Le Premier ministre Jean Castex a annoncé que le port du masque sera obligatoire dans les files d’attente des stations de ski cet hiver. En Auvergne, les divers acteurs des stations du Sancy sont partagés.

La station de ski de Super-Besse espère retrouver la même affluence que l’année passée. Photo : Flickr
Les masques ne tomberont pas. Cet hiver, les skieurs devront obligatoirement le porter dans les télécabines, mais également en extérieur dans les files d’attente et les lieux de brassage, a annoncé le 6 novembre dernier le Premier ministre Jean Castex. Cette décision fait suite à la hausse des contaminations depuis quelques semaines dans l’Hexagone. Ainsi, l’objectif du gouvernement est de “garantir la tenue d’une saison digne”.
Une saison digne qui doit permettre aux stations de ski auvergnates de retrouver l’ensemble de son public. Les acteurs des stations de Super-Besse et du Mont-Dore, heureux à l’idée de reprendre leur activité, sont néanmoins partagés à propos du port du masque.

Les remontées mécaniques des stations de Super-Besse et du Mont-Dore ont perdu de l’affluence l’an dernier en raison de leur fermeture. Source : sancy.com
“On n’est pas inquiet”
Malgré cette obligation, les stations de ski du Sancy sont plutôt confiantes. “Le masque ne va pas inciter moins de personnes à venir parce que tout le monde le porte au quotidien. Ceux qui aiment la montagne et qui veulent aller skier, ils vont le mettre”, commente Suzie Malecki, monitrice de ski pour enfant au Mont-Dore.
Le directeur de l’office du tourisme du massif du Sancy, Luc Stelly, partage son point de vue : “Le masque ne sera pas pénalisant parce qu’il est maintenant rentré dans les mœurs. La décision a été prise tôt, c’est une bonne chose. On n’est pas inquiet sur ce sujet, les personnes le mettront.” Hélène Plisson, à la communication du téléphérique du Sancy, renchérit : “Le principal, c’est de pouvoir accueillir le public dans de bonnes conditions. La clientèle veut revenir et pouvoir skier parce qu’elle n’a pas pu le faire l’an dernier.“
Si le taux d’incidence national dépasse 200 cas pour 100 000 habitants, le pass sanitaire deviendra lui aussi obligatoire. Pour Luc Stelly, “l’annoncer avant serait bien. Les stations se sont préparées : s’il le faut, on le vérifiera à la vente du pass de ski. Les contraintes des personnes seraient plus fortes et les craintes plus importantes mais l’organisation ne fait pas peur car on saura gérer”.
Des interrogations sur son utilité
“S’il faut mettre le masque, moi je le mettrai sans soucis”. Suzie Malecki accepte la décision, mais remet en doute son utilité. “Le masque, tu le mets obligatoire dans les lycées, dans les magasins, dans tous les lieux fermés, je veux bien. Mais, le mettre obligatoire dans les stations de ski où on est dehors, je veux bien qu’on soit collé, mais on est en plein air.”
Elle ajoute un élément considérable : l’affluence des stations de ski. “C’est compréhensible que le gouvernement le mette obligatoire dans les stations de ski où il y a beaucoup de monde pour ne pas avoir des cas de covid, témoigne Suzie Malecki. Dans les Alpes et les Pyrénées, ils sont les uns sur les autres dans les files d’attente. Ça vaut le coup de mettre le masque. Dans les petites stations de ski comme Super-Besse, oui il y a la queue, mais il n’y a pas d’agglutinement de plus de 100 personnes.”
Pour la monitrice de ski, la clientèle des stations du Sancy n’est pas celle qui est le plus à risque. “La plupart des personnes qui vont faire du ski, qui vont prendre les télésièges et les télécabines, ce sont celles qui ont peu de facteurs de risques, remarque-t-elle. Certains auront peut-être un diabète ou autre, mais il n’y en a pas beaucoup. Il y aura peu de personnes âgées et très peu de personnes au-dessus de soixante ans sur la piste. Ils attendront leurs petits-enfants en bas des stations.”
“Ce n’est pas pratique”
Le masque, essentiel pour lutter contre le Covid, n’est pas vraiment ingénieux pour pratiquer tous les sports d’hiver. “Pour le mettre, il faut enlever ses gants, explique la monitrice. Ce n’est pas pratique. Imaginons, il pleut, il neige. Toi tu sors ton gant pour sortir ton masque pour pouvoir le mettre. Il va être trempé.” De son côté, Hélène Plisson présente des moyens alternatifs. “Il existe d’autres solutions, comme le masque intégré dans le tour du cou, ce qui permet d’éviter aux personnes d’être contraint par lui.”
La distanciation dans les files d’attente sera également imposée mais elle pourrait être difficile à tenir. “On a une distance d’un mètre grâce à nos skis, devant et derrière, mais sur les côtés on est collé”, raconte Suzie Malecki.
Les contrôles, “une petite contrainte”
Le gouvernement a également fait part de potentiels “contrôles aléatoires” dans les files d’attente. Luc Stelly est rassurant concernant l’organisation que devra mettre en place les stations de ski. “Pour contrôler le port du masque, on a déjà des contrôles de forfait, donc ça sera vérifié en même temps, complète-t-il. C’est une petite contrainte.” Hélène Plisson fait savoir que “la station n’est pas habilitée à sanctionner. C’est la police municipale et la gendarmerie qui sont intervenues cet été, ainsi que l’an dernier, donc ça sera la même chose cet hiver”.
Pour le directeur de l’office de tourisme, Luc Stelly, une saison réussie rime avec une “bonne fréquentation, la même que l’an dernier (75 %) avec la possibilité d’aller skier. Les Alpes ont été plus pénalisées que nous car les personnes viennent avant tout pour faire du ski. Chez nous, ils viennent pour l’ambiance de la montagne et les diverses activités”. Cette nouvelle saison devrait débuter d’ici début décembre pour le plus grand bonheur des skieurs et des acteurs.
Mathilde Albert et Séverine Bouquet
Catégories :Auvergne
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