Depuis l’annonce du deuxième confinement par Emmanuel Macron le 28 octobre, l’application StopCovid a laissé sa place à une nouvelle version, TousAntiCovid. Avec plus de dix millions de téléchargements, elle est pourtant encore loin de conquérir la France entière. Quelles sont donc les fonctionnalités, les erreurs et les échecs de ce dispositif ? L’Effeverscent a recueilli le témoignage de Français plus ou moins conquis par l’application.

Laura, une lycéenne qui utilise TousAntiCovid
Avec plus de dix millions de téléchargements, TousAntiCovid occupe la première place du classement des meilleures applications sur Playstore. Générer des attestations, avoir des informations en temps réel, savoir si l’on a croisé des personnes atteintes du Covid-19… Le dispositif propose de nombreuses fonctionnalités dont certaines sont controversées. Décryptage.
-
Trouver des informations
Les premières propositions de l’application sont les informations. Des conseils et les endroits proches où se faire dépister sont proposés. Puis les chiffres de l’épidémie, au niveau local et national sont affichés. “Je trouve ça assez anxiogène”, critique Laura, 16 ans, lycéenne. L’application propose aussi les dernières informations, qui sont accessibles de manière directe, mais qui renvoient aussi sur le site d’informations du gouvernement.
Alors que la publicité pour TousAntiCovid fait le tour des chaînes télévisées et des radios, Claude, 59 ans, ne l’a pas encore téléchargé. “Ça ne m’était pas venu à l’esprit. Je suis de la vieille école, je n’apprécie pas trop les nouvelles technologies”, raconte-t-il, avant d’ajouter que les médias “relaient déjà le même type d’information”.
-
Générer ses attestations
L’application permet de générer des attestations de déplacement directement ou de diriger l’utilisateur vers le site du gouvernement où elles sont également à la disposition de tous. “C’est pratique si on doit sortir en vitesse, c’est plus simple d’utilisation que le site”, confie Laura. Toutefois, elle précise qu’elle n’enregistre pas ses informations pour qu’elles soient remplies automatiquement.
“Je n’aime pas qu’on puisse tout savoir de moi”. – Laura
Alors que le confinement a pris fin le mardi 15 décembre, signant l’arrêt des attestations en journée, cette fonctionnalité semble désuète. Néanmoins, il est maintenant possible de se munir de son attestation de sortie dérogatoire si l’on doit se déplacer pendant le couvre-feu, de 20h à 6h, avec quelques modifications apportées aux motifs de déplacements. Les sorties pour les achats de première nécessité ne sont en effet plus tolérées. Les déplacements professionnels, pour raison de santé, pour motif familial impérieux – personnes âgées, en précarité, en situation de handicap – et les déplacements brefs dans un rayon d’ un kilomètre pour les animaux de compagnie seront toujours autorisés.
“Selon moi, le deuxième confinement était beaucoup moins stricte au sujet des attestations. Il m’en restait du premier, alors j’ai écoulé mon stock, mais je ne me suis jamais fait contrôler”, raconte Jean, 46 ans. Cette utilité particulièrement mise en avant dans le spot publicitaire, ne l’a pas fait changer d’avis sur la possibilité d’utiliser cet outil numérique.
-
Savoir si l’on a été en contact avec des personnes positives au virus
Il s’agit du versant le plus controversé de l’application. Cet aspect ne convainc pas vraiment certains citoyens français et c’est la crainte pour la protection des données personnelles et la vie privée qui est mise en cause. En effet, l’application fonctionne avec un système de “contact tracing”, autrement dit par “recherche de contacts”. Le Bluetooth du téléphone, ainsi que le QR code, permettent de détecter un autre signal et ainsi établir un lien, de façon anonyme, entre les différentes personnes qui se sont croisées.
Pour être plus précis, selon le site du gouvernement, “l’application prend en compte les contacts à moins d’un mètre pendant au moins 5 minutes, ainsi que les contacts à moins de 2 mètres pendant au moins 15 minutes”. Seules les données de l’historique sont enregistrées par TousAntiCovid.
Des explications qui ne parviennent pas à rassurer les non-utilisateurs. Pour Adam, 20 ans, “c’est du flicage camouflé. Je n’ai pas vraiment envie que l’on sache où je vais et où je suis à l’instant T. Je veux me sentir libre de mes mouvements.” Afin de rassurer les potentiels intéressés, il est précisé qu’il n’est pas possible de savoir qui est l’utilisateur, “ni qui il a croisé, ni où, ni quand”.
-
Partager l’application
La dernière fonctionnalité de cette application est la possibilité de la partager. Plus le nombre d’utilisateurs augmente, plus le dispositif sera utile et efficace. Pour repérer les cas contacts et les cas positifs, TousAntiCovid ne fonctionne que si elle est téléchargée par le plus grand nombre.
Une problématique pour les personnes dépourvues de smartphones. Pour les plus jeunes comme pour les plus âgées, il s’agit d’une contrainte non négligeable. Selon Anne, 27 ans, “nous les jeunes, nous savons nous débrouiller avec les technologies. Je pense aux personnes âgées, qui, avec cette application, ne sont pas forcément concernées, alors que ce sont les plus vulnérables”.
Flore, 38 ans, n’a pas encore sauté le pas du téléchargement et elle ne compte pas le faire. “Même Jean Castex ne l’a pas téléchargé au moment de sa sortie, rit-elle. Je sais qu’il en va du bon sens et qu’il s’agit d’un acte citoyen mais ça ne m’intéresse pas de vivre dans l’angoisse permanente. Dans ce cas, il faudrait ce genre de dispositif pour toutes les maladies contagieuses !”
Après dix millions de téléchargements, l’application n’a pas encore séduit tous les Français. Certains sont encore réticents, par peur pour leur liberté et leur vie privée. A noter aussi que le nombre d’utilisateurs inactifs et les désinstallations sont inconnus. Beaucoup de barrières sont encore à lever et quelques mois de recul seront nécessaires, pour apercevoir les effets positifs – ou non – de l’application TousAntiCovid.
Jade Sauvée et Ornella Gache
Catégories :L'Evenement
Laisser un commentaire