Le Trodelvy, un nouveau traitement prometteur contre le cancer du sein triple négatif, est officiellement disponible en France depuis le lundi 1er novembre. Un espoir nouveau pour des milliers de femmes.

En France, ce sont 9 000 femmes qui sont porteuses du cancer du sein triple négatif par an.
Photo : Pexels/Anna Tarazevich
“C’est un jour rempli d’espoir pour les patientes françaises atteintes d’un cancer du sein triple négatif métastatique”, a annoncé Olivier Véran, le 1er novembre. Le Troveldy, un nouveau traitement prometteur contre le cancer du sein triple négatif, est désormais disponible en France. Le ministre de la Santé s’est félicité de la bonne nouvelle tout en précisant dans son communiqué de presse “que la France (était) le pays européen qui bénéficiait le plus de doses”.
Déjà disponible aux États-Unis et en Australie, cette nouvelle thérapie ne dispose toutefois pas encore d’autorisation de mise sur le marché européen. Jusqu’ici, seules les autorisations temporaires d’utilisation (ATU) nominatives avaient été accordées dans l’Hexagone, et quelques dizaines de femmes seulement avaient pu bénéficier du Trodelvy. Ce traitement redonne de l’espoir à des patientes qui sont 9 000 chaque année à être diagnostiquées.
Qui est éligible au traitement ?
Conçu par le laboratoire américain Gilead, Trodelvy consiste en un traitement par anticorps combiné à une chimiothérapie. Il s’adresse aux femmes atteintes d’un cancer du sein particulièrement agressif, dit “triple négatif”, métastasées et considérées en “échec thérapeutique” après avoir reçu deux autres traitements. Cette maladie constitue un groupe de tumeurs caractérisées par l’absence de récepteurs hormonaux (progestérone et oestrogènes) et de la protéine HER2 (régulant la multiplication cellulaire) à la surface de leur cellules.
Un sous-type du cancer du sein qui représente environ 15% des cas, soit 9 000 femmes par an. Un nombre déconcertant, mais dont les “options thérapeutiques pour le traiter sont rares et souvent peu efficaces”, rapporte la Haute Autorité de Santé. Ce type de cancer concerne des patientes qui ont souvent moins de 40 ans. Les risques de récidives sont quant à eux élevés, de l’ordre de 30% dans les trois ans qui suivent le diagnostic.
Si les femmes victimes de la maladie font face à un cas de récidive avec métastases, le Trodelvy pourra alors être proposé. Une offre qui pourrait ressembler àune seconde chance, même si “ la maladie est mortelle avec une survie globale médiane de 14 mois et demi, et un taux de survie à cinq ans de 11,3%”, souligne la Haute Autorité de santé.
“Ce n’est pas le médicament miracle, mais ce sont des mois supplémentaires donnés”
Coordonnée en France par l’Institut Curie, une étude internationale de phase 3 révèle l’efficacité du traitement Trodelvy. Démarrée en 2017, celle-ci a été menée sur 468 patientes ayant déjà reçu de nombreux soins palliatifs. Les résultats révèlent une “survie médiane sans progression de 5,6 mois”. Pas de guérison, mais la possibilité de vivre un peu plus longtemps.
Pour Rose Lison René, la présidente de l’association Une Pivoine pour l’Avenir, le Trodelvy “n’est pas le médicament miracle, mais ce sont des mois supplémentaires donnés. L’usage unique de la chimiothérapie ne suffit plus, on n’a plus le temps d’attendre.” Mise en place en mai 2021, l’association est née à la suite du diagnostic de la sœur de Rose Lison, d’un cancer du sein triple négatif. “Par notre association, nous souhaitons sensibiliser et soutenir les familles qui sont victimes de ce cancer si désastreux… Nous ne pouvons pas remplacer les professionnels de santé bien sûr, mais agir à notre échelle nous importe énormément”, exprime la présidente. Le nom de l’association signifie quant à lui, l’espoir et la recherche d’un avenir, certes court pour les patientes, mais meilleur.
La disponibilité du traitement en France est donc un avantage, “c’est une chance pour les patientes françaises qui ont l’opportunité d’en bénéficier plus précocement.” Un accès plus simple qui signifie aussi une économie d’argent pour les malades. “Etant donné que les traitements de chimiothérapies et immunothérapies ne suffisent pas, de nombreuses femmes se sont tournées vers des établissements privés. C’est beaucoup d’argent dépensé, et parfois pour des résultats qui ne sont pas convaincants”, explique Rose Lison René.
Les patientes françaises avaient déjà longuement attendu de pouvoir bénéficier du Trodelvy à cause de sa non-disponibilité, mais aussi de la pénurie de médicaments dont avait été victime le laboratoire américain en juin. Environ 600 femmes devaient le recevoir, mais le chiffre est finalement tombé à 78. La livraison en France du traitement devait initialement se faire en décembre 2021. Une date que le collectif #MobilisationTriplettes et le gouvernement français ont réussi à avancer.
D’autres pistes pour traiter la maladie
Dans un avis publié le 5 novembre 2021, la Haute Autorité de santé a accordé une autorisation d’accès précoce de mise sur le marché au médicament Keytruda. Ce traitement anticancéreux est administré “en association à une chimiothérapie dans le traitement des patients adultes atteints d’un cancer du sein triple négatif localement récurrent non résécable ou métastatique, qui n’ont pas reçu de chimiothérapie antérieure pour la maladie métastatique.” Contrairement au Trodelvy, seules les patientes qui viennent de se faire diagnostiquer et qui n’ont reçu aucun traitement peuvent être éligibles au Keytruda. Une “belle avancée pour toutes les femmes diagnostiquées” déclare la présidente d’Une Pivoine pour l’Avenir, “il faut pouvoir mettre toutes les chances dès le départ de la maladie pour essayer de la stopper même si des essais cliniques doivent encore être réalisés et que ce cancer est compliqué et se modifie.”

Les essais cliniques, pour trouver un meilleur traitement, continuent de se développer.
Photo : Pixabay/Jarmoluck
D’autres recherches continuent à se dérouler. Parmi les programmes en cours en France, l’essai clinique Mondrian de l’Institut Curie qui a démarré en juillet 2021, en incluant 214 patientes et qui devrait durer trois ans et demi. Celui-ci a été lancé pour pouvoir estimer rapidement si un cancer du sein triple négatif répond ou non à la chimiothérapie, et gagner ainsi du temps. “Cet essai est une première mondiale et couronne des années de recherche menées à l’Institut Curie”, se félicite le professeur et oncologue François-Clément Bidard, dans la revue.
L’institut Gustave-Roussy a de son côté initié le programme Compass en octobre 2021, dont l’objectif est d’évaluer l’efficacité de différentes combinaisons de traitements innovants. Le programme comprend plusieurs études cliniques qui vont permettre d’élargir l’accès aux stratégies thérapeutiques les plus efficaces. Pas moins de 200 patientes en rechute d’un cancer du sein triple négatif métastatique sont incluses dans la recherche.
Dépister le cancer du sein le plus tôt possible
La détection précoce s’avère particulièrement importante dans le cas du cancer du sein triple négatif car il est très agressif et à tendance à métastaser beaucoup plus vite que les autres types de cancers du sein. C’est pourquoi se faire dépister par son médecin traitant ou un oncologue est vivement recommandé pour débuter au plus tôt les chimiothérapies et autres. Un examen régulier et une autopalpation sont vivement conseillés.
Sibylle Beaunée
Catégories :Plus Loin
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