À dix journées de la fin du championnat de Ligue 2, et en attendant une reprise après l’interruption causée par l’épidémie de coronavirus, le Clermont Foot est plus proche que jamais d’accéder à la première division. Dans une région qui ne vit que pour le rugby, le CF63 essaye peu à peu de se faire un nom auprès des Auvergnats.

L’Effervescent était présent au stade Gabriel-Montpied pour la réception du Paris FC. (Photo : André Fontaine)
“Ça va être compliqué ce soir, très compliqué.” À la mi-temps du match entre Clermont et le Paris FC, le 21 février dernier, Philippe avait vu juste. Abonné de longue date au club, ce fidèle supporter clermontois a assisté à la fin de série de son équipe fétiche, qui restait sur 12 matchs sans défaite et 3 victoires de suite à domicile. Malgré cet échec 0-1 à la maison, les hommes du tacticien Pascal Gastien restent à hauteur de leurs concurrents et se maintiennent dans le top 5 de deuxième division. Une réelle progression depuis quelques années pour une équipe qui rêve d’accéder à l’élite du football français.
Des ambitions sportives à la hauteur
À l’été 2019, après une saison convaincante et à l’aube d’une nouvelle campagne de Ligue 2, les Clermontois se sont séparés de plusieurs éléments importants. C’est le cas de leur meilleur buteur Florian Ayé, auteur de 18 buts l’an dernier, mais aussi de Mathias Pereira Lage, Julien Laporte et Manuel Perez. Le club a ainsi récupéré environ 4,7 millions d’euros lors du mercato estival, mais n’en a pas dépensé un seul. Alors, avares ou futés, les dirigeants clermontois ?
Pour l’instant, la stratégie du club semble porter ses fruits. Akim Zedadka, Adrian Grbic, Cédric Hountoundji et Maxime Dupé, tous recrutés sans débourser le moindre centime, sont aujourd’hui titulaires indiscutables et signent de très bonnes performances cette année. Huit autres joueurs sont arrivés gratuitement et viennent alimenter un groupe bien fourni, qui a aussi vu deux joueurs revenir de prêt et deux autres signer leur premier contrat professionnel.
Pascal Gastien, la valeur sûre
Avec autant d’arrivées en l’espace de deux mois, l’équipe a été complètement transformée. Pour que la mayonnaise prenne, il a fallu la présence d’un homme ayant réussi à créer une alchimie entre ces individualités. “La force de Clermont ? Notre jeu collectif. Clermont est quand même l’équipe qui réussit le plus de passes en Ligue 2 cette saison. Tout est contrôlé par notre sorcier depuis le banc de touche, il sait bien placer nos joueurs et il connaît très bien son boulot”, se réjouit Philippe. Ce sorcier, c’est Pascal Gastien, au club depuis 2016. Lui et son équipe ont la réputation de pratiquer l’un des meilleurs jeux de Ligue 2.

Pascal Gastien a été élu meilleur entraîneur de Ligue 2 par les trophées UNFP la saison dernière. (Photo : Agence FEP)
Quand Gérard reprendra sa carte d’abonné à la fin de la saison, cela fera exactement 40 ans qu’il supporte le Clermont Foot. “Il faut reconnaître que cette année ça tourne bien. Grâce à l’entraîneur, nous avons du beau jeu sur le terrain, il fait un sacré boulot”, avoue le supporter auvergnat. L’entraîneur du CF63 a désormais l’habitude de s’appuyer sur des hommes forts chaque saison. C’était le cas en 2017-2018 avec Ludovic Ajorque (14 buts) et la saison dernière avec Florian Ayé (18 buts). Cette année, les Clermontois ont vu naître un nouveau buteur à Gabriel-Montpied.
Adrian Grbic, l’homme à tout faire
Gérard et Philippe sont unanimes. Cet attaquant est la grande force de Clermont en cet épisode 2019-2020. Arrivé cet été du SC Rheindorf Altach, club de première division autrichienne, Adrian Grbic n’a pas mis longtemps à trouver ses marques puisqu’il a inscrit un doublé lors de la première journée de championnat.
Le n°9 clermontois est le deuxième meilleur buteur de Ligue 2 avec 17 réalisations à son compteur. Au club, son dauphin Jason Berthomier n’est qu’à 4 buts, c’est-à-dire quatre fois moins que l’attaquant autrichien. Grbic est impliqué sur 21 des 35 buts de Clermont cette saison, soit environ 60%.
Un stade qui sonne creux
Le président Ahmet Schaefer, en poste depuis le printemps dernier, s’était exprimé avant la dernière défaite à domicile de Clermont contre le Paris FC : “Dans la course aux play-offs et à la montée, c’est maintenant que tout va se jouer. Quand on est quatrième après 25 journées, ce n’est pas par hasard. Alors l’équipe a besoin de ses supporters dans ce sprint final”, avait-il déclaré à La Montagne. Les fans restent en effet trop peu présents cette saison, même si le club bénéficie d’une augmentation de 23% de l’affluence par rapport à l’an dernier.
L’affluence lors des 5 derniers matches de Clermont au stade Gabriel-Montpied :
3 001 spectateurs contre Troyes (10 janvier) | |
2 616 spectateurs contre Orléans (31 janvier) | |
2 522 spectateurs contre Valenciennes (7 février) | |
4 892 spectateurs contre le Paris FC (21 février) | |
3 862 spectateurs contre Sochaux (6 mars) |
Malgré une longue série de matchs sans défaite, le stade pouvant contenir 11 980 personnes n’a jamais réussi à se remplir de moitié. Le président aura pourtant tout essayé, en vendant par exemple des places à prix cassé contre le Paris FC (5 euros). Philippe a connu l’époque où Clermont accueillait plus de 10 000 spectateurs alors que le club était en troisième division : “Le football d’avant était beaucoup plus spectaculaire, aujourd’hui il est plus tactique. En plus, on avait des internationaux argentins, polonais… C’est pour ça qu’il y avait beaucoup de monde !”, se souvient-il avec nostalgie.
Une ambiance décevante
Aujourd’hui, tout cela a bien changé. 43 341 personnes sont venues au stade cette saison, soit une moyenne de 3 334 spectateurs par match, ce qui en fait la onzième affluence de Ligue 2 sur la période. “Ici, on est plus spectateur qu’acteur. C’est dommage de devoir baisser les prix pour que les gens viennent. Je ne comprends pas trop, le spectacle est quand même à la hauteur, ça joue bien et on est cinquième…”, déplore Philippe.

Face à la défense regroupée du Paris FC, Clermont n’a pas su trouver la faille. Mais les Auvergnats restent dans la course à la Ligue 1. (Photo : André Fontaine)
Du spectacle sur le terrain mais pas de bruit en tribune, la faute aux “faux supporters” selon Gérard, qui en a vu passer à travers les époques : “C’est comme ça à Clermont, dès que l’on perd un match, les gens arrêtent de venir. On peut le voir aujourd’hui, la plupart partent avant la fin pour éviter les embouteillages, ce ne sont pas des vrais supporters.”
Un nouveau Gabriel-Montpied ?
Le projet de rénovation du stade pourrait-il faire venir du monde ? Il est en tout cas prévu pour 2025. La nouvelle forme de l’enceinte pourra contenir jusqu’à 30 000 sièges. Encore faudrait-il réussir à tous les occuper… Jusqu’ici, les Clermontois devront se contenter d’un stade “à la stature d’un club de Régional”, selon Gérard. “Ça pourrait attirer de la curiosité et remplir le stade, confie-t-il au sujet des futurs travaux, mais nous n’en sommes pas encore là.” En effet, la LFP a annoncé la suspension de la Ligue 1 et de la Ligue 2 jusqu’à nouvel ordre afin de lutter contre la propagation du coronavirus. Sans joueurs ni supporters, Gabriel Montpied va donc sembler encore plus triste que d’habitude.
Thomas Deleglise et Antoine Gerard
Catégories :Auvergne
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