Confinement : le maquillage au secours de la confiance en soi

Entre débat sur son essentialité et remise en question de son caractère obligatoire, la cosmétique s’avère avoir un réel intérêt pour pallier le manque d’estime de soi. 

En France, 55% des femmes se maquillent au moins une fois par semaine. Photo: Sofiane Orus Boudjema

En France, 55% des femmes se maquillent au moins une fois par semaine. Photo: Sofiane Orus Boudjema

Les produits de beauté sont-ils un produit essentiel ? Pour le gouvernement, la réponse était visiblement non. Il aura fallu une polémique sur les réseaux sociaux pour que le gouvernement rétropédale et les considère comme essentiels. Le confinement a posé la question de l’essentialité de certains produits. Si le débat concernant les livres a été très médiatisé, celui se portant sur le maquillage a été moins visible, mais a pourtant mis en lumière un réel problème. 


Au-delà de quelques paillettes, c’est la question de l’estime de soi qui est sous-entendue. Pour beaucoup, c’est un moyen de garder confiance en soi, de ne pas laisser la déprime les envahir. La journaliste Elsa Gambin estime sur Twitter que “tout ce qui peut éviter le coup de blues, c’est bon à prendre”. Ne pas voir ses cheveux blancs, ses cernes, sa “tête de rat” dans le miroir de bon matin. En bref, se sentir bien dans sa peau. 

Le maquillage, béquille pour l’estime de soi

Pour Sara, étudiante de 19 ans, les produits de beauté lui ont permis de tenir le coup. Si pendant le premier confinement, elle avait décidé de ne pas se maquiller pour “prendre soin de sa peau”, elle a décidé d’aborder le second différemment. Elle admet avoir “appris de ses erreurs” et a décidé de rouvrir son rouge à lèvres cette fois-ci. “Je l’utilise pour me donner confiance, il était moins agréable de me voir tous les jours sans”, confie la jeune femme.

Pour Emma, jeune animatrice 2D, il était impensable de ne pas se pomponner : “Pour moi, c’est un peu comme ne pas s’habiller.” Les cosmétiques se sont avérés être une béquille pour maintenir une forme de confiance en soi. Selon la psychologue Gaëlle Dadjo, “le maquillage est une façon de prendre soin de soi et peut aider à avoir une meilleure image de soi-même. Mais ça ne règle pas le problème, c’est une aide.” 

A contrario, si pour certaines le confinement a été une épreuve pour leur confiance en elles, pour d’autres, il a été synonyme d’émancipation. En temps de confinement, le maquillage a de réels impacts psychologiques. Pour Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre et autrice, le réel problème a été d’abandonner toute forme de coquetterie. Loin d’être superficiels, ces rituels sont constitutifs de la confiance en soi.

“Le confinement a mis à mal les personnes qui souffrent de manque de confiance en elles.” Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre

Fard à paupières et mascara n’ont pas été les seuls à avoir manqué à certaines femmes. La psychiatre évoque notamment les colorations pour cheveux : “Pour certaines patientes, la chose la plus difficile à supporter a été de ne plus avoir de couleur de cheveux.” 

“Je me maquille car j’en ai réellement envie”

Juliette, Stéphanoise de 20 ans, a elle profité du confinement pour remodeler son rapport à son visage. “Pendant longtemps, lorsque je sortais, je me maquillais systématiquement : pour aller faire les courses, aller en cours…  Je ne me voyais plus sortir sans”, raconte la jeune femme. Restée seule chez elle pendant les deux confinements, elle a commencé à moins se maquiller : “Lors des quelques sorties durant le confinement, j’ai laissé mon mascara dans le tiroir.” 

“De toute façon le masque cache la moitié de mon visage.”Juliette.

Le confinement a été l’occasion pour de nombreuses femmes de remettre en question l’obligation de se maquiller. Selon plusieurs études de l’IFOP, le confinement a fait baisser de 21 points la proportion de femmes qui s’apprêtent tous les jours. Certaines ont même appris à réellement aimer ce temps pris pour soi. Juliette dit apprécier ce rituel matinal : “Je continue de me maquiller parce que j’aime aussi ce moment, le fait de me pomponner me fait du bien au moral.” 

Ce changement de comportement vis-à-vis des cosmétiques fait partie d’un mouvement plus global : le “slow make up”. Cette tendance à privilégier son visage au naturel est de plus en plus suivie. « Le confinement ne l’a pas créée mais bien accélérée », précise Laura Friscourt, directrice générale adjointe à l’Ifop, activités santé, bien-être et beauté. Cécile, étudiante en art affirme même : “Je ne me maquille plus par habitude, mais simplement parce que j’en ai réellement envie. Je prends du plaisir à le faire.” 

Si gloss et eye-liner ont fait débat pendant ce confinement, celui-ci ne fait que soulever le problème de la santé mentale. C’est là-dessus que va plancher l’exécutif, qui a compris les conséquences psychologiques de l’enfermement. Olivier Véran, ministre de la santé s’est d’ailleurs exprimé à ce sujet, indiquant sa volonté “ [d’]éviter une troisième vague” qui serait celle de « la santé mentale ».

Justin Escalier et Sofiane Orus-Boudjema



Catégories :L'Evenement

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