Meilleur joueur de Ligue 2 la saison dernière d’après la notation de France Football, Yohann Magnin fait désormais figure d’incontournable au sein du 11 de Pascal Gastien. Entre montée avortée, début de saison mitigé et avenir du club, le jeune clermontois se confie.
L’Effeverscent : Comment vas-tu ? Comment s’est passée la reprise ?
Yohann Magnin : Bien. Ça faisait plaisir de retrouver les terrains et les coéquipiers. On était tous très contents de reprendre le foot et une vie normale après le confinement.
Pas trop dur de se remettre dedans après la grosse déception de l’arrêt du championnat alors que vous réalisiez une très belle saison et que vous étiez même la meilleure équipe de Ligue 2 en deuxième partie de saison ?
Non. C’est vrai que c’est frustrant car on était vraiment bien partis mais on a fait le « deuil » de la saison dernière. On est repartis sur de nouvelles bases et sur une préparation un peu plus longue afin de réhabituer le corps à faire du sport de haut niveau tous les jours.
Et pendant le confinement, y a-t-il toujours eu un lien avec le club ?
Oui. Chaque semaine, le préparateur physique et l’analyste vidéo nous envoyaient un programme de course, de musculation et de renforcement musculaire. Le club a essayé de maintenir un bon contact avec nous. On faisait également une séance collective par semaine en visioconférence, sur l’application Zoom. Le club se chargeait même de nous faire livrer du matériel de travail en cas de besoin.
Tout le monde est revenu dans un état d’esprit positif, pas de blues ?
Non, on était tous contents de reprendre. La saison passée est désormais derrière nous.
En ce sens, j’imagine que les recrues ont aussi apporté un souffle nouveau. Qu’est-ce que tu penses du recrutement et de votre groupe actuel ?
Oui, bien sûr. Dans la lignée des années précédentes, le club recrute toujours de bons joueurs mais aussi et surtout de bons gars. Personnellement, ça fait trois ans que je fais partie du groupe professionnel et il y a toujours eu une très bonne ambiance. C’est d’ailleurs une remarque récurrente de la part des joueurs qui arrivent d’autres clubs.
Que penses-tu de vos quatre premiers matchs de Ligue 2 ?
Je trouve qu’on manque un peu de réussite. À mon sens, à l’exception du premier match, on aurait dû gagner les trois autres. On fait vraiment de bonnes prestations mais on ne maîtrise pas certains faits de jeu : le carton rouge ce week-end, le pénalty litigieux accordé aux Dunkerque [ suite à une main de Johan Gastien qui n’existait pas]… Ce sont de petits éléments en notre défaveur mais malgré tout cela, nous restons invaincus et dans la lignée de la saison dernière. Si on garde le même état d’esprit et la même implication, on va faire une très belle saison.
Comment vous adaptez-vous au départ de l’attaquant Adrian Grbic qui cristallisait une bonne partie de l’animation offensive la saison dernière ?
Il n’y a pas grand-chose à changer, on produit toujours le même jeu. C’est vrai qu’Adrian nous a quelquefois sortis de situations compliquées. L’an dernier, il nous a mis 17 buts. Cette saison, il faudra peut-être compter sur 3-4 joueurs pour inscrire l’équivalent.
Personnellement, es-tu content de ton début de saison ?
Oui, ça se passe très bien. J’ai démarré la saison en tant que titulaire, le coach me fait confiance, j’ai réalisé de bons matchs et je monte en puissance donc tout va bien.
Justement, tu es de plus en plus important dans l’équipe. Comment vis-tu ce « changement de statut » par rapport aux deux dernières années ?
Ça s’est fait progressivement. Il y a deux ans, au moment où j’arrive dans le groupe, je suis en contrat amateur. Je ne fais que des bouts de match. L’an dernier, mon statut a pas mal évolué. J’ai commencé la saison remplaçant, mais je l’ai finie titulaire. Là, c’est la première saison que je démarre dans la peau d’un titulaire. Je le vis très bien. Maintenant, à moi de tout faire pour garder ma place, c’est ce que j’essaye de faire au quotidien à l’entraînement et en match.
Quels sont tes principaux axes de progression ?
J’en ai pas mal. Si on parle technique, j’ai beaucoup de progrès à faire sur pas mal de choses : être plus à l’aise du pied gauche, avoir un peu moins de déchet dans le jeu long, me projeter davantage vers l’avant. Il faut constamment se remettre en question.
Comment définirais-tu ta relation avec Pascal Gastien ?
J’ai une très bonne relation avec le coach, j’ai énormément confiance en lui, en ce qu’il fait. Je pense que c’est réciproque. On se connaît depuis longtemps désormais puisque c’était mon coach au centre de formation. Je sais ce qu’il attend de moi et de mon profil. Je fais de mon mieux pour être à la hauteur de ses attentes. C’est le coach qui m’a le plus apporté, celui qui m’a lancé en pro, je lui dois beaucoup.
Quel est son discours avec toi ?
En général, le coach Gastien pratique un jeu qui met en avant tes qualités. En tant que milieu défensif, mon rôle est avant tout de sécuriser les actions, de m’occuper de la première relance, de jouer simple, de faire jouer les autres, d’avoir peu de déchet et de couper les actions adverses. Son discours est surtout basé sur le : “Reste dans ton registre, joue avec tes qualités et toujours avec la même mentalité.”
Bocha Iglesias nous confiait pendant le confinement qu’il n’avait jamais pris autant de plaisir qu’avec Pascal Gastien, qu’en penses-tu ?
Oui, c’est le ressenti d’un peu tous les joueurs. C’est un coach qui met énormément l’accent sur le jeu et les choses simples. Résultat, on joue bien au foot tout en jouant simple et tout le monde se retrouve dans cette méthode-là.
Toi qui es un des rares joueurs formés au club, comment vois-tu l’avenir de ce dernier ?
Je suis témoin de l’évolution du club depuis maintenant plus de dix ans. Quand je suis arrivé, le club était dans le monde professionnel mais il n’en avait pas vraiment la structure. Il n’y avait pas de centre de formation, on s’entraînait à 18h30/19h, on n’avait pas d’équipements du club… C’était assez bancal.
Depuis quelques années, le club évolue positivement. Le centre de formation fonctionne bien, de bons joueurs en sont sortis.
On a de belles infrastructures. Les nouveaux repreneurs ont engrangé de nouveaux moyens sans pour autant chambouler l’identité du club donc oui, depuis 3-4 ans, l’évolution est très positive. L’objectif est désormais de monter en Ligue 1 et on va tout faire pour y parvenir.
Justement, es-tu confiant en ce qui concerne une montée dès cette année ?
Oui, il n’y a pas de raison même s’il ne faut jamais oublier qu’une saison en Ligue 2, c’est vraiment long et compliqué. Tout le monde peut gagner contre tout le monde et avec ce système de play-off dans lequel l’équipe de Ligue 2 doit jouer plusieurs matchs de barrages supplémentaires pour pouvoir monter. L’équipe de Ligue 1 est clairement avantagée. On sait qu’il faut être dans les deux premiers pour monter. Si on continue comme ça, il n’y a pas de raison.
Comment juges-tu le niveau de la Ligue 2 ?
Je trouve qu’il y a un bon niveau. Ce qui est dur en Ligue 2, c’est qu’il faut être à fond tous les week-ends. Il n’y a aucun match avant lequel on peut se dire : “Là, on va gagner par deux ou trois buts d’écart.” On voit que jusqu’en mars, les dix premiers peuvent jouer les cinq premières places.
En fin de compte, il n’y a pas deux, trois équipes qui se détachent vraiment.
Encore une fois, tout le monde peut battre tout le monde. On le voit encore en ce début de saison, c’est très serré. C’est vraiment un championnat difficile au cours duquel il n’y a pas de temps mort. On ne peut pas choisir nos matchs.
Que penses-tu de l’ambiance à Gabriel-Montpied ?
Depuis quelques années, le public reconnaît que Clermont joue bien au foot, ce qui n’était pas forcément le cas avant. Il y a désormais plus de monde. Après, personnellement, je préfère 3 000 personnes à fond derrière nous que 5 000 spectateurs.
Pour finir, avez-vous recommencé à jouer au loup-garou avant les matchs (la saison dernière, ce jeu du était devenu le porte-bonheur de l’équipe) ?
Ah oui toujours (rires) ! Là on fait pas mal de matchs nuls donc on va mettre les bouchées doubles sur le loup-garou.
Propos recueillis par Adrien Cornu et Tual Fichaut
Catégories :Auvergne
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