
Couloir calme d’un EHPAD puisque les résidents sont confinés dans leur chambre. Image d’illustration libre de droit.
Le métier d’aide-soignant est un des plus compliqué au monde. Avec la crise sanitaire qui frappe le monde entier actuellement, il est devenu l’un des plus dangereux. Ces « héros en blouse blanche » sont en première ligne face au virus. Dans les Ehpad (Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), où l’on recense environ 5 200 morts liés au Covid-19, l’inquiétude grandit au sein des patients mais aussi du personnel. Laura*, aide-soignante en Ehpad dans l’Allier, raconte à L’Effeverscent ses conditions de travail dans un contexte particulier.
L’Effervescent : Avec l’évolution de la crise sanitaire, comment votre établissement s’est-il organisé ?
Laura : Avant le confinement, nous avions déjà restreint les visites des familles. Elles ne pouvaient se faire que dans le hall d’entrée avec un nombre de personnes limité. Ensuite, avec la propagation du virus, nous avons très vite interdit les visites tout court. Et une fois que le confinement a été déclaré à l’échelle nationale, plus personne ne rentrait dans l’Ehpad sauf le personnel. Même les prestataires restent dehors. Ils nous livrent, posent tout dehors et repartent. Maintenant, nous avons même confiné les résidents dans leur chambre. Ils ne sortent plus, les repas se font désormais dans les chambres. Ça nous demande encore plus de travail.
Quels changements avez-vous constaté au sein du personnel ?
Depuis le début de la crise, l’ambiance est très pesante. On est tout le temps angoissés. On a les informations au jour le jour, ce qui rend l’organisation compliquée. Au début, on n’avait pas de masque car les responsables ne pensaient pas que c’était utile. Et encore actuellement, les masques sont une denrée rare ! On ne peut en utiliser que deux par jours. C’est très peu. Ensuite, on a des gants à usage unique pour les soins. Et bien évidemment on se lave les mains avec le gel hydroalcoolique très souvent, mais ça nous le faisions même avant. En plus de ça, chaque jour en arrivant au travail, le personnel est testé contre le virus grâce à la prise de température.
Et même avant le confinement, deux de mes collègues qui présentaient des symptômes de grippe ou rhume ont été envoyés en quarantaine. On est dans le milieu alors on se rend vraiment compte des dangers et cela nous fait vraiment peur. Des étudiants en école d’aide-soignante sont venus renforcer nos équipes. Cette aide est vraiment la bienvenue. Et puis il y a aussi la solidarité des autres commerçants. Par exemple, Domino’s nous livrait des pizzas gratuitement. Maintenant, nous avons les plateaux repas qui sont gratuits.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?
Il y a la difficulté d’organisation déjà, cette situation est très stressante même pour la direction. Ensuite, il y a bien sûr le manque de masques. Deux par jour, ce n’est vraiment pas suffisant pour ce que nous faisons ! Et puis déjà qu’en temps normal, c’est difficile de gérer tous les résidents, là c’est encore plus la course puisqu’ils ne sortent plus pour les repas. C’est difficile aussi de faire comprendre aux résidents la situation, on n’arrive pas toujours à les faire rester dans leur chambre et respecter les distances de sécurité. Les résidents les plus « lourds » (professionnellement parlant) se déplacent souvent dans les couloirs ou alors vont carrément dans la chambre d’autres résidents… Heureusement que le personnel respecte les mesures car sinon la situation serait incontrôlable.
Propos recueillis par Emma Fourreau et Léa Gallardo
*Le nom de l’aide-soignante a été modifié pour des questions de confidentialité.
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