La région Auvergne-Rhône-Alpes s’emploie pour le handicap

Les récentes mesures nationales en faveur des travailleurs handicapés rythment cette fin d’année. En Auvergne-Rhône-Alpes, un territoire marqué par l’inégale répartition des travailleurs handicapés, c’est la stabilité des personnes en situation de handicap qui est recherchée. Pour cela, la région s’investit par différents moyens.

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Dans un atelier flambant neuf à Cusset, le personnel handicapé de l’Esat de Creuzier-le-Neuf travaille sur la commande d’une entreprise.

La journée nationale du handicap met à l’honneur, mardi 3 décembre, les personnes en situation de handicap. En France, le taux de chômage dans cette catégorie de la population s’élève à 18%, contre 9.1% pour les personnes valides. Pourtant, à la date fixe du 2 décembre, il n’y a pas moins de 32 914 offres d’emploi pour les personnes handicapées à pourvoir sur l’ensemble du territoire français. Parmi les régions qui agissent pour favoriser l’emploi des personnes en situation de handicap, l’Auvergne-Rhône-Alpes tente de jouer les premiers rôles, malgré quelques difficultés.

Des travailleurs handicapés inégalement répartis

Alors que des mesures nationales sont prises avec la revalorisation de l’Allocation aux adultes handicapés qui atteint désormais 900 euros pour un bénéficiaire ne disposant d’aucune autre source de revenu (contre 860 euros auparavant), la région Auvergne-Rhône-Alpes est confrontée à une très inégale répartition de ses bénéficiaires.

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D’après un rapport de l’Insee paru le 11 novembre 2019 pour l’année 2018, ils sont nombreux dans l’Allier et en Haute-Loire (24,2% des 20-64 ans bénéficient de l’AAH), en nombre moyen dans l’Ardèche, la Loire et le Cantal (3,90% des 20-64 ans bénéficient de l’AAH), et peu nombreux en Savoie, en Haute-Savoie, en Isère, dans la Drôme, dans l’Ain et dans le Puy-de-Dôme (de 1,60% à 3,40% des 20-64 ans bénéficient de l’AAH).

Mais cette source de revenus n’est souvent pas suffisante, notamment lorsque le degré de handicap nécessite des soins particulièrement coûteux. La tendance est à l’intégration de personnel handicapé dans les entreprises de la région Auvergne-Rhône-Alpes, et à la création d’entreprises adaptées.

L’Auvergne-Rhône-Alpes, bon élève en France ?

La région Auvergne-Rhône-Alpes est le second bassin d’emplois adaptés derrière l’Île-de-France, avec 4 506 offres recensées le 2 décembre sur handicap-job.com, premier site d’offres d’emploi des personnes en situation de handicap. En comparaison avec les offres d’emploi pour des personnes valides, publiées sur le site pôle-emploi.fr le 2 décembre 2019, il y a plus de deux fois moins de CDD et de contrats temporaires à pourvoir sur le site emploi.handicap.fr dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Les offres d’apprentissage sont également moins nombreuses pour les personnes en situation de handicap.

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Au total, 84,8% des offres d’emploi du site spécialisé pour les personnes handicapées sont des contrats à durée indéterminé, contre seulement 66,42% pour les personnes valides qui recherchent sur pôle-emploi.fr. Cet avantage doit permettre à une personne en situation de handicap de se stabiliser plus facilement.

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Mais une telle proportion de CDI proposés par des entreprises s’explique par la volonté de respecter la nouvelle loi qui entre en vigueur le 1er janvier 2020. Cette dernière reprend les grandes lignes de la loi existante, l’OETH (Obligation d’emploi de travailleur handicapé), obligeant les entreprises de plus de 20 salariés d’avoir un taux d’emploi de personnes en situation de handicap à 6% de l’effectif de l’entreprise. Ce qui change principalement, c’est la promesse aux entreprises d’une déduction de la contribution due pour toute déclaration d’achats de produits ou de service auprès d’un Esat (Etablissement et service d’aide par le travail.).

Un investissement pour anticiper

Pour répondre à la politique dynamique de l’AVERPAHM (Association pour Vichy et région de parents et amis handicapés mentaux) , la région Auvergne-Rhône-Alpes a décidé d’investir 2,3 millions d’euros dans la construction d’un nouveau bâtiment, à Cusset, pour l’Ésat de Creuzier-le-neuf, inauguré en septembre 2019. « Aujourd’hui, le marché de l’emploi est quand même un marché qui fait appel plus à des capacités intellectuelles, et moins à des capacités physiques. Beaucoup de personnes en Ésat ont une déficience intellectuelle qui ne leur permet pas de répondre à ce type de travail », explique Didier Boulanger, directeur adjoint de l’Esat de Creuzier-le-Neuf.

Dans un Esat, c’est effectivement le travail manuel qui prime. Cela profite alors aux entreprises qui sous-traitent en Esat, et qui seront bientôt avantagées pour cette pratique. Avec une spécialisation en sous-traitance industrielle, l’Esat de Creuzier-le-Neuf propose à 173 personnes en situation de handicap nécessitant un accompagnement médicale, des tâches diverses et variées telles que le conditionnement, le montage de pièces industrielles, de l’entretien de paysages…

Didier Boulanger précise : « Moi, je ne connais pas de handicap qui empêche de travailler, ce qui va être altéré, ça va être la performance, le rythme, l’adaptation… » C’est notamment le message qu’il porte aux représentants de la région Auvergne-Rhône-Alpes, mais surtout aux employeurs qui ne respectent pas le quota de 6% d’employés en situation de handicap pour une entreprise de plus de 20 employés.

Tanguy Gadin



Catégories :Auvergne

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