Pas à pas, la présidentielle se rapproche. Le dimanche 10 avril, les Français se rendront aux urnes pour le premier tour du scrutin qui désignera celui ou celle qui gouvernera la France. Mais dans la confidentialité des isoloirs, quels sont les facteurs qui influencent le choix des électeurs ?

Les élections se dérouleront du dimanche 10 avril au dimanche 24 avril. Source : Pixabay
L’année 2022 est décisive pour la politique française. Emmanuel Macron arrive à la fin de son quinquennat, il est l’heure d’élire celui ou celle qui sera chef d’État. S’il est désormais évident que les votes des électeurs sont influencés par leur catégorie socio-professionnelle et leur environnement, comment savent-ils qu’un candidat correspondra mieux qu’un autre à leurs idées ? Pour se faire une idée sur un candidat, plusieurs options : lire son programme, se fier à son image ou bien à son parti politique.
Selon une enquête de sociologie électorale du Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF), publiée en avril 2017 et reprise par Europe 1, les “propositions et les idées des candidats” influencent 88% des électeurs à faire leur choix. La personnalité des candidats vient ensuite avec 48%.
Le programme, le parti ou l’image ?
D’après un questionnaire créé et distribué dans le cadre de cet article sur une population de 50 électeurs, 40% affirment lire le programme de tous les candidats. Ils sont également 81,63% a déclaré privilégier le programme au moment de faire un choix contre 14,29 % qui préfèrent se concentrer sur le parti et 4,08% sur l’image. Les 50 personnes ayant accepté de répondre au questionnaire l’ont fait de manière anonyme et sont des étudiants ou des adultes insérés dans la vie active. Ils font tous partie de l’entourage de l’auteur de l’article.
“Je regarde les grandes lignes mais je ne me sens pas assez concerné pour autant étudier les programmes”, explique Jacqueline, ancienne adjointe au social en mairie qui ne lit pas tous les programmes. “Cette année, je ne sais pas pour qui voter. Cela ne m’était jamais arrivé”, poursuit-elle. Selon Maxime, 22 ans, lire les programmes est essentiel. “Avec les réseaux, les réputations sont telles que personne ne sait réellement ce qu’il propose dans leur programme”, déclare-t-il.
Pour cette raison et de par son expérience, Jacqueline qui va avoir 74 ans, se laisse d’abord guider par ses idées politiques. La première chose qu’elle regarde, c’est le parti. “Je pourrais voter pour le candidat d’un autre parti, s’il me semble meilleur que celui du parti que je préfère”, nuance-t-elle.
Un avis qui semble partagé ou avoir été partagé par la population ayant répondu au questionnaire. “Je votais pour un parti avant plus qu’un candidat ”, peut-on lire dans les réponses à la question : “Si vous avez déjà voté auparavant, votre technique pour choisir le candidat pour lequel vous avez voté a-t-elle changé ?”. Pour certains, cela dépend de l’importance de l’élection : “Pour les votes moins importants, je vote pour le parti.”
Concernant les partis politiques, les Français ne se focalisent pas que sur les informations concernant le parti politique dont ils sont le plus proche. Selon un sondage Ipsos réalisé juste avant les élections présidentielles en 2017 environ 7% des Français s’informent majoritairement sur les actualités qui concernent seulement leur parti contre 44% qui s’informe sur tous les partis. Un écart très important qui montre bien que les Français s’intéressent à la vie politique en général et ne se concentrent pas en particulier sur la vie de leur parti de prédilection.
Selon le questionnaire réalisé pour cet article, l’image est moins importante que le parti dans la prise de décision. Pourtant, dans la société actuelle, les candidats utilisent beaucoup les plateformes pouvant les mettre en avant, comme les réseaux sociaux ou la presse.
“J’écoute beaucoup les débats pour me faire une idée”, raconte Jacqueline qui préfère baser son choix sur les prises de paroles dans les émissions. Celle qui n’a jamais loupé une élection depuis qu’elle est en âge de voter, pense que la place que le candidat occupe dans les médias joue un rôle important. “Tout passe par l’image. Il faut que ses passages dans les médias soient réfléchis.”
“Si on voit trop un candidat, on sature.” – Jacqueline, 74 ans
Pourtant, selon le questionnaire de l’Effervescent, seulement 46 % des gens pensent que la place dans les médias joue un rôle. Les sondés s’expliquent : “Je ne m’intéresse pas spécialement aux grandes têtes présentes dans les médias. Il existe de nombreux candidats oubliés et il ne faut pas les mettre de côté pour autant.”
Pour certains, l’image donnée dans les médias ne représente pas réellement la vérité. “Je juge le candidat à son programme et non à ses prestations dans des médias, où beaucoup d’événements et de réponses sont calculées”, explique un sondé anonyme. Au contraire, pour Maxime, c’est un bon moyen de savoir comment réagit un candidat. “Selon comment elle gère ses débats a chaud on voit plus facilement si oui ou non elle n’est pas sujet à créer des polémiques”, analyse-t-il.
De nombreux sondés mettent en avant la visibilité et le temps de parole. “Dans la mesure où un candidat est plus présent que les autres dans les médias, il a plus de temps pour exposer son programme et insister sur certains ‘points clés’ de celui-ci et ainsi convaincre un maximum de gens, même si ça reste quand même de la communication. Il ne faut pas se le cacher.”
La beauté, une influence majeure ?
“Un(e) président(e) qui ne serait pas dans les critères de beauté, qui rentre dans les standards, ça ne me touche pas ”, déclare Maxime. Une idée que le professeur en sciences politiques, François Hourmant, nuance. “Lors de la campagne, les électeurs font face à une multiplicité de programmes. Il leur est difficile de faire le tri entre tous les projets. L’apparence d’un candidat peut faire office de raccourci pour effectuer un choix politique”, explique-t-il dans une interview pour Ouest France.
“En politique, l’image au sens large est devenue décisive dans les campagnes électorales”, développe-t-il. Il poursuit ses explications : “On attend du président de la République qu’il incarne à la fois une certaine autorité, l’image de la verticalité du pouvoir, mais aussi une certaine image de proximité, par exemple.”
Ses paroles font écho à certaines pensées de Jacqueline. “Je pense que la beauté peut attirer les gens. S’il a l’air sympathique, ça attire plus qu’une personne au physique revêche. Je ne voterais pas pour un candidat juste pour son physique mais la prestance est importante. Un président doit représenter la France”, conclut-elle.
Le sondage, un facteur décisif ?
Les sondages sont souvent la cible de critiques que cela soit de la part des électeurs ou même des candidats. Yannick Jadot, candidat à la présidentielle de 2022 pour le parti écologique, critiquait lors d’une conférence presse le 17 décembre les enquêtes d’opinion en affirmant que “les sondages se sont plantés à toutes les dernières élections”. Une impression partagée par une autre membre du parti, Delphine Batho, qui considère que “les sondages sous-estiment de manière récurrente le parti écologique”.
Interrogée par France info, Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine Epsiloon, explique qu’aujourd’hui il est encore difficile de déterminer exactement le rôle des sondages sur la population, du moins d’une manière strictement scientifique. Mais on peut quand même imaginer les effets que peuvent entraîner un sondage, comme par exemple le fait que beaucoup d’électeurs indécis votent pour le candidat en tête dans les sondages.
Pourtant selon une étude menée par le Centre de recherches politiques de Sciences Po en avril 2017, 67% des électeurs n’ont pas pris en compte les sondages pour le 1er tour de l’élection présidentielle. Seulement 10% de la population interrogée estime en avoir réellement tenu compte. Quant au questionnaire de l’Effervescent, il révèle que seulement 18% des personnes interrogées se pensent influencées par les sondages.
Swann Dalbera
Catégories :L'Evenement, Présidentielle
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