L’effervescence de la culture rap en Auvergne

Si le rap s’impose aujourd’hui comme la branche de l’industrie musicale ayant le plus de succès, il est indiscutable que la culture rap vient ruisseler jusqu’au plus profond des territoires. A la base attribué comme un moyen d’expression des quartiers populaires en périphérie des grandes villes, ce style musical s’est maintenant imposé partout en France, y compris en Auvergne. 

« Le rap c’est mon journal intime ouvert, tout le monde peut se retrouver dedans. » Pour le jeune rappeur vichyssois Akuro, de son vrai nom Naël Ouazzani, le rap est indéniablement son moyen d’expression. Plus que le sien, ce style musical qui laisse beaucoup de place à la parole s’est imposé petit à petit comme le moyen expression de toute une nouvelle génération. Le rap, pour une majorité de jeunes, on en écoute, mais de plus en plus, on s’y essaie.

Akuro, en enregistrement en studio.

Akuro, en enregistrement en studio.

Akuro, lui, s’est laissé tenté par une aventure dans le rap il y a seulement quatre mois : « Je suis tombé dedans un peu par hasard. J’écoutais beaucoup de rap depuis petit. Et puis à un moment je me suis lancé et ça a marché. » Pour lui, tout n’est qu’une question de motivation et de détermination. Avec du travail tout est possible : « Je ne suis pas spécial mais je me dis que je peux croire en mes rêves. Je veux rendre réel ce que les autres pensent irréel. »

Un art à la portée de tous

Le rap est par définition la musique de la débrouille. Un stylo puis une instru prise sur Internet, et un morceau en naît. Et c’est peut-être ce qui pousse autant de jeunes à se mettre à écrire leurs textes. Aylie Ay, rappeur de Vichy, explique que c’est de plus en plus facile de non seulement se lancer dans le rap, mais aussi de percer.

« Il ne faut pas grand-chose pour se faire connaître, un téléphone suffit pour s’enregistrer. » – Aylie Ay, rappeur de Vichy

Et faire avec les moyens du bord peut parfois se révéler extrêmement payant. Il suffit de regarder l’ascension fulgurante de Lil Nas X aux États-Unis. Parti de seulement une instru achetée sur internet, il a composé la chanson Old Town Road qui a battu tous les records de ventes l’été dernier. Un modèle qui fait rêver plus d’un jeune.

Rapper en province : un désavantage ?

Paris est considéré par certains spécialistes comme la ville la plus influente du monde dans le rap. La capitale, aux côtés d’autres quelques grandes villes, représente le gros vivier des rappeurs en France. Alors est-il obligatoire d’habiter à Paris pour avoir une chance de réussir dans le rap ? Un petit Auvergnat sans expérience peut-il, de lui-même, de là où il est, atteindre les mêmes sommets que certains ?

Pour Aylie Ay, qui réside à Vichy, ce n’est pas une mauvaise chose de rapper dans une petite ville, au contraire : « C’est bien parce qu’avec les autres rappeurs on va tous se connaître. A Paris on voit des gens qui posent à chaque coin de rue, ça peut être beaucoup plus difficile de sortir de la masse ».

Aylie Ay, rappeur vichyssois.

Aylie Ay, rappeur vichyssois.

La question de l’offre en studio d’enregistrement ou en label peut aussi se poser. N’est-il pas difficile de trouver des solutions quand on est à Clermont par exemple ? Ne2x, un rappeur originaire de Billom, commune à 20 km au sud de Clermont, affirme le contraire : « Il suffit de chercher un peu sur Instagram et tu peux trouver de quoi enregistrer un son en studio pour 15 ou 20 euros. »

Génération d’instragameurs

Mais dans toutes ces solutions et avantages qui s’offrent aux rappeurs provinciaux, la plus grande arme reste les réseaux sociaux. Dans notre monde interconnecté, la notion de province dans le rap n’est peut-être plus totalement justifiée. Car ce qui marche pour promouvoir sa musique, c’est Instagram, et ça, qu’importe la région.

En témoigne l’essor que prennent certains comptes comme 1minute2rap, modèle de l’incitation à se lancer dans le rap. Le but est simple, le rappeur doit enregistrer un freestyle (sorte de morceau de rap non répété) de moins d’une minute et le partager sur instagram en mentionnant 1minute2rap. Si celui-ci est repéré, son freestyle sera promu par le compte qui dispose maintenant de plus de 700 000 abonnés. Akuro en a fait l’expérience dernièrement. Désireux de franchir un cap, il espère que ce freestyle lui permettra de gagner en popularité et lui ouvrira des portes.

Poésie des temps moderne, moyen d’expression de plus en plus prisé par les jeunes, le rap est aujourd’hui quelque chose qui fait rêver. Ne2x l’explique : « Les rappeurs connus sont des personnes comme nous, qui parlent comme nous. » Une identification aux idoles qui permet à certains de se dire que tout est possible, et qu’avec un peu de travail et de persévérance, la marche à gravir n’est pas si grande qu’elle en a l’air. Alors, à toi qui hésite à franchir le pas, suit le conseil d’Aylie Ay : « Lance-toi et kiffe. »

Lucas Lauber



Catégories :Auvergne, Vichy

Tags:, ,

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

%d blogueurs aiment cette page :