Il y a 77 ans jour pour jour, Anne Franck, figure de la Seconde Guerre mondiale, quittait ce monde devenant ensuite un véritable symbole. Son journal, classé comme le 19ème plus grand livre de l’Histoire du XXème siècle, n’a cessé de représenter par de simples mots l’opposition entre une enfant innocente et la barbarie nazie qui sévissait à cette époque. Retour sur l’histoire d’Anne Frank, devenue à elle seule, le symbole de l’assassinat de l’innocence.

Ses écrits n’ont pas fini de nous bouleverser. La jeune Anne Frank, sans même le savoir, a réalisé une œuvre reprise dans plusieurs dizaines d’adaptations : films, livres, vidéos… L’engouement autour de sa vie d’adolescente n’a de cesse d’intriguer de par sa terrible expérience. Au cours des 2 dernières années de sa vie, elle a été contrainte de se cacher dans une annexe de l’entreprise de son père en compagnie de 7 personnes afin d’éviter d’être déportée par les nazis. Cependant, l’histoire d’Anne Frank n’est pas toujours bien connue… 

La première raison expliquant le succès du journal d’Anne Frank est, sans nul doute, l’histoire racontée, qui est singulière et surtout sincère. Il est assez simple pour le lecteur de s’imaginer à la place de la jeune juive. Ses sentiments, ses contraintes, ses peurs, ses envies… tout est transmis au lecteur qui se retrouve dans une position intime, presque de confident. Le journal d’Anne Frank n’avait pas vocation à être publié. C’est Otto Frank, le père de la famille qui, après être revenu des camps de la mort (seul survivant), a fait le choix de partager les écrits de sa fille. C’est pour cette raison qu’une grande sincérité se dégage du récit : « Laissez-moi tranquille ! Laissez-moi enfin dormir une nuit sans tremper mon oreiller de larmes, sans que les yeux me brûlent et sans que la migraine me martèle la tête ! Laissez-moi disparaître de tout. Loin de ce monde… », écrit-t-elle notamment.

Le long de ses lignes, l’empathie s’empare du lecteur. Toute personne comprend qu’il s’agit d’une personne normale, subissant les horreurs de la guerre. Chacun lui ressemble, ce qui touche d’autant plus. Le lectorat auquel s’adresse le journal est assez large, les mots employés ne sont pas complexes et le cours de l’histoire est simple à suivre : Anne Frank nous raconte sa vie de manière chronologique. Tous les jours sont datés ce qui permet de toujours savoir quand se déroulent les faits.

Au cours des deux années passées dans « L’Annexe » de l’entreprise de son père, la jeune Anne fait preuve d’innocence : « Je ne pense pas à toute la misère mais à la beauté qui reste », rappelle-t-elle. Avec le temps, Anne Frank est devenue le symbole de l’innocence enfantine gâchée par la barbarie nazie. Elle constitue encore aujourd’hui une parfaite illustration de la vie simple et sans soucis que menait l’ensemble de la communauté juive avant la Shoah.

Une mise en avant certaine

Le Journal d’Anne Frank a su attirer les maisons d’édition tout comme les boîtes de production cinématographique. Publié la première fois sous le titre Het Achterhuis : Dagboekbrieven van 12 Juni 1942 – 1 Augustus 1944 (L’Annexe : Notes de journal du 12 juin 1942 – 1er août 1944) par la boîte d’édition « Contact Publishing » à Amsterdam en 1947, l’œuvre a ensuite connu un franc succès.

En 1952, Anne Frank : The Diary of a Young Girl (Anne Frank : Le Journal d’une jeune fille) par la maison d’édition américaine Doubleday & Company et la société britannique Vallentine Mitchell voit le jour et popularise l’histoire de la jeune fille dans le monde entier. Sa popularité inspire en 1955 la pièce Le Journal d’Anne Frank, mise en scène par Frances Goodrich et Albert Hackett. Ce n’est qu’en 1959 que l’histoire de l’adolescente sera adaptée à l’écran avec une version filmée de la pièce en question. Le livre est considéré comme l’un des piliers de la littérature de la Shoah et l’une des œuvres-clés du XXème siècle.

Entre livres, pièces de théâtre et films, Le journal d’Anne Frank acquiert un vif succès au fil des années jusqu’à devenir une œuvre mondialement connue. En tout ce sont 25 millions d’exemplaires du livre, traduit dans 70 langues, qui ont été vendu à travers le globe. De son côté, Otto Frank consacre le restant de sa vie au journal de sa fille. En 1963 il créera le Fonds Anne Frank de Bâle, une association qui détient les droits d’auteur sur les écrits d’Anne Frank. L’objectif est régulièrement de remettre une part des revenus à des œuvres caritatives (par exemple pour la lutte contre les discriminations et l’injustice, les droits des femmes et des enfants…).

L’ensemble des mises en scène de l’histoire d’Anne Frank contribuent à faire connaître le récit de la jeune fille, et donc à sensibiliser le public aux horreurs vécues par les juifs pendant la guerre.

De nouveaux rebondissement en 2022

En 2022, une enquête menée par l’ancien agent du FBI Vince Pankoke nommé “Cold Case Diary’‘ sur Twitter a révélé le nom de la personne ayant dénoncé Anne Frank et sa famille. Il s’agirait d’un certain Arnold Van Den Bergh, notaire juif à Amsterdam à l’époque des faits.

Ce dernier aurait révélé la planque de la famille Frank sous la pression des nazis, afin de sauver sa famille. Certainement par culpabilité, le notaire aurait même envoyé une lettre au père d’Anne Frank à son retour des camps de la mort dans laquelle il avouait être celui les ayant dénoncés. Cependant, personne ne sait pourquoi Otto n’a rien dit. Peut-être voulait-il protéger Van Den Bergh d’éventuelles représailles post-guerre. 

Le musée de la Maison d’Anne Frank s’est dit « impressionné » par l’enquête menée par le détective à la retraite du Bureau fédéral d’enquête Vince Pankoke, mais a souligné qu’une enquête plus approfondie était nécessaire. Aujourd’hui, le livre de Rosemary Sullivan Qui a trahi Anne Frank retrace les grandes étapes de l’enquête. Ce livre est désormais disponible en français.

Loïs Patton

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