Entre la lettre ouverte du Hellfest à la Ministre de la Culture, l’ouverture des éditions numériques des festivals du court-métrage de Clermont Ferrand et du film fantastique de Gérardmer et les modifications calendaires de la célèbre Quinzaine de Cannes, le Covid fait sa loi dans le monde de la culture. À Clermont Ferrand, le défi organisationnel s’est révélé délicat.

Cette année, l’affiche du festival a été réalisée par l’illustratrice japonaise Yuko Shimizu, membre du jury international en 2020. Crédit : Yuko Shimizu
Cette année, les salles obscures clermontoises resteront vides. Ce vendredi 29 janvier s’ouvre la 39ème édition du Festival du court-Métrage de Clermont-Ferrand. Mais les interminables files d’attente à la billetterie laissent place cette année à une plateforme en ligne : une édition tout en distanciel, la nouvelle habitude des Français. Après avoir envisagé une version hybride, alliant séances en ligne et en présentiel, l’association “Sauve qui peut le court-métrage”, qui organise l’événement, a finalement annoncé le 11 janvier dernier organiser une édition totalement en ligne.
Le dur choix du distanciel
Le comité d’organisation a fait ce choix à contre-cœur. “On avait très envie de proposer ces petits moments en salle mais nous avons été découragés par les annonces qui n’allaient pas dans le sens de solutions physiques”, confie Laura Thomasset, membre de l’organisation de la manifestation clermontoise.
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Paul Mas, qui présente son court-métrage Précieux dans la sélection nationale, partage ce regret. Pour lui, le cœur du métier consiste à discuter de son travail avec les spectateurs, ce qui est considérablement compliqué par les contraintes sanitaires.
Des rencontres en ligne entre réalisateurs et spectateurs restent cependant maintenues, sous la forme de visio-conférence. Laura Thomasset précise néanmoins que des séances de dédicaces en présentiel pourraient être prévues à la librairie des Volcans à Clermont, si les conditions sanitaires le permettent.
Toute une logistique à adapter
Ces nouvelles contraintes ont été un réel casse-tête logistique. “Certains organisateurs qui étaient préposés à des missions uniquement en présentiel ont vu leur travail changer du tout au tout”, explique Laura Thomasset. Les festivals ont dû choisir la plateforme adéquate, et la personnaliser pour l’adapter aux contraintes propres à chaque événement. Pour Clermont, c’est la plateforme “Kinow”, basée en Bretagne, qui a été retenue. Un choix assumé par l’équipe, qui ne voulait pas d’un outil basé à l’étranger.
Contrairement à beaucoup d’autres, la manifestation clermontoise avait pu se tenir en présentiel il y a un an. “On a eu beaucoup de chance de pouvoir l’organiser normalement l’année dernière”, se réjouit l’organisatrice, rappelant que l’édition 2020 a eu lieu quelques semaines avant le confinement du printemps dernier. Pour 2021, les organisateurs ont pu s’inspirer des nombreux événements qui ont dû s’adapter aux contraintes sanitaires avant eux. “On arrive après un an d’expérience de festivals en ligne, on a pu en discuter avec des collègues et donc anticiper ces contraintes”, relativise Laura.
Le passage au tout numérique a aussi posé des problèmes logistiques du côté des festivaliers perdus par les nouvelles technologies. Pour remédier à cela, l’association organisatrice a prévu qu’une aide téléphonique soit apportée, que ce soit pour se rendre sur la billetterie en ligne ou accéder à sa séance.
Le distanciel : l’avenir des manifestations culturelles ?
Le grand absent de cette édition 2021 est l’aspect relationnel. Comme le souligne Laura Thomasset : “Le festival, ce sont des films, mais aussi des expositions, des concerts, le quotidien de la ville en est bouleversé”. Certains habitués déplorent l’impossibilité de maintenir les réunions amicales après les séances. L’organisatrice, également passionnée par le 7ème art, va également regretter l’ambiance.
“On va devoir annuler la traditionnelle truffade du festival”. – Laura Thomasset
Garantissant une accessibilité accrue aux films en compétition, cette nouvelle organisation pourrait-elle perdurer dans le temps ? “On a avant tout hâte de retrouver les spectateurs”, répond Laura, “mais la question se pose de plus en plus.” Pour Paul Mas, cette nouvelle façon de consommer la culture serait un moyen de la démocratiser. “Aller en festival de cinéma reste une habitude d’initiés”, constate-t-il. Selon le réalisateur, la dématérialisation des manifestations culturelles rendrait possible la naissance de nouveaux rendez-vous qui n’auraient pas besoin d’infrastructures importantes. “La qualité de visionnage ne serait pas la même mais cela rendrait l’art et la culture plus accessibles.”
Justin Escalier, Sofiane Orus-Boudjema
Catégories :Auvergne, L'Evenement
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