Réouverture des stations : après deux ans de galère, enfin un retour à la normale ?

Tignes, Val Thorens ou encore Val d’Isère toutes ses stations viennent de faire leurs grands retours. Après avoir subi une fermeture prématurée en 2020 puis une fermeture totale durant la saison 2020/2021 en raison de la crise sanitaire, les stations espèrent bien mettre fin à deux ans de galères.  

Une remontée mécanique. Photo : Pixabay

Une remontée mécanique. Photo : Pixabay

Neige et sourire sont au rendez-vous dans les Alpes. Malgré un risque d’avalanche très élevé à cause des récentes chutes de neige, les skieurs ont fait le déplacement en nombre pour regoûter au plaisir de la glisse. Ce ne sont pas les seuls heureux de cette réouverture. Il y a bien évidemment les acteurs de la montagne comme les maires, les saisonniers ou encore les restaurateurs ou hôteliers de stations. Car pour eux la situation difficile commençait à durer depuis bien trop longtemps. Depuis maintenant mi-mars 2020 aucune personne n’a pu fouler les pistes de ski. Une catastrophe sanitaire et économique qui a entraîné un événement que tout le monde de la montagne redoutait, la saison blanche. Et ce n’est pas l’or blanc qui manquait mais bien les touristes. Retour sur les étapes de ce coup de frein pour le monde de la glisse.

1- Les stations : premiers clusters en France 

Le lundi 17 mars 2020 commence une période qui va bouleverser le mode de vie des Français : le confinement. Le pays est complètement à l’arrêt pour essayer d’éradiquer la pandémie de coronavirus qui sévit très durement dans le monde. Les stations de ski sont dans l’obligation de fermer et les saisonniers sont complètement abandonnés. Le Covid-19 est malheureusement implanté depuis bien trop longtemps dans ces stations. La preuve, l’un des tout premiers clusters de France se trouve dans une station de ski, les Contamines-Montjoie (Haute-Savoie). 

Lucile, saisonnière en restauration à Courchevel, a pu constater le tout début de cette crise sanitaire. “Dans des stations comme Courchevel, le Covid était là depuis le mois de février, mais personne ne le disait.” Courchevel est une station internationale, grâce à ses palaces et son petit aéroport, des personnalités très connues du monde entier se sont dirigées vers la station pour passer des vacances. Ce grand mixage de personnes a créé un cluster géant dans la station et des personnes importantes, notamment des députés ukrainiens, auraient été touchés par le virus, comme le rapporte France Bleu. Pour Lucile, la situation a été très mal gérée. “Nous les saisonniers avons été mis à la porte, on n’avait plus de logement. Le confinement est arrivé à grands pas, on est donc tous rentrés dans nos familles. Malheureusement de nombreux saisonniers, dont je faisais partie, avaient attrapé le Covid-19 et ce retour dans la famille a participé à la propagation du virus.” 

2- Une catastrophe sanitaire suivie d’une catastrophe économique 

Outre la catastrophe sanitaire, c’est bien sûr une catastrophe économique qui a touché les stations. Un manque à gagner qui varie selon les stations mais qui peut atteindre des millions d’euros dans les plus grandes, rien que pour la fin de saison 2019-2020. Pour des stations comme Tignes ou les Alpes d’Huez, qui ont l’habitude de fermer leurs stations vers fin avril ou début mai, ce chiffre peut atteindre des sommes stratosphériques. Mais si les chiffres de la saison 2019-2020 sont déjà difficiles à digérer pour les acteurs de la montagne, ceux de la saison 2020-2021 sont bien plus difficiles encore, mais varient selon les stations.  

Selon un rapport du DSF (domaine dkiable de France) ce n’est pas moins de 120 000 emplois qui dépendent de l’ouverture des stations, que cela soit des exploitants de remontées mécaniques ou des saisonniers. Cela fait donc 120 000 personnes qui n’ont pas pu travailler durant la saison 2020-2021. Face à cette fermeture, les stations ont donc dû s’adapter. “On a misé sur d’autres activités telles que le ski de fond mais aussi les balades en chien de traîneau ou encore les balades en raquette”, explique Luc Stelly. L’adaptation a permis à de nombreuses stations de sauver les meubles. 

Exemple dans le Sancy, où, les chiffres sont restés plutôt positifs pour certains secteurs. “Touristiquement parlant, la saison 2020-2021 est loin d’être une catastrophe. Pour les vacances de février, on a eu un taux de remplissage de 76%, ce qui est très bien. Après il y a énormément de prestataires qui ont souffert notamment dans le monde du ski ou les restaurateurs qui ont essayé de survivre grâce à la vente à emporter”, précise Luc Stelly. Toujours selon lui, il faut savoir faire la distinction “entre le monde du ski qui englobe les moniteurs de ski, les entreprises de remontées, les loueurs de ski – secteur qui a été fortement touchés – et le monde du tourisme qui a pu continuer”. Il explique aussi que les stations de petits massifs s’en sont beaucoup mieux sorties car la plupart d’entre elles ne sont pas seulement dépendantes du ski alpin contrairement aux stations des Alpes où les touristes ne montent que pour skier. 

3- Un grand retour difficile 

Finalement après deux ans sans ski et après la déception de la saison 2021 où les élus des stations avaient tout tenté pour essayer d’ouvrir les stations, ce mois de novembre signe le grand retour des stations. La neige est au rendez-vous, tous les massifs ont été correctement arrosés, il y a plus d’un mètre sur les Pyrénées à partir de 2 000 mètres d’altitude, selon Météo France. Même les petits massifs, souvent dans des conditions d’enneigement difficiles à l’approche de Noël, ont été saupoudrés de dizaines de centimètres de neige. Mais alors que toutes les conditions semblaient être présentes pour fêter le retour du ski, quelques événements sont venus jouer les troubles fêtes.  

Le 25 novembre paraissait dans le Journal Officiel, le décret obligeant les skieurs à porter le masque et surtout d’avoir le Pass sanitaire sous peine de sanctions. Une nouvelle contrainte qui vient rendre le retour des stations un peu plus difficile. Ce qui est sûr c’est qu’il faudra encore attendre assez longtemps pour pouvoir retrouver le ski d’avant la pandémie. 

Autre problème qui était moins prévu et surtout qui est très dérangeant pour les stations, c’est le manque de saisonniers et le manque de temps pour former les nouveaux. Effectivement peu importe le massif, les annonces pour recherche de salariés se multiplient et de nombreuses restent sans réponse. “ C’est un problème qui peut arriver mais pas avec un degré aussi important”, explique le directeur de l’office du tourisme du Sancy. Plusieurs explications sont possibles pour expliquer ce manque de personnes. Pour Luc Stelly c’est un problème de fond avec de nombreux facteurs comme le logement du saisonnier et surtout la crise sanitaire qui “encourage” les saisonniers à se tourner vers d’autres branches de métiers plus stables. En attendant, cette problématique pourra être dérangeante pour les stations surtout en période de forte affluence comme les vacances d’hiver. 

Pour le moment les chiffres sont plutôt bons pour les vacances de Noël à Super Besse, les chiffres de février eux demeurent plus faibles, mais pas d’inquiétude pour Luc Stelly. ”On est très optimiste, on sait que les personnes attendent de voir l’évolution de la situation sanitaire pour réserver, c’est donc normal de ne pas avoir de bons chiffres maintenant.” Optimiste, le directeur de l’office du Tourisme du Sancy annonce des chiffres similaires aux années d’avant Covid L’enneigement est aussi très bon pour la période. Tout semble donc réuni pour retrouver une saison presque normale. 

Après presque deux ans sans ski, les Français pourront donc refouler les pistes, le monde du ski pourra enfin reprendre du service. Aujourd’hui la menace de nouvelles mesures plane tout de même sur les stations de ski, le variant Omicron pourrait d’ailleurs être un facteur déterminant dans le choix des nouvelles restrictions. Les stations de ski ne sont peut-être pas sorties de cette situation difficile.        

Gustave Pinard



Catégories :Auvergne

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