C’est un fait. Un lien particulier s’est tissé entre le Burkina Faso et Vichy. Son origine : Ben Kadi. Jeudi dernier, l’association vichyssoise s’est, une nouvelle fois, fait remarquer, en organisant une conférence sur les Sénoufos, une des 60 ethnies du Burkina Faso. Décryptage d’un rapprochement inattendu mais logique.

Le président de Ben Kadi, Sibiri Traoré, lors de la conférence sur les Sénoufos.
C’est l’histoire d’une conférence à succès, qui date de 2012. Une demande qui, avec les années, s’était faite de plus en plus pressante… Et revoilà le moment d’échange tant attendu au Point Information Jeunesse de Vichy, sur les « sénoufos », ethnie panafricaine, dont fait parti le président de Ben Kadi, Sibiri Traoré. C’est dans son village de Koloko qu’il a œuvré et vu se construire son grand succès, l’éco-village « Les 4 karités ». En clair, un lieu d’accueil pour des touristes venus découvrir les savoir-faire locaux mais aussi un centre d’initiatives en faveur des populations dans les domaines éducatifs, culturels, sociaux, économiques et touristiques.
Les sénoufos, rites et traditions…pas comme les autres
Et dans la mesure où ceux qui souhaiteraient rejoindre l’association lors d’un séjour au sein de l’éco-village sont les bienvenues, la conférence se révèle être un instructif carnet de voyage. « Les volontaires ne viendront pas en toute ignorance mais plutôt avec une perception des choses que les médias ne rapportent pas », explique Sibiri Traoré. N’être pas pris au dépourvu sur les usages et les traditions sénoufos qui peuvent parfois surprendre, tel est le leitmotiv de cette conférence.
Quelques personnes dans l’assemblée peuvent témoigner de leur expérience. « Dans la tradition sénoufo, je suis, à chaque fois, accueilli par le conseil des anciens », raconte Claudine Guyot, la trésorière de l’association. « Tous les sages du village me demandent ensuite ce que je suis venu faire. Je leur explique, et à ce moment-là, ils m’autorisent à rester au village. »
La soixantaine d’ethnies : une force pour le Burkina Faso
Ne pas se mettre la population locale à dos est important, et pour cela faire attention à une infinité de petits détails se révèle capital. A fortiori, quand les habitants ont la réputation d’avoir un caractère bien trempé. « Le Sénoufo, c’est un peu comme les Bretons en France, juge Sibiri Traoré, c’est une population avec une identité forte qui a résisté au colonisateur français et au découpage du Burkina ». Car s’ils sont présents au pays des Étalons, les Sénoufos peuplent également une partie de la Côte d’Ivoire, du sud du Mali ou encore du Ghana. Des frontières « tracées d’un coup de règle » complètement obsolètes au vu des nombreuses tribus composant toutes ces nations africaines.
Mais si l’imaginaire collectif retient surtout des guerres ethniques comme celle survenu au Rwanda en 1994, le Burkina Faso n’est pas dans cette logique. « Beaucoup, par exemple, croient qu’il y a une rivalité entre toutes ces ethnies. En réalité, pas du tout, c’est notre force. On partage l’amour de ce pays et si le peuple en question est dans un moment de deuil, on va consoler et passer par la plaisanterie pour adoucir les événements », affirme le président de l’association.
Vichy-Koloko : rien qu’une histoire de famille
Considéré comme le verger du Burkina Faso, le territoire sénoufo regorge de merveilles agricoles. « C’est une zone où on produit une très grande quantité de mangues, d’oranges… En terme de productivité, c’est un peu comme l’Auvergne ! », avoue Sibiri Traoré. Des terres décidément fertiles, pour un peuple chaleureux. « J’ai noué plein d’amitié là-bas, confie Claudine Guyot, trésorière. On connaît tout de suite des gens, puis automatiquement si on veut voyager et découvrir d’autres lieux, on va dans la famille de ces gens-là ou chez leurs amis, qui à leur tour nous envoie auprès d’autres familles. »
Moins attendue, une famille peut en cacher une autre : celle de Ben Kadi. Habitant Vichy depuis 1992, Sibiri Traoré est parti du Burkina Faso par amour. Et ce, pour aller rejoindre Martine, sa femme, fidèle épaule sur laquelle il a pu se reposer. Claudine Guyot est, quant à elle, une amie d’enfance de Martine. Celle qui a été missionnée pour la première fois dans le cadre de l’ouverture d’un restaurant au sein de l’éco-village dévoile la prochaine échéance de Ben Kadi : un projet de forage d’un puits prévu courant 2020. En espérant quelques coups de main vichyssois…
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