Allier : immersion au cœur du quotidien des employés du cinéma de Gannat

Projecteur, régie, programmation… À quoi ressemble la vie quotidienne des techniciens des salles obscures en 2020 ? Bienvenue dans les coulisses du Chardon, le cinéma municipal de Gannat (Allier). 

Charline Fayret lance la projection du neuvième épisode de Star Wars, à l’aide d’un ordinateur portable. Photo : Thomas Hory 

Charline Fayret lance la projection du neuvième épisode de Star Wars, à l’aide d’un ordinateur portable. Photo : Thomas Hory

Les lumières sont éteintes, le projecteur souffle, les bandes-annonces défilent. Aucun doute, la journée a bien commencé pour les salariés du cinéma de Gannat. Chaque semaine, les trois employés du Chardon œuvrent, loin des regards, dans le but d’assurer des séances tout au long de l’année dans l’unique salle du cinéma. 

La technique à l’ère du numérique

La pellicule, c’est terminé ! Aujourd’hui et depuis près de vingt ans, les salles de cinéma ont adopté le format numérique. Ainsi, les bobines de films ont totalement déserté les cabines de projection. Cette révolution marque un changement dans la manière d’acquérir un film et de le diffuser. 

« Lancer un film, c’est presque aussi simple que de lancer un DVD. Il suffit tout simplement d’appuyer sur ‘play’. La phase la plus complexe se trouve avant la diffusion du film », confie Charline Fayret, responsable du cinéma depuis deux ans. En effet, en amont de la projection, les techniciens reçoivent les longs-métrages, par le biais de distributeurs, de deux manières différentes : soit au format DCP (Digital Cinema Package), sur disques durs externes, soit en les chargeant à partir de plateformes de stockage en ligne. Le rôle des employés est alors de créer des playlists de films, qu’ils chargeront sur le serveur du cinéma chaque semaine, en respectant les différents formats de son et d’image. À Gannat, le serveur peut contenir environ huit films (cela peut varier selon le poids des fichiers).

Comme dans tout cinéma, il arrive par moments que l’équipe doive faire face à des problèmes techniques. La règle d’or : garder son sang froid. « Dans tous les cinémas, il arrive au moins une fois dans l’année d’être contraint d’annuler une séance en raison d’un problème technique. Lorsqu’un dysfonctionnement intervient au cours d’une séance, il ne faut pas courir dans tous les sens. La première chose à faire est de prévenir le public et de le rassurer. En général, le problème est réglé en moins de dix minutes. Souvent, il nous suffit de débrancher puis de rebrancher le système. Et dans le pire des cas, nous pouvons contacter une hotline », partage une membre de l’équipe. Les techniciens sont donc toujours bien occupés lors des projections. Et non, contrairement aux idées reçues, ils n’ont pas le droit d’assister aux films depuis leur cabine.

Travailler dans un cinéma de proximité

Par opposition aux métropoles et à leurs multiplexes, Le Chardon est un cinéma public, dit de proximité. C’est-à-dire que les films y sont très souvent diffusés aux alentours de trois semaines après leur sortie nationale. En contrepartie, le prix d’une place en plein tarif revient à 6 euros, contre parfois plus de 10 euros dans de grands groupes de cinéma. « Pour obtenir le droit de diffuser un film, de la part de notre entente de programmation, nous devons réaliser un nombre très précis de séances dans la semaine. Par exemple, pour le dernier Star Wars, nous avons été contraints à dix séances par semaine », précise la responsable du cinéma. 

Le fait que Le Chardon soit un cinéma de proximité, aussi bien géographique que relationnelle, offre aux employés un quotidien bien différent de celui des salariés de grands cinémas urbains. « Sur une ville comme Gannat, ce sont souvent les mêmes personnes qui se rendent au cinéma. Les habitués permettent de faire vivre le cinéma. Parfois, Ils me demandent de diffuser certains films. Les spectateurs s’approprient la programmation de leur cinéma. Nous restons ouverts à toute proposition », ajoute Charline Fayret. 

C’est toujours avec le sourire que le personnel du Chardon accueille le public. Photo : Thomas Hory

C’est toujours avec le sourire que le personnel du Chardon accueille le public. Photo : Thomas Hory

Cette proximité avec le public va même parfois plus loin. En effet, il n’est pas rare que les employés du cinéma viennent, en fin de séance, à la rencontre des spectateurs, afin d’échanger et de discuter du film qui vient d’être diffusé. Les salariés du Chardon ont également quelques petits rituels. Par exemple, lorsque des diffusions d’opéras en direct de New York sont organisées, le cinéma invite les spectateurs à ramener nourriture et boissons, dans le but de passer un moment convivial durant l’entracte. 

Ainsi, malgré un travail exigeant et très prenant, le personnel du Chardon contribue à la popularité, à l’échelle locale, de son cinéma. Une popularité qui est en hausse. En effet, l’établissement a réalisé plus de 19 900 entrées en 2019, contre 18 500 en 2018, avec un nombre de séances oscillant entre seize et vingt, chaque semaine. Pour 2020, l’objectif est clair : dépasser les 20 000 entrées. 

Thomas Hory et Lucas Fontaine



Catégories :Auvergne

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