En octobre 2020, le prix du litre d’essence était de 1,33 euro. Actuellement, les prix sont en pleine augmentation en France, en moyenne à 1,65 euro le litre. Les habitants d’Auvergne-Rhône-Alpes ainsi que les distributeurs s’indignent et cherchent à contourner cette inflation.

Les prix de l’essence et du gazole battent des records ces dernières semaines. Photo : Audrey Faure
Le prix du baril de Brent (le pétrole brut de référence) est reparti en hausse avec la reprise de l’activité économique. Si la crise sanitaire avait calmé la flambée des prix en 2019, aujourd’hui la demande de pétrole explose dans le monde. « En quelques mois le prix de mon plein est passé de 63 euros à 73 euros, soit 40 euros de plus par mois », affirme Stéphane, habitant en Savoie. « Si les prix continuent d’augmenter, pour les personnes à faible revenu, dépendantes de la voiture, ça risque de devenir catastrophique. »
Pour certains retraités, les déplacements sont leur seul plaisir et ils ne comptent pas y renoncer. Pour la plupart des actifs, réduire les déplacements est impossible. Lena, qui vit dans l’Ain, effectue chaque jour 50 minutes de route pour aller travailler. « À la campagne, nous sommes oubliés. Ici, il n’y a pas de transport en commun. Je ne peux pas réduire mes déplacements. Je pense que beaucoup de français sont dans mon cas ! » En Auvergne-Rhône-Alpes, on cherche donc des solutions. Que ce soit les distributeurs, les automobilistes ou encore le Conseil régional, tout le monde met la main à la pâte.
Leclerc veut « faire flancher le gouvernement »
L’enseigne de grande distribution E.Leclerc a lancé une opération nationale pour pallier la hausse des prix du carburant. Jusqu’au 30 octobre, le carburant sera vendu à prix coûtant. Les stations suppriment leurs frais de transport du prix final. Cette opération répond en fait aux déclarations de Barbara Pompili, ministre de l’Écologie, qui demandait aux distributeurs de « faire un geste en réduisant leurs marges », le 12 octobre dernier. Selon la responsable de caisse de la station E.Leclerc à Enval (Puy-de-Dôme), l’objectif de Michel-Édouard Leclerc est de « faire flancher le gouvernement pour qu’il baisse les taxes ».

Lundi 15 octobre, on trouvait du gazole à 1,639 €/L dans une station essence puydômoise. À quelques kilomètres d’ici, la station Leclerc Enval le vendait à seulement 1,506 €/L. Photo : Audrey Faure
En effet, près de 60% du prix du carburant correspond aux taxes prélevées par le gouvernement. « C’est l’État qui a les leviers », estime Michel-Édouard Leclerc, président du comité stratégique des centres Leclerc, au micro de RTL. « On est blindé ! Tout de suite j’ai trois voitures par pompe, sachant qu’on a douze pompes », explique la responsable de caisse de la station d’Enval. La fréquentation des grandes chaînes de distribution explose et celle des Leclerc encore plus. Aux dépens des autres stations, constate Christine, pompiste en Ardèche : « Les gens cherchent d’autres stations essence, moins chères. On a une forte perte de clients. »
L’argument écologique ne passe plus
La Région Auvergne-Rhône-Alpes s’est réunie, jeudi 14 octobre, à l’occasion d’une assemblée plénière. Il a été décidé de renouveler la baisse de la part régionale dans la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), taxe que l’on retrouve dans le prix du carburant. Cette baisse est actée depuis 2018. Pendant que les Gilets jaunes protestaient face à la hausse des prix, Laurent Wauquiez, président de la Région, avait répondu à la crise en diminuant de 20 % la part de la région dans la TICPE.
Un choix réitéré ce mois-ci alors que les prix du carburant battent des records. Concrètement, la Région récupère seulement 0,58 euro pour un hectolitre d’essence au lieu de 0,73 euro, le maximum autorisé. Pour le gazole, elle collecte 1,08 euro pour un hectolitre contre 1,35 autorisé. L’Auvergne-Rhône-Alpes se sépare finalement de 17 millions d’euros chaque année pour aider ses habitants dans leurs déplacements. Mais en définitive, cette baisse ne représente qu’une économie de trois ou quatre euros par an et par voiture.
Les conseillers régionaux ont voté quasi-unanimement pour le maintien. Seuls les écologistes ont déposé un amendement pour revenir à la part maximale et investir les 17 millions d’euros ailleurs. Une position vivement critiquée par le président de la région : « La première chose que propose l’opposition, c’est d’augmenter les impôts. Il ne faut quand même pas avoir froid aux yeux pour le proposer à un moment où jamais le prix de l’essence et du gazole n’ont été aussi cher dans notre pays. » L’amendement a rapidement été écarté.
L'opposition n'a pas froid aux yeux pour proposer d'augmenter la taxe sur les carburants alors que les prix à la pompe n'ont jamais été aussi élevés.
Je ne vous laisserai pas augmenter les taxes sur les ménages de notre région. Nous maintenons la baisse de 20% de la TICPE. pic.twitter.com/voQJrpBXPd— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) October 14, 2021
D’après le Savoyard Stéphane, « d’ici quelques années, les Français ne pourront plus rouler en voiture essence car cela sera trop cher. Si l’objectif est de tendre vers l’électrique, les classes moyennes n’auront pas les moyens ». Depuis quelques années, les voitures diesel sont pointées du doigt. Elles étaient déjà les vilains petits canards lors de la création des vignettes Crit’air, qui classaient les véhicules par taux de pollution en 2016. Comme partout en France, la région Auvergne-Rhône-Alpes n’échappe pas à l’augmentation des moyens de transports électriques. En mars 2021, la région comptait 30 bornes de recharge électrique pour 100 000 habitants.
Si cette fois, l’augmentation du carburant n’est pas la conséquence de mesures environnementales, les Français restent sceptiques et ont peur de la hausse des prix. Dans les rues de Vichy, plusieurs personnes s’exclament : « Elle a bon dos l’écologie, au bout d’un moment cette excuse ne passe plus. » Tout ce que l’on peut affirmer c’est que pour le moment l’augmentation des prix du carburant combiné à celui du gaz ne fait pas bon ménage dans le cœur des Français.
Audrey Faure et Laura Guigue
Catégories :Auvergne
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