Après trois mois de propositions citoyennes, la plate-forme organisera mi-janvier une primaire avec les candidats ayant accepté d’y participer.

Les 10 personnalités en pôle position pour le second tour de la Primaire populaire. Photo : capture d’écran La Primaire populaire
Ils auront été 130 000 citoyens à parrainer des personnalités politiques et citoyennes pour la Primaire populaire. Mardi 12 octobre, la plate-forme citoyenne a révélé les noms des dix candidats, cinq femmes et cinq hommes, qui ont été plébiscités par les votants. Ils ont trois mois pour se déclarer candidat à cette primaire. Les conditions pour y participer sont simples. Il faut avoir dépassé la barre des 500 parrainages et adhérer au socle commun, le programme commun des candidats. Du 13 au 16 janvier 2022 se tiendra le vote, à jugement majoritaire, en ligne ou dans des bureaux de vote situés partout en France. Le candidat obtenant la médiane de mentions la plus haute sera alors désigné comme le candidat officiel de la Primaire populaire.
De quoi s’agit-il ?
La Primaire populaire est une initiative citoyenne ayant pour but de désigner un candidat commun pour la présidentielle 2022 à gauche. En s’appuyant sur un socle commun de dix propositions, l’initiative veut rassembler la gauche. Allant d’une loi de transition agricole, une hausse du SMIC, une revalorisation des salaires de la santé ou encore la mise en place d’une convention citoyenne pour réfléchir à l’avenir de la République, les propositions du socle commun sont larges.
Le collectif Rencontres des justices a lancé la primaire grâce à une organisation nommée “2022 ou jamais”. Mathilde Imer, à l’origine de la Convention citoyenne pour le climat, en est sa vice-présidente. La Primaire populaire a récolté plus de 250 000 euros via un financement participatif et plus de 130 000 personnes ont signé l’appel institué par l’initiative. L’appel doit pousser les dix candidats potentiels, choisis par parrainage, à participer à la deuxième phase, lors du vote. Ce n’est pas la première fois que des citoyens souhaitent faire émerger un candidat pour l’élection présidentielle. En 2017, Laprimaire.org avait désigné Charlotte Marchandise comme candidate. Elle n’avait pas pour autant réussi à récolter les 500 signatures exigées pour se présenter au premier tour.
Mais qui sont les finalistes ?
“Nous, présidentes” est le slogan d’Anna Agueb-Porterie, candidate à la Primaire populaire. La jeune femme, originaire des Pyrénées-Atlantiques, porte un projet d’écologie sociale et de démocratie directe. La cofondatrice de l’association Notre Maison Brûle justifie sa candidature auprès du site Candidat.e.s Citoyen.ne.s : “On en a marre d’être représentés par les mêmes personnes.” Déjà portée par son association qui milite, informe et forme les citoyens au danger industriel, la candidate se dit clairement écologiste. En dernière année d’un master Politiques Publiques en Action humanitaire internationale, elle accompagne des personnes de milieux populaires à s’organiser, revendiquer et se battre contre les injustices. L’éducation populaire est partie intégrante de son programme pour la présidentielle.
Ils sont trois de la France Insoumises à avoir été présélectionnés par la Primaire populaire mais Clémentine Autain est la seule femme. Connue pour son parcours féministe, elle rejoint Jean-Luc Mélenchon en 2012 en devenant porte-parole de ce dernier lors de la présidentielle. En 2020, elle est choisie par son parti pour porter le projet de la France Insoumise aux régionales en Ile-de-France. Elle termine 6e et récolte 10,23 % des suffrages exprimés. Clémentine Autain ne souhaite pas se présenter à l’élection présidentielle et soutient Jean-Luc Mélenchon. “Il est le seul à pouvoir déjouer le duo Macron-Le Pen”, explique-t-elle dans le magazine Talk du Figaro. “Ce que je constate, c’est que dans les enquêtes d’opinion, il est toujours en tête à gauche, quelle que soit la configuration”, ajoute-t-elle. Difficile donc d’imaginer que la députée acceptera de participer à la Primaire populaire.
Economiste et chercheur au CNRS, Gaël Giraud plaide pour une économie recentrée sur l’état de droit. “Il faut désacraliser le pouvoir et réguler sans états d’âme les marchés financiers”, explique-t-il au magazine Usbek & Rica. Candidat non déclaré à la Primaire populaire, il a créé la surprise en étant, pendant l’été, la troisième personnalité la plus plébiscitée par les votants. Il propose en juillet 2021 douze mesures aux futurs candidats à la présidentielle. Ainsi, il défend une protection sociale alimentaire, la création d’une banque publique de l’eau ou encore l’instauration d’un rapporteur citoyen pour porter les souhaits de la société civile dans les instances de fabrication de la loi. Dans Libération, Gaël Giraud se réjouit du processus proposé par la Primaire populaire : “Cette initiative est capable de renouveler la donne, loin des guéguerres de partis.” L’économiste, proche des jésuites, pourrait être le symbole du retour des chrétiens de gauche comme l’écrit l’Obs.
Anne Hidalgo est déjà en campagne. Candidate à la présidence de la République depuis le 12 septembre, la Parti socialiste l’a choisie comme sa candidate lors d’un vote des militants le 14 octobre. La maire de Paris porte un programme “pour bâtir une France plus juste”. Elle a exprimé son souhait de baisser les taxes sur le carburant, ou encore de doubler le salaire des enseignants. Sa candidature ne semble pas pour autant rassembler à gauche : elle stagne autour des 5% dans les sondages. Elle s’était dite défavorable à quelconque primaire en mai dernier dans le JDD : “Je ne suis pas favorable à une primaire. Une primaire à l’américaine s’adresse à tout le corps électoral. En France, ce n’est pas la même logique : elle mobilise surtout les militants ou les sympathisants.”
Candidat à la présidentielle pour la Primaire des écologistes, ayant récolté 51,03% des votes, Yannick Jadot fait aussi partie des dix candidats en lice pour la Primaire populaire. L’eurodéputé, activiste à Greenpeace France, est déjà porté par les citoyens après cette première expérience démocratique. Avec un programme orienté autour d’une “écologie de gouvernement”, il représenterait environ 8% d’intentions de vote pour la présidentielle d’après les derniers sondages. Avec le ralliement de Sandrine Rousseau, son adversaire lors de la primaire des écologistes, il symbolise désormais une écologie réunie. Il propose, entre autres, un plan massif d’investissement pour l’emploi, les logements, les services publics. Le programme de Yannick Jadot s’oriente à gauche avec une économie plus sociale. TVA à 0% pour les produits bio, lutte contre les lobbys, sortie de l’élevage intensif : on retrouve des promesses écologiques fortes sans être trop radicale.
Fondateur de Nouvelle Donne, eurodéputé et rapporteur général du budget au Parlement Européen, Pierre Larrouturou fait partie des 3 candidats qui ont accepté de participer au vote en janvier. Prônant déjà en 2016 une primaire citoyenne, il compte aller jusqu’au bout du processus citoyen. Il promet que le vainqueur de la primaire ne présentera pas une nouvelle candidature à gauche mais une aide pour trancher et choisir un candidat unique. Porté par un programme de gauche avec un pacte climatique pour le logement, la semaine de quatre jours ou encore une nouvelle constitution, l’eurodéputé veut “éviter le chaos climatique et social”. Seulement, après deux tentatives de se porter candidat aux présidentielles de 1995 et 2002, son succès reste incertain.
Charlotte Marchandise-Franquet n’en n’est pas à sa première élection. Elle avait été investie par laprimaire.org lors de l’élection présidentielle de 2017 et était conseillère municipale à Rennes entre 2014 et 2020. Elle explique au Télégramme défendre “une République écologique, une République sociale et une révolution démocratique”. Officiellement candidate à la Primaire populaire depuis le 29 septembre, Charlotte Marchandise-Franquet plaide pour une union à gauche : “Sans union, nous mettons gravement en danger notre présent et notre futur.” Parmi les mesures phares qu’elle porte, elle souhaite mettre en place le vote par jugement majoritaire pour les élections, ou encore reconnaître le vote blanc pour annuler les élections s’il est majoritaire.
“L’Avenir en commun” est le nom du programme de Jean-Luc Mélenchon, candidat La France insoumise (LFI) mais aussi l’un des dix finalistes de la Primaire populaire. Avec environ 8% des intentions de vote dans les sondages, l’ancien chef du groupe parlementaire LFI à l’Assemblée nationale est au coude-à-coude avec Yannick Jadot. La Primaire populaire représente une possibilité pour lui de gagner plus de crédibilité et de passer outre des événements médiatiques passés comme le débat Zemmour-Mélenchon ou la perquisition de ses bureaux en 2018. L’une des idées fortes de son programme réside dans une nouvelle constitution, comme pour Pierre Larrouturou même si des différences existent. Les deux veulent une nouvelle constitution mais Larrouturou souhaite que la VIème République soit parlementaire. Mélenchon opte pour mettre en place une assemblée constituante qui rédigera une nouvelle constitution. Cette république pourra être présidentielle, parlementaire ou semi-présidentielle. Il souhaite aussi réformer la police pour combattre les violences policières. Comme pour les autres candidats de la primaire, l’écologie n’est pas en reste. Mais un point reste une source de friction, le rapport de Mélenchon avec l’Europe. Il souhaite revenir sur plusieurs traités économiques européens. Mélenchon souhaite modifier le statut et les missions de la Banque Centrale Européenne, refonder la politique agricole commune ou encore abandonner les règles budgétaires européennes.
Député La France insoumise, journaliste pour Le Monde Diplomatique et fondateur du journal Fakir, François Ruffin est l’un des finalistes de la Primaire populaire. Officiellement, il soutient Jean-Luc Mélenchon en tant que candidat pour la présidentielle. Mais cela n’a pas empêché les citoyens de le parrainer lors de la première phase de la Primaire populaire. Habituellement discret, il mettait en garde, en avril 2021, dans Le Monde, contre une union de la gauche, un “Hollande vert”. Pour lui, il faut renouer avec les Français, particulièrement les gilets jaunes. François Ruffin a exprimé son désir de ne pas être candidat. Cependant, on peut entrevoir des sujets importants à ses yeux. Avec la sortie de son film “Debout les femmes”, mercredi 13 janvier, on constate que la situation socio-économique des aides-soignantes, assistantes maternelles, femmes de ménage et auxiliaires de vie le préoccupe.
Christiane Taubira a déjà écarté une candidature à la présidentielle en 2022. Sur France Inter, elle expliquait, le 16 septembre, ne pas vouloir “venir contribuer à l’éparpillement.” Pour autant, l’ancienne ministre de la Justice est plébiscitée dans cette Primaire populaire. Dans son édito du 17 septembre sur France Inter, Thomas Legrand précise même que “c’est sur sa seule personne que l’on pouvait imaginer que toute la gauche non mélenchoniste (et même peut-être mélenchoniste d’ailleurs) aurait pu s’unir.” Un groupe citoyen, taubirapour2022, s’est formé en novembre 2020 pour l’appeler à rejoindre la présidentielle. “C’est vous qui avez le courage, la ténacité, la force, la profondeur et l’expérience pour porter un tel projet. C’est vous qui pourrez rassembler toute la gauche et, demain, la France”, écrivent ces citoyens dans leur lettre à Christiane Taubira. Elle a salué dans cette même interview sur France Inter la Primaire populaire, une initiative “belle et audacieuse”, “un pari sur la démocratie participative.”
Et après ?
Les organisateurs ont jusqu’au 16 janvier prochain pour réunir les dix candidats autour de la primaire. Si l’un des dix finalistes se retire, des personnalités remplissant les conditions pourront venir les remplacer. Il s’agit de l’ancien ministre socialiste Arnaud Montebourg, du député européen Raphaël Glucksmann, du président de la Gauche démocratique et sociale Gérard Filoche, du député communiste Fabien Roussel et de l’ancien candidat du Nouveau parti anticapitaliste Philippe Poutou. La présence de figures politiques de gauche semble pour autant mal engagée au vu des déclarations des finalistes.
Samuel Lerosier et Youenn Louedec Debroise
Catégories :L'Evenement, Présidentielle
Je suis écolo-insoumis-GJ, je sais que c’est les dernières élections, donc capitales. L’effet de serre va être terrible, c’est plus qu’urgent et le seul programme qui va assez loin est “L’avenir en commun”, mais peut être pas assez au niveau écologique. Il va falloir être RADICAL, c’est lors du premier confinement que j’ai gardé un faible espoir, la nature nous a envoyé un message, un signal, rappelez vous: tout était arrêté, alors la vie avait repris, l’air de certaines villes s’est amélioré de plus de 60%, des écosystèmes ont redémarré, personne a remarqué, qu’en reprenant sa voiture, après plus d’un mois, le pare-brise était couvert d’insectes écrasés, ce qui n’était plus arrivé depuis des années. Oui, c’est plus que l’heure, c’est urgent et le système en place ne fera rien, ces dirigeants en sont enfermés. Alors, pensons à notre jeunesse, à nos enfants, quelle injustice monstrueuse nous leur faisons vivre…