Déconfinement : les magasins de ski tentent “de sauver leurs têtes” 

Alors que nous nous approchons de l’hiver, le gouvernement français a annoncé la fermeture des remontées mécaniques jusqu’au mois de janvier. Une nouvelle lourde de conséquences pour tous les acteurs du sport d’hiver, notamment pour les magasins de location de matériel. 

La fermeture des remontées mécaniques pénalise les magasins de ski ©2p2play / Shutterstock.com

La fermeture des remontées mécaniques pénalise les magasins de ski ©2p2play / Shutterstock.com

Ce sera Noël après l’heure pour les stations de ski ! Le 26 novembre 2020, Jean Castex a annoncé que les remontées mécaniques ne pourraient pas rouvrir à l’occasion des fêtes de fin d’année. Le 5 décembre, le décret encadrant ces fermetures confirme cette décision, mais informe toutefois que les remontées mécaniques seront ouvertes pour les “professionnels dans l’exercice de leur activité” et les “pratiquants mineurs licenciés au sein d’une association sportive affiliée à la Fédération française de ski”.

Il s’agit d’un coup dur pour les magasins de location de ski, car les vacances de Noël sont habituellement une étape clé de leur économie cyclique. “Le mois de décembre, c’est le mois où on fait le plus gros chiffre d’affaires normalement. Ça va être très dur”, déplore Simon, employé du magasin Ravanel & Co à Chamonix (Haute-Savoie). Si ce magasin pourra rester accessible cette saison, ce ne sera pas sans difficulté. “On sera ouvert en temps réduit et seuls les employés à l’année vont rester travailler. Il n’y aura pas de saisonniers et donc pas de CDD”, affirme Simon.

Face à la situation, d’autres magasins ont préféré fermer. “On n’a embauché personne cette année. Sur notre site, aucune réservation n’est possible jusqu’au 20 janvier”, déclare Pierre Boldini, responsable du magasin Super Glisse de Megève (Haute-Savoie). “On a fermé car on ne va pas sauver la saison en vendant des raquettes. Les 15 familles qui devaient venir ont annulé leur voyage”, poursuit-il.

“Difficile de maintenir la tête hors de l’eau”

 Les conséquences économiques de ces nouvelles restrictions pourraient s’avérer dramatiques pour les magasins de location de ski. “On sait que la station sera vide”, déclare Xavier Durand, gérant du magasin Skimium à Oz-en-Oisans (Isère). “J’ai annulé presque toutes mes commandes de marchandises du mois de décembre et je ne peux pas embaucher mon personnel saisonnier.

“On ne pense qu’à sauver notre tête car on redoute bien sûr une fermeture définitive.”Xavier Durand, gérant du magasin Skimium

Pour Pierre Boldini, qui réalise en moyenne 35% de son chiffre d’affaires durant le mois de décembre, la situation est également inquiétante : “Je n’ai jamais vu une période comme celle-ci, ça va être vraiment difficile de maintenir la tête hors de l’eau.”

Des restrictions incompatibles avec la réalité ?

Les remontées mécaniques de ski alpin ont été fermées car les gestes barrières n’y étaient apparemment pas applicables et le gouvernement souhaite limiter les contacts dans les petits espaces comme ceux-ci. Pour Pierre Boldini, il y a une différence entre les annonces des autorités et la réalité du terrain : “Le service de réanimation de notre hôpital est vide depuis plus de quinze jours et notre station n’a que des téléskis. En téléski, on est dehors et tout seul. Je ne comprends pas cette décision de tout fermer, ce n’est pas raisonnable.” Du côté d’Oz-en-Oisans, c’est le même discours. “Cette décision est aberrante”, confie Xavier Durand.

“On nous dit d’ouvrir nos magasins sans louer de skis… ce n’est pas clair, on est vraiment pris pour le dindon de la farce”. – Xavier Durand

Les loueurs de skis jugent ces restrictions injustes car ils avaient tout prévu pour limiter la propagation du virus.  “Nous sommes un petit magasin mais on est très investi. On a du gel hydroalcoolique, du plexiglas et on limite le nombre de personnes à l’intérieur alors que dans les supermarchés, ils n’ont même plus de gel”, déclare Simon.“C’est toujours pareil, les plus grosses trésoreries peuvent ouvrir mais les plus petits commerces, non.”

L’incompréhension face à ces restrictions s’accentue avec les images provenant de la capitale. “Quand on voit les rassemblements sauvages, les escalators bondés et les queues dans les métros, on est écœuré”, confie Pierre Boldini. Pour protester contre la fermeture des remontées mécaniques, de nombreuses manifestations ont eu lieu dans des stations de ski et des pétitions circulent.

Le Conseil d’Etat a finalement été saisi par cinq régions, 15 départements ainsi que des professionnels de la montagne, en vain… Les acteurs du sport d’hiver attendent donc désormais le mois de janvier avec impatience.  

Mathilde Calloc’h et Martin Patry



Catégories :L'Evenement

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