Didier Malga, originaire de Chamalières dans le Puy-de-Dôme, est champion du monde 2018 des rallyes énergies nouvelles. Ce dernier s’est confié pour L’Effervescent sur un enjeu sociétal de grande envergure : la transition énergétique. Une cause qu’il défend corps et âme autant sur le plan sanitaire qu’environnemental.

Didier Malga accompagné de sa copilote Anne-Valérie Bonnel portant fièrement le trophée de champion du monde des rallyes ENRS (Energies Nouvelles Régularité Sportive). Crédit Photo : SIGMA Clermont
Le rappel des enjeux de la transition énergétique, le rôle d’une importance capitale que jouent les générations futures pour aller de l’avant, l’urgence du réchauffement climatique… Tels sont les sujets que nous avons abordés avec Didier Malga par téléphone ce mardi 16 mars 2021. C’est sans langue de bois, mais avec une grande transparence, qu’il a évoqué son engagement pour l’environnement.
L’Effervescent : Comment envisagez-vous transition énergétique ?
Didier Malga : Cela passe par le changement total de la mobilité des citoyens de façon à rouler plus “propre”. Il y a d’une part le problème sanitaire, puisqu’il faut savoir qu’il y a 48 000 morts actuellement en France de maladies respiratoires qui viennent de la pollution atmosphérique en ville. Il n’y a que la voiture qui est pointée du doigt, mais il y a aussi le chauffage.
D’autre part, il y a le problème du climat avec le rejet de CO2 dont il faut absolument réduire la masse. On tire alors un bilan : il faut changer nos moyens de locomotion. Pour cela, il est primordial d’abandonner le pétrole pour passer à l’électrique même s’il y a d’autres pistes. Aujourd’hui, la seule solution qui permet de rouler correctement, c’est l’électrique.
Abandonner le pétrole pour passer à l’électrique : est-ce le seul moyen, à long terme, pour avancer ?
Du côté sanitaire, c’est un point extrêmement important parce qu’il y a des millions de voitures qui circulent. Il y a alors un effet immédiat sur l’environnement et on a pu le constater pendant le premier confinement au printemps 2020. On a vu ce qu’il se passait à Paris en l’absence de circulation avec l’air qui était redevenu propre. Il y a eu des petites périodes avec le vent de l’Est : la fumée des centrales à charbon allemandes arrivait et revenait sur le bassin parisien. Mais le reste du temps, on s’est vite aperçu de la manière dont ça a amélioré la situation.
Ce n’est donc pas le seul angle d’attaque et il faut aussi travailler sur l’utilisation du chauffage. Des bâtiments industriels sont eux aussi en passe de développer très vite l’utilisation de panneaux solaires. D’autant plus qu’ils seront bientôt obligés de proposer des bornes rechargeables pour les voitures électriques.
Tout l’enjeu repose sur l’urgence de retrouver un environnement meilleur ou d’autres objectifs doivent-ils être pris en compte ?
L’enjeu est de reprendre le contrôle par rapport à l’évolution négative du climat, mais c’est aussi en santé publique, essayer d’éliminer toutes les maladies qui se développent autour de cela. Chez les enfants, il y a énormément de développement des pathologies respiratoires. C’est un vrai problème à gérer notamment parce qu’autour des écoles, il y a un environnement très pollué à la sortie des classes.
Beaucoup de parents d’élèves viennent chercher leurs enfants en voiture, certains laissent le moteur tourner pendant plusieurs minutes, et d’autres fument dans leurs automobiles. Et tous accueillent les plus jeunes, qui eux, tombent malades. Il y a aussi un vrai sujet de société par rapport à ça. Sur le plan sanitaire d’abord, c’est l’urgence la plus totale, et sur le plan environnemental, c’est quelque chose de fondamental pour les années à venir.
Les générations ont une grande responsabilité sur les épaules concernant la transition énergétique. Comment s’y prend-on pour susciter l’adhésion de la jeunesse ?
Il y a un progrès à souligner : les jeunes sont beaucoup plus attentifs et à l’écoute pour l’environnement parce qu’ils n’ont pas été élevés avec le pétrole par exemple. Le fait que la voiture soit silencieuse n’est par exemple pas un souci à leurs yeux.
« On doit s’appuyer sur les jeunes générations. »
On doit s’appuyer sur les jeunes générations. Cela passe par différentes solutions. Il faut par exemple développer des autos écoles avec des voitures électriques, pour que dès l’acquisition du permis de conduire, ils voient ce qu’est un véhicule non-polluant.
Dans dix ou vingt ans, la transition énergétique aura-t-elle progressé, régressé, ou sera-t-elle restée au point mort ?
Elle aura progressé puisque le pacte automobile va muter dans les dix ou quinze prochaines années. C’est-à-dire qu’à partir de 2025 en Europe, il va commencer à y avoir des interdictions de ventes de voitures thermiques, diesel ou essence. Le pacte va alors se renouveler au niveau des voitures neuves. Ensuite, jusqu’en 2030, on pourra encore acheter des thermiques, mais avec une durée de vie plus réduite, entre dix et douze ans. On peut donc dire, à la louche, qu’on aura des voitures thermiques sur les routes jusqu’en 2040. Ces véhicules-là vont ensuite avoir de gros problèmes pour notamment passer les contrôles techniques parce que les normes anti-pollution vont devenir de plus en plus sévères.
« Aux alentours de 2040, on atteindra près de 50% du parc automobile français »
Je pense qu’il va alors y avoir des abandons progressifs, d’abord au niveau des voitures neuves et ensuite pour les voitures d’occasion, et les contrôles techniques vont réguler cela. Aux alentours de 2040, on atteindra près de 50% du parc automobile français en voitures électriques. Ensuite, le remplacement va progresser chaque année pour arriver à un seuil que j’ignore. Cela va être très progressif, mais le progrès est déjà en marche.
Si vous aviez un message à faire passer pour toutes les générations confondues à propos de la transition énergétique, lequel serait-ce ?
Le message à retenir est qu’il faut prendre conscience qu’il y a urgence. Chacun a une responsabilité et doit démarrer sa propre transition dans son coin, comme on l’a fait pour le tri des déchets. Il est arrivé par les écoles. Ce sont les enfants qui ont appris ça à l’école en ramenant l’idée du recyclage de l’établissement scolaire à la maison. Ils ont fait le cirque à leurs parents pour mettre ce processus en place et maintenant, énormément de familles trient leurs déchets.
La méthode pour la transition énergétique doit être la même. Cela va arriver par les jeunes qui vont conduire des véhicules propres. Dans une famille à deux voitures, la voiture principale est destinée à la ville, il est extrêmement facile de commencer par remplacer cette dernière par une qui respecte notre environnement. C’est simple et très abordable. Selon l’usage des véhicules, il y a des gens qui vont pouvoir muter plus vite que d’autres par rapport à leurs trajets, mais l’autonomie des voitures est en train d’augmenter très rapidement. On est largement au-dessus de 500 kilomètres maintenant.
Les bornes rechargeables se développent également de plus en plus. L’objectif du gouvernement avec les 100 000 bornes d’ici la fin de l’année 2021 sera très certainement décalé en 2022 au vu de la crise sanitaire. Mais il faut savoir que les stations services continuent d’installer des bornes. Le handicap actuel, qui est de trouver une borne rechargeable, ne sera alors qu’un lointain souvenir.
Il y a aussi une aide financière importante de la part de l’État vis-à-vis des constructeurs. Et je peux vous dire que dès qu’on essaye, on se rend compte tout de suite du plaisir de conduire à l’électrique. Le silence, la souplesse, la différence de nervosité des voitures, le fait qu’il n’y ait pas d’entretien, parce qu’il y a 90% de pièces d’usure en moins dans une voiture électrique. On se rend compte qu’il n’y a alors quasiment plus de budget à prévoir pour le carburant et les réparations. L’avantage financier saute vite aux yeux, et les utilisateurs sont directement séduits. On peut très bien louer une voiture propre pour faire essentiellement de la ville. Cela permet alors de garder la voiture thermique pour les vacances ou les longs trajets. Par ailleurs, ça coûte parfois mensuellement moins cher que de prendre un abonnement de bus.
Quel regard portez-vous sur les « fake news » et les idées reçues concernant la transition énergétique ?
La barrière financière qu’on oppose souvent à la transition énergétique, dans les faits, elle n’existe pas. C’est un cliché, une idée reçue qui retarde la transition parce que la majorité des personnes non renseignées stigmatisent. Sur les réseaux sociaux par exemple, des personnes vous disent que les batteries des voitures électriques ne sont pas recyclables, c’est totalement faux ! Elles le sont à 95%.
« Quand on passe du thermique à l’électrique, on ne crée pas une nouvelle dépense en énergie, on la transfère »
On vous dit aussi qu’il n’y aura pas assez d’électricité pour faire rouler les voitures, c’est complètement faux ! On dispose des prévisions d’EDF et de RTE (Réseau de Transport d’Électricité) qui est le réseau de distribution électrique. Même si on passe à plus de trente-cinq millions de voitures électriques en France, cela ne représente que 10% de la consommation en électricité. Donc il n’y a aucun problème sur ce point puisque les voitures thermiques déjà actuellement ont besoin d’électricité pour la distribution du carburant.
Quand on passe du thermique à l’électrique, on ne crée pas une nouvelle dépense en énergie, on la transfère. Contrairement aux idées reçues, les ressources en énergies ne vont pas exploser. D’autant plus qu’il y a une autoproduction en énergie solaire qui s’installe dans les maisons individuelles. Et tout est pensé pour faire au mieux. 90% des recharges sur les bornes se font de nuit et en heures creuses ou avec de l’énergie solaire stockée. Il est donc important de faire évoluer les mentalités concernant ces idées reçues.
Catégories :Auvergne
Laisser un commentaire