PORTRAIT. “Il faut vivre avec son handicap” : rencontre avec Sébastien Beltz, rescapé d’un accident de la route

En décembre 2019 ouvrait The Cricket, un nouveau snack/restaurant vichyssois. Derrière cette enseigne et son décor chaleureux se cache un homme et son histoire hors du commun. Sébastien Beltz est un ancien gendarme dont la vie a totalement basculé le jour où il est victime d’un accident de la route. Pour le Bourbonnais, cet événement a fait l’effet d’un tsunami qui a englouti au passage une partie importante de son passé. Mais après une longue lutte en courants troubles, le néo-restaurateur a réussi à sortir la tête de l’eau.

Sébastien Beltz pose fièrement dans son nouveau commerce : The Cricket. Crédit Antoine Heller

Sébastien Beltz pose fièrement dans son nouveau commerce : The Cricket. Crédit Antoine Heller

Il y a cinq ans Sébastien Bentz était encore gendarme motocycliste à Vichy. Il retrouvait alors dans son travail sa passion de toujours : la moto. Mais ce sport mécanique n’était pas son seul moteur. Le foot et la course à pied occupaient également son temps libre. Malheureusement tout cet univers bascule le 20 juin 2014. Alors qu’il s’apprête à se rendre à son travail sur sa Guillera GP 800, il est percuté par une voiture qui lui coupe la route. Son pied droit se fait déchirer.

A la suite de cet accident, “je savais que j’allais perdre mon travail”, raconte Sébastien. L’accident a en effet laissé des traces qui l’empêcheront de poursuivre son activité. Il dira alors adieu à une institution pour laquelle il a consacré 28 années de sa vie. Mais si la perte de son emploi a été une réelle déchirure pour lui, il devra également faire face à un long marathon médical de quatre ans. 

“Je savais que j’allais perdre mon travail”

Ayant perdu l’usage de son pied droit, l’ex-gendarme est contraint de multiplier les aller-retours dans différents centres hospitaliers. S’il est pris en charge à l’hôpital de Vichy, il sera également accueilli près de Paris, dans un service spécialisé dans les blessures de guerre. Comme son pied est nécrosé, Sébastien choisit de se faire amputer. Lui qui était habitué à l’effort physique devra traverser un véritable parcours du combattant. En tout, il subira pas moins de quinze opérations, dont la dernière fut réalisée en 2017. Il passe aussi deux ans et demi en fauteuil roulant, lorsqu’il n’est pas en train de faire de la rééducation.

La lame de Sébastien est à l'image de sa passion donc aux couleurs des bleus. Crédit : Stéphane Beltz

La lame de Sébastien est à l’image de sa passion donc aux couleurs des bleus. Crédit : Stéphane Beltz

Si les difficultés moteurs étaient évidemment présentes, un poids psychologique est également apparu. “J’étais énervé et dégoûté, je me disais que ma vie était gâchée”, explique-t-il. Heureusement, Sébastien a pu compter sur sa femme et ses trois enfants ainsi que ses anciens collègues pour le soutenir. L’ancien des forces de l’ordre précise qu’il n’a pas été la seule victime dans cet accident. De fait, sa famille “a été bouleversée et touchée, tout en étant très inquiète”. Un autre leste arrive souvent avec le handicap : le regard des autres. Sébastien Beltz n’y a pas échappé, et si cela a été compliqué au début maintenant il n’y accorde aucune importance, et préfère “passer à autre chose”. 

Se relever et avancer

Bien qu’il soit handicapé à 80%, il a retrouvé sa mobilité grâce à trois prothèses (pour la marche, la piscine et une lame pour la course). Il est donc totalement autonome et va reprendre la course à pied avec un coach spécialisé. Seul point noir, depuis son accident il n’a plus touché une moto, et cela n’est pas près de changer. Mais bien loin d’être résigné, l’homme de 49 ans martèle qu’il “faut vivre avec son handicap”. Ce dernier est néanmoins totalement assumé. Il n’hésite pas, par exemple, à se promener en short, et ce malgré certaines remarques désobligeantes et des regards indiscrets. Illustration de sa force de caractère et de son envie, il a aussi décidé de reprendre une activité en ouvrant un snack/restaurant à Vichy.

“Il faut vivre avec son handicap”

A la fin de sa convalescence, Sébastien avait à cœur de “faire de nouveau quelque chose”. Lui dont les parents étaient restaurateurs se voyait bien emprunter le même chemin. C’est ainsi qu’est né The Cricket en décembre 2019. Le snack/restaurant du Bourbonnais fait donc partie des nouveaux commerces qui ont vu le jour à Vichy. Il revisite le snacking en proposant des produits frais et locaux. Sébastien Beltz se dit pour l’instant “satisfait” de sa nouvelle activité. Lui qui “aime parler avec les gens” semble s’épanouir dans son univers naissant. Reste qu’il s’agit d’une occupation chronophage. Avec des journées de plus de dix heures, Sébastien ne s’économise pas. L’ancien gendarme aura bien mérité sa retraite au soleil à laquelle il rêve tant.

Antoine Heller



Catégories :Vichy

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