Le Clermont Foot 63 a déjà entamé un nouveau chapitre important de son histoire avec sa première montée en Ligue 1. Un accès à l’élite tout aussi important d’un point de vue économique. Droits télévisuels revus à la hausse, visibilité importante ou encore potentielles recrues plus faciles à séduire, accompagnent une montée en première division.

Le Clermont Foot a battu son record d’affluence au stade Gabriel Montpied le 26 septembre dernier lors du match face à Monaco, avec 11 529 supporters en tribunes. Photo : Gaël Bossu/L’Effervescent
Peu de temps après la montée du Clermont Foot en Ligue 1, en mai dernier, Christophe Lepetit, responsable des études économiques au Centre de droit et d’économie du Sport de Limoges, vantait déjà les mérites budgétaires de ce nouvel échelon. Dans les colonnes de La Montagne, il déclarait : “Il y a d’abord le saut économique que permet l’accession, puisque les budgets sont sans commune mesure.” Et en effet, le club récemment promu possède aujourd’hui, dans l’élite, un budget atteignant les 25 millions d’euros.
La saison précédente, alors que Clermont était en Ligue 2, il ne s’élevait à guère plus de 10 millions. A titre comparatif, le porte monnaie le plus rempli de l’antichambre de la Ligue 1 appartient au Toulouse FC, et contient quelque 20 millions d’euros. Le budget moyen des clubs de la division inférieure est lui d’environ 11,5 millions d’euros, soit moins de la moitié de la récente fortune du Clermont Foot. Et pour cause, les droits télévisuels sont excessivement plus élevés en Ligue 1.
Les droits télés et le “prestige” de la Ligue 1
Contrairement à d’autres sports comme le rugby, au football, le revenu principal des clubs est assuré par les droits télévisuels. Ces droits en sont de l’ordre de 40% sur l’année 2019, explique à L’Effervescent Luc Arrondel, économiste spécialiste du ballon rond. “Entre ligue 1 et ligue 2, ce pourcentage ne diffère que très peu, mais les sommes, elles, changent du tout au tout”, assure-t-il. Jean-Pascal Gayant, lui aussi économiste spécialiste du sport, ajoute : “Si on observe les chiffres de 2019-2020 livrés par la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion), les droits TV de Ligue 1 sont 6,5 fois plus élevés que ceux de Ligue 2.” On parle de 690 millions d’euros dans l’élite contre 105 millions pour la division inférieure, montant que se partagent les 20 clubs de chaque championnat.
En arrivant en première division, un club voit donc son budget augmenter considérablement, simplement grâce à ce critère. Mais les droits TV ne sont pas les seuls piliers des économies des clubs français.
Quid des revenus commerciaux et de la billetterie ?
Une montée dans l’élite apporte toujours son lot de bonnes nouvelles. Parmi elles, des supporters heureux, une attractivité et un attachement au club en hausse. Mais, il y a surtout l’arrivée de nouveaux sponsors, ramenant plus d’argent, et la hausse de la vente des produits dérivés. Toujours selon les chiffres de la DNCG, les revenus commerciaux (sponsoring, ventes de maillots…) représentent environ 20% du budget des clubs de Ligue 1, contre 11% pour la billetterie. Ces deux données cumulées ont donc une certaine importance dans le bon état de santé économique des clubs, même s’ils ne sont pas à la hauteur des droits télévisuels. Ainsi, grâce à “l’effet Ligue 1”, le nombre de maillots vendus à la boutique du stade a été multiplié par 2. “L’année dernière, on en avait vendu 1 500 et là, en trois semaines, on a déjà dépassé les 700”, raconte sur France 3 Raphaël Vaz, le responsable de la boutique.
En plus de ces augmentations – qui rapportent gros au club – les tribunes de Montpied, l’antre du club, se ravivent de rouge et bleu. Depuis le début de la saison, le club auvergnat a, pour la première fois de son histoire, annoncé son enceinte à guichets fermés et l’affluence moyenne a plus que triplé comparé à 2019 (11 314 spectateurs, en moyenne, en 2021 contre 3 370 il y a deux ans).
Toutefois, l’économiste Jean-Pascal Gayant rappelle qu’il est important de relativiser ces données. “Selon le potentiel du stade et celui du bassin de population, la progression des recettes les jours de match peut considérablement varier. Mais il ne faut pas surestimer le potentiel des recettes de billetterie, en Ligue 1 comme en Ligue 2.” En effet, celles-ci ne représentent pas la plus grosse part du budget d’un club.
Opération séduction
Monter en première division, c’est bien ; y rester, c’est mieux. Ce constat pourtant simple pousse présidents et entraîneurs à rivaliser de solutions pour se maintenir dans l’élite. Se maintenir est en effet synonyme d’un budget plus conséquent et donc de recettes plus importantes. Plusieurs stratégies permettent, sur le papier, de pouvoir éviter la relégation. De son côté, Luc Arrondel estime qu’il n’y a pas mieux que “d’effectuer un bon mercato”. Il insiste : “Les performances sportives s’expliquent par la masse salariale. Plus on a d’argent, plus on a de chances d’avoir de bons joueurs, et ainsi de rester en Ligue 1. C’est un cercle vertueux, mais il y a énormément de concurrence.”
La Ligue 1 a également son prestige, et l’ascension de Clermont a par exemple pu aider à convaincre l’attaquant Mohamed Bayo de rester au club, et même de prolonger son contrat jusqu’en 2024. Le Guinéen, auteur de 22 buts avec le club auvergnat dans la division inférieure la saison dernière, était pourtant courtisé par des clubs plus huppés comme les Girondins de Bordeaux. Le mercato clermontois s’est également davantage internationalisé, avec les arrivées d’Oriol Busquets en provenance de Barcelone ou même de Jean-Claude Billong alors évoluant en Italie, à Benevento.
Avec des performances souvent séduisantes et une récente victoire de prestige face à Lille, champion de France en titre, et une actuelle 15ème place au classement, Clermont espère se maintenir, et ainsi trouver un équilibre dans sa situation économique. Avec déjà cinq défaites en douze matchs, la tâche ne sera pas aisée.
Kelman Marti et Emilien Decelle
Catégories :Auvergne
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