Elections présidentielles : Eric Zemmour, celui qui divise les médias

Le polémiste Éric Zemmour, qui laisse toujours planer le doute sur sa candidature à l’élection présidentielle, n’a jamais autant attiré l’attention des médias. Certains d’entre eux se remettent en cause quand d’autres continuent d’exposer cet ancien journaliste.  

Éric Zemmour devant les micros et les caméras de télévision. Photo : Frederic Munsch / Flickr

Éric Zemmour devant les micros et les caméras de télévision. Photo : Frederic Munsch / Flickr

Toutes les caméras sont braquées sur lui. Éric Zemmour, possible candidat à l’élection présidentielle, alimente les médias depuis des semaines. Les chaînes de télévision se retrouvent divisées : pendant que certains l’invitent au vu des audiences qu’il génère, d’autres préfèrent rester sur la réserve en cherchant à savoir s’il mérite autant d’attention. 

Après la sortie de son livre La France n’a pas dit son dernier mot le 16 septembre dernier, Éric Zemmour a occupé les plateaux de télévision. D’abord invité dans l’émission On est en direct de Laurent Ruquier sur France 2, il a ensuite été reçu sur CNews, RTL, BFMTV ou encore RMC. 

La course à l’audience et au clic

Éric Zemmour affole les chiffres de l’audimat… et les médias n’hésitent pas à en profiter pour battre des records. Lors de sa venue, L’Heure des pros, un des rendez-vous incontournable de la chaîne CNews présenté par Pascal Praud, a attiré plus de 500 000 téléspectateurs selon Le Parisien, de 9 à 10 heures 30, le 13 septembre dernier. À cet instant, CNews était la première chaîne de France. Deux jours plus tard, C dans l’air a consacré une émission au polémiste. France 5 a alors comptabilisé plus d’1,2 millions de téléspectateurs. 

Le 23 septembre dernier, BFMTV a voulu créer la sensation en invitant Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour pour un débat inédit. Cette soirée-là, la chaîne d’information en continu a réuni 3,81 millions de téléspectateurs. Ce débat entre la France Insoumise et l’extrême droite a permis à BFMTV d’être en tête du PAF avec une part d’audience de 18,8%, devant TF1 et France 2. C’est le deuxième meilleur score de l’histoire de la chaîne après le débat entre les onze candidats à la présidentielle réalisé en avril 2017.

Le directeur général de la chaîne, Marc-Olivier Fogiel, explique son choix d’avoir invité ces deux hommes politiques. “Il y a une attente qui dépasse la curiosité, une attente politique, souligne-t-il sur France Info. Un moment où Mélenchon a quelque chose à jouer à gauche et où Zemmour, pour l’instant, bouleverse le jeu à droite et à l’extrême droite.” BFMTV et d’autres médias nationaux ont décliné ce débat en produits dérivés. À la conquête du clic, beaucoup d’entre eux ont diffusé un nombre incalculable d’articles sur le web. 

Les médias se remettent en question

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a demandé aux médias audiovisuels de décompter les interventions d’Eric Zemmour portant sur le “débat politique national”. Le CSA a considéré que l’ancien journaliste peut être perçu, “tant par ses prises de positions et ses actions, que par les commentaires auxquels elles donnent lieu, comme un acteur du débat politique national”. Cette décision a eu pour conséquence l’arrêt de l’émission d’Éric Zemmour, Face à l’info, diffusée sur CNEWS et de Zemmour et Naulleau qui a été remplacée sur Paris Première.

Dès lors, la presse et la télévision se sont interrogées sur leur propre médiatisation du phénomène Zemmour. Faut-il boycotter le polémiste ou bien continuer à l’inviter et tirer profit des audiences qu’il génère ? Une question controversée à laquelle les médias sont actuellement en train de faire face. 

Libération a choisi de consacrer sa Une, le jour du débat, entre le polémiste et le communiste. Le journal de centre gauche a critiqué le traitement médiatique de Zemmour et se questionne également sur la liberté d’expression : “Peut-on débattre avec n’importe qui ?”

Le Journal du Dimanche rejoint Libération. Le journal hebdomadaire n’hésite pas à remettre en cause la manière d’aborder le phénomène Zemmour. “Le décrypter, le boycotter ou en profiter : les médias pris dans le piège Zemmour”, titre le JDD, le 19 septembre dernier.

France Télévisions a contesté, de son côté, l’organisation du débat sur BFMTV.Nous sommes dans une autre logique et notre obsession, c’est d’être dans l’actualité, pas de rechercher l’audience à tout prix, a confié Laurent Guimier, le directeur de l’information de France Télévisions, à l’AFP. Éric Zemmour n’est pas l’actualité, mais une actualité parmi d’autres. Notre responsabilité de service public est de faire la part des choses”. Le directeur a fait savoir que l’éditorialiste aura une place plus importante sur la chaîne quand il sera officiellement candidat. “S’il l’est, il sera reçu dans nos émissions d’information et dans nos émissions politiques.

Même de l’autre côté de la frontière, en Belgique, la chaîne d’information en continu LN24 se demande si les médias français n’en font pas trop concernant Zemmour. 

La classe politique réagit

Le déferlement médiatique contre Éric Zemmour provoque par ailleurs l’agacement de certains politiciens. C’est le cas de Christiane Taubira qui a fait part de son mécontentement dans l’émission C à vous. “On l’entend trop sur les médias, mais ce n’est pas exclusivement la faute des médias. Je n’ai pas envie de passer une seconde de ma vie à commenter les écrits de cette personne.

Roselyne Bachelot, la ministre de la Culture, a de son côté justifié le choix du CSA. “Le CSA a jugé que le courant de pensée représenté par Monsieur Zemmour mérite d’être décompté”, déclarait-elle sur CNews. Quant aux accusations de censure, elle a démenti en indiquant qu’Éric Zemmour est “d’ailleurs hyper présent dans l’espace médiatique.” 

Mathilde Albert et Séverine Bouquet



Catégories :L'Evenement, Présidentielle

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