Animaux abandonnés : quand Noël n’est plus une fête

Alors que se profilent les fêtes de fin d’année, l’ambiance de Noël remplit les foyers et chacun essaie de trouver une bonne idée de cadeau à déposer sous le sapin. Certains font le choix d’offrir un animal de compagnie. Malheureusement, celui-ci est bien trop souvent abandonné peu de temps après. Un fléau qui se répète régulièrement, une fois que le père Noël est passé.

L'année dernière, 5 000 animaux de compagnie ont été abandonnés après les fêtes, selon la SPA.

L’année dernière, 5 000 animaux de compagnie ont été abandonnés après les fêtes, selon la SPA.

Chaque année en France, 100 000 animaux domestiques, principalement des chiens et des chats, sont abandonnés par leur maître. Un triste titre de champion d’Europe dans le domaine pour les Français. A Noël, c’est souvent cette issue qui attend de nombreux animaux, plutôt que des festivités. L’histoire contée par le film sud-coréen Nous, les chiens, récit de la quête d’une troupe de chiens abandonnés, se répète ainsi trop souvent après les fêtes de fin d’année.

Pourquoi les animaux ne sont pas des cadeaux de Noël

La magie de Noël pousse de nombreux parents à faire plaisir à leurs enfants. Pour certains, cela n’a pas de prix, alors ils font le choix de ne pas offrir un simple jouet, mais un animal à quatre pattes. Ce n’est qu’une fois le cadeau déposé sous le sapin qu’ils se rendent compte des concessions obligatoires lorsque l’on adopte un nouveau compagnon. “Il n’est pas question d’offrir des chiens ou des chats à Noël, c’est la plus mauvaise idée que l’on pourrait avoir”, alerte au micro de RMC Pierre Buisson, le président de l’I-Cad, le service d’identification des carnivores domestiques en France. “L’adoption d’un animal doit faire l’objet d’une discussion à travers la famille. Dans la plupart des cas, il y a un bon accompagnement familial mais il doit avoir été réfléchi. Cela ne doit pas être un cadeau, on ne reçoit pas un chien ou un chat comme cadeau.” 

Si un maître abandonne son animal de compagnie, il encourt des sanctions. Source : service-public.fr

Si un maître abandonne son animal de compagnie, il encourt des sanctions. Source : service-public.fr

La Fondation 30 millions d’amis lutte également depuis longtemps contre ce phénomène, et prévient “que l’animal n’est pas un produit de consommation.” Pour éviter que l’erreur d’offrir un animal puis de l’abandonner quelques semaines après ne se reproduise trop souvent, l’association a publié un article dans lequel elle dévoile trois conseils pour se décider, ou non, d’adopter un animal pour Noël. Il s’agitd ‘abord de “bien se renseigner”, par exemple sur la race de chien à privilégier en fonction de l’éducation qui sera nécessaire.

Il faut également “un pacte familial”, qui vise à prévenir toute la famille, en particulier les enfants, du temps qu’il faudra consacrer au nouveau membre de la famille. Enfin, 30 millions d’amis conseille d’adopter un animal dans un refuge plutôt que d’acheter un chiot dans un élevage. Reha Hutin, présidente de la fondation, justifie ce dernier conseil en assurant que les visiteurs d’un refuge auront dans tous les cas été “sensibilisés à la détresse de ces animaux qui, après avoir vécu en famille, ont été rejetés.”

Des responsabilités multiples

Divers acteurs sont responsables de ces abandons chaque année. D’abord, il apparaît clairement que le nombre d’animaux domestiques disponibles chaque année augmente. Les éleveurs continuent sans cesse de faire reproduire leurs animaux dans l’optique d’en vendre de plus en plus. Mathématiquement, les choses se compliquent. Une chienne fera dans sa vie une portée de cinq chiots par an en moyenne durant 6 années, selon le site spécialisé wamiz.com. La population de chiens dans les centres d’élevages devient logiquement quatre à cinq fois supérieure chaque année si rien n’est mis en place. Dans un article de PetaFrance, site de lutte contre les violences faites aux animaux, un journaliste affirme que “les éleveurs et l’industrie des animaux de compagnie sont les principaux responsables de cette crise parce qu’ils font naître davantage de chiots et de chatons alors qu’il n’y a pas assez de foyers prêts à l’adoption pour tous les animaux qui existent déjà”.

Le problème semble en effet se vérifier puisque la Société de Protection des Animaux (SPA) constate, dans la plupart de ses centres d’accueil, une augmentation du nombre d’animaux recueillis. Selon Frédérique Dambrine, bénévole à la SPA de Tarbes, les chiffres ne baissent pas : “L’année dernière environ 290 chiens et 330 chats nous ont été amenés. On remarque que c’est plus qu’avant. En ce moment, on a 50 chiens et 170 chats.” Un nombre qui inquiète au regard de la baisse de fréquentation des centres de recueils de l’association à la suite de la crise du Covid-19. “On est actuellement en train de recevoir de plus en plus d’animaux alors que l’on reçoit de moins en moins de monde”, déplore Frédérique Dambrine.

“Les personnes qui ne stérilisent pas leurs animaux sont également responsables”, souligne PetaFrance dans son article. “Certains peuvent penser que laisser leur chat ou son chien avoir ‘juste une portée’ n’est pas très grave, mais une seule portée peut rapidement engendrer des centaines voire des milliers d’animaux issus des générations successives qui en sont issues”, ajoute t-il.

Des solutions existent

Chaque année, la  (SPA) ainsi que l’association 30 millions d’amis mettent en place une campagne publicitaire importante. L’objectif : sensibiliser les Français sur l’impact d’un cadeau animalier. “La sensibilisation de la population est primordiale, mais il faut aussi donner l’envie aux français d’adopter des animaux qui ont eux-mêmes été abandonnés”, pense Frédérique Dambrine. Pour sensibiliser le grand public, des événements ont également lieu tel que le Noël des bêtes abandonnées à Nice. Le but de ce week-end est d’établir un lien de contact entre 200 animaux abandonnés et des personnes souhaitant avoir un animal de compagnie. Ainsi, certains trouveront un compagnon parmi des bêtes ayant déjà vécu un abandon et qui avaient besoin d’une famille.

Si la loi pourrait également réglementer la démographie annuelle maximale d’animaux dans les centres d’élevages, le parlement tout comme le gouvernement n’en font pas une priorité. “Les acteurs politiques n’ont pas su prendre la mesure du décalage entre cette opinion, ces connaissances et l’état du droit applicable aux animaux”, affirment dans leur projet les membres du parti animaliste français qui se veut être un parti mettant au coeur de sa politique la condition animale. Selon eux, les animaux doivent bénéficier de plus de droits par exemple.

Si les solutions ont du mal à se mettre en place, elles se mettent progressivement en place afin de valoriser notamment les animaux abandonnés ou en liberté plutôt que ceux provenant d’élevages. Au-delà de ces mesures, la prise de conscience de chacun semble être de très loin la clé d’une réelle avancée vis-à-vis de la cause animale.

Loïs Patton et Emilien Decelle



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