectionné pour ces Jeux 2022. Les quatre à cinq entraînements par semaine, la préparation physique en salle et les participations aux stages de l’équipe de France rythment son quotidien. 

Ce dernier veille aussi à sa sécurité. Lorsque Lou est positionné sur son fauteuil de course, un seul ski de six centimètres de large est installé. « Avec un seul ski la stabilité est compliquée, la vitesse est folle. Je pilote une machine », indique le sportif. Cet athlète doit constamment muscler son corps afin d’être performant et n’avoir aucun problème physique. Cette musculature peut également l’assurer en cas de chute.

 

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Son objectif se réalise. Lou s’envolera pour la capitale chinoise le 25 février prochain et rêve de ramener une médaille dans ses montagnes natales. Il participera à cinq courses, réparties du 5 au 12 mars. « Je souhaite terminer mes courses en ayant tout mis en place pour produire une descente parfaite », indique-t-il. Ce jeune conseiller financier au Crédit Agricole des Savoie a trouvé dans le ski une source de motivation pour continuer de se battre et de « ne pas faire de ce handicap une faiblesse ».

Eva Zanotti



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