Chaque année, de nombreux accidents surviennent sur les pistes de ski. Les événements de ces derniers jours, qui ont causé la mort à deux skieurs, relancent une nouvelle fois la question de la sécurité en montagne.

Les pistes de ski peuvent parfois être des lieux accidentogènes. Photo : MAXPPP
Très prisées, les stations de ski ne sont pas sans risques. Chaque année, sport de glisse rime parfois avec blessures. En l’espace de quelques jours, deux accidents de ski mortels ont été déplorés en Auvergne-Rhône-Alpes. Le premier concerne une petite fille âgée de 5 ans, d’origine britannique morte à Flaine, en Haute-Savoie, après avoir été percutée par un skieur. Le deuxième décès est celui de l’acteur français, Gaspard Ulliel. A son arrivée à l’hôpital, l’acteur était dans un état critique, causé par une collusion avec un skieur dans le domaine de la Rosière, en Savoie. Deux enquêtes sont en cours pour définir les circonstances des deux accidents.
Les accidents sur les domaines skiables ne sont pas nouveaux. Selon un rapport du système national d’observation de la sécurité en montagne publié en 2020, depuis 2008, une vingtaine de personnes meurent chaque année en France sur les pistes de ski. Et alors que ces deux accidents, qui ont coûté la vie à deux skieurs, attristent les stations de ski savoyardes, la question de la sécurité en montagne s’invite dans le débat.
Lors de la saison 2019/2020, environ 110 000 accidents traumatiques (avec blessures) ont été recensés, selon le rapport de l’Association Médecins de Montagne. Sur les vingt dernières années, le nombre annuel d’accidents traumatiques en France varie entre 130 000 et 160 000 en moyenne. Un nombre élevé qui varie selon les années. Alors phénomène courant ou isolé ? Les avis divergent. “Il n’y a pas plus d’accidents aujourd’hui qu’avant, tout dépend de la fréquentation et de l’enneigement. Par exemple, pour une année où il y a moins de neige et où nous allons utiliser beaucoup de neige artificielle, il peut y avoir plus d’accidents. C’est plus difficile de skier sur la neige artificielle et malheureusement c’est de plus en plus fréquent”, explique Paul Gate, pisteur secouriste à Val d’Isère, depuis 15 ans.
Chutes, collisions entre skieurs ou avec des obstacles…les causes des accidents sont diverses et variées. Les collisions représentent 10% des accidents de ski, selon l’Association Médecins de Montagne. Ces dernières sont peu sévères lorsqu’elles surviennent sur piste, les plus graves se produisent sur les hors-pistes ou lors de collisions avec des obstacles, selon un rapport de l’Ecole nationale des sports de montagne.
Source : l’Association des Médecins de Montagne
Entorse du genou, traumatisme crânien, rupture des ligaments… la liste des blessures les plus fréquentes sur les pistes de ski est longue. “Il n’y a pas de limites. Cela peut varier de la blessure bénigne au traumatisme extrêmement sévère”, explique Marc Pesas, moniteur à Val d’Isère. D’après l’Association des Médecins de Montagne, 27% des accidents amèneraient à une entorse du genou. Un simple virage mal engagé, des skis qui se croisent ou une chute peuvent suffire à tordre le genou. “La plupart des accidents surviennent à cause d’une faute technique personnelle (FTP). Le skieur n’a pas mesuré la distance, les obstacles, la trajectoire”, explique Laurent Souiller.
Faut-il porter un casque ?
L’accident de Gaspard Ulliel, survenu il y a quelques jours, relance le débat du port du casque obligatoire sur les pistes de ski. Bien que conseillé, il n’est pas obligatoire en France. D’autres pays européens ont mis en place cette obligation. C’est le cas de certaines provinces autrichiennes, de l’Italie ou encore de l’Espagne. Sur BFMTV, Jean-Marc Simon, directeur général du syndicat national des moniteurs de ski français, rappelle que “la loi ne fixe aucune indication en matière du port du casque”. Largement répandu sur les pistes de ski, le port du casque est tout de même au cœur du débat. Selon un rapport du système national d’observation de la sécurité en montagne, 73% des Français portent un casque contre 37% en 2011. Pourtant, malgré un chiffre en hausse, selon une étude, 35% des blessures à la tête pourraient être évitées si les skieurs portaient tous un casque.
Port du casque sur les pistes en 2019. Source : le système national d’observation de la sécurité en montagne
Dans les écoles de ski, le casque fait partie de l’équipement complet. Un moyen de faire entrer cette protection dans les mœurs. Alors pour ou contre l’obligation de porter le casque ? La question divise. “Effectivement, le casque reste une bonne protection mais le souci c’est qu’avec cette protection, les skieurs pensent qu’ils ne risquent rien. Ils pensent qu’ils peuvent aller plus vite”, explique Paul Gate. Même son de cloche chez Marc Pesas, “Ils se sentent plus en sécurité et font donc moins attention aux autres”. Pour d’autres, cette obligation est quand même une bonne solution pour éviter les accidents et protéger les skieurs. “Le casque incarne l’image de la sécurité”, déclare Valérie Goin, monitrice de ski à Val d’Isère.
Prévenir du danger
Pour avertir du danger et éviter au mieux les accidents, les pisteurs secouristes sont invités à faire de la prévention. Sensibilisation, panneaux, codes couleurs, tous les moyens sont bons pour protéger les rois de la glisse. “Le premier rôle du pisteur est d’éviter les accidents. Nous faisons de la prévention, avec des codes couleurs, de la signalétique pour prévenir des dangers”, explique Paul Gate. “Notre but est de ne pas surcharger les hôpitaux, alors nous faisons de notre mieux pour prévenir du danger et corriger certaines erreurs sur les pistes”, ajoute Laurent Souiller, responsable adjoint sécurité des pistes SATA 2 Alpes.
Casques, prévisions météo, respect d’autrui…les conseils ne manquent pas sur les affiches de prévention. “Je reste prudent sur les pistes, je contrôle ma vitesse et ma trajectoire et je respecte les autres skieurs”, conseille une campagne de sensibilisation, réalisée par le gouvernement, en décembre 2021.
Mais pour le personnel des stations, la prévention doit aussi s’accompagner d’un bon comportement de la part des skieurs. “Le souci, c’est le comportement des personnes. Ils s’engagent sur des pistes rouge ou noire alors qu’ils n’ont pas forcément le niveau”, explique Laurent Souiller. “Il y a deux catégories de skieurs : les skieurs qui font des courbes et les skieurs qui veulent tirer droit, qui veulent aller vite”, ajoute Marc Pesas. Ces deux catégories de skieurs se retrouvent très souvent sur les pistes bleues, les pistes les plus sujettes aux accidents. La raison ? “Les pistes noires ou rouges ne sont pas propices à la vitesse”, explique le secouriste, Laurent Souiller.
“Les skieurs qui recherchent de la vitesse vont donc se diriger vers les pistes bleues. Sur ces pistes, il y a de tout niveau et donc beaucoup de collisions” – Laurent Souiller, secouriste.
“Je pense que nous pouvons mettre en place des radars sur les pistes, sans forcément mettre des contraventions mais simplement en pénalisant les forfaits des skieurs par exemple. Nous pourrions aussi créer des bip pour prévenir quand nous allons trop vite”, propose Valérie Goin. Radars, pistes spécialisées pour la vitesse… des pistes de réflexion existent pour améliorer la sécurité des skieurs, mais pour l’instant aucun dispositif ne s’est généralisé dans les stations.
Eva Thomas
Catégories :Plus Loin
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