Le festival “migrant’scène” se déroulera du 16 novembre au 14 décembre 2019 à Clermont-Ferrand. Un rendez-vous qui essaie de sensibiliser la population quant à la situation actuelle de l’accueil des personnes migrantes en France.

Le cercle de silence du 21 novembre a réuni 40 personnes de tous âges. Photo : Lison Bourgeois
18h45. Jeudi 21 novembre. Clermont-Ferrand est plongée dans une nuit froide et bruyante. Les pas se pressent, les trams sillonnent avec assurance les pavés humides. Et ils sont là. Comme tous les troisièmes jeudis de chaque mois, ils se réunissent pour faire silence ensemble. “Ils”, ce sont des femmes, hommes, enfants et personnes âgées. Ils sont parfois Clermontois, mais pas uniquement. “Ils”, ce sont les bénévoles de La Cimade. Cette association, qui fête cette année ses 80 ans, se bat depuis 1939 pour un soutien politique aux migrants, aux réfugiés et aux étrangers en situation irrégulière.
Depuis sa création, elle a multiplié les actions pour faire prendre conscience à la population la situation des migrants. Cela fait maintenant 10 ans qu’elle organise dans toute la France un festival nommé “Migrant’scène” regroupant cinéma, théâtre, musique et expositions diverses. Regroupant cinéma, théâtre, musique et expositions diverses, le festival cherche à sensibiliser son public sur les questions migratoires. Plus de 400 événements sont ainsi organisés dans toute la France entre le 16 novembre et le 14 décembre 2019. La région Auvergne-Rhône-Alpes peut s’honorer d’être un acteur majeur de ce festival, et en particulier la ville de Clermont-Ferrand. Trois co-directeurs sont chargés d’encadrer les actions dans la région : Alice Beau, Simon Bonhomme et Pierre Saint-Amans.
Une manifestation dans toute l’Europe
“A Clermont-Ferrand, cela va faire 11 ans qu’on organise des cercles du silence !”, indique fièrement Pierre Saint-Amans. Se regroupant un jeudi par mois au pied de la statue de Vercingétorix de la place de Jaude, les bénévoles cherchent à dénoncer des situations “inhumaines” d’accueil et de renvoi des personnes migrantes. Mais au-delà de ce combat qu’ils portent quotidiennement, ce cercle du silence permet aussi une sensibilisation.
Ainsi Carole s’est approchée du cercle par “curiosité”. “J’ai entendu parlé de cette manifestation par les réseaux sociaux, c’est un sujet qui m’intéresse. Je trouve qu’on n’est pas assez informé sur les problématiques des personnes réfugiées”, explique-t-elle à demie voix. Beaucoup, comme Carole, intègrent le cercle par curiosité et pour en savoir davantage. Jeremy Billon, réalisateur du documentaire “Morabeza, la force du mouvement” assure que ce manque d’information est aussi corrélé avec une peur irrationnelle.
Pour ce jeune militant, le combat scientifique et rationnel favorable à l’accueil des personnes réfugiées en France est déjà gagné. Cependant, il concède : “les barrières mentales au plus profond de chacun de nous sont beaucoup plus difficiles à briser.” Jeremy Billon veut donc mettre en place une logique d’accueil qui, bien loin du paternalisme, prône l’acceptation mais aussi son l’apport de chaque nouvelle personne pour la société. Un objectif politique qui ne peut pas être atteint seulement par des manifestations pacifistes comme celles du “Cercle” selon le jeune homme.
“Nous sommes convaincus que notre action a des conséquences”
Simon Bonhomme, co-directeur de la Cimade, explique aussi qu’à l’origine l’association agissait surtout au niveau juridique et administratif pour défendre les personnes migrantes. Un ancrage que la Cimade n’a pas non plus perdu de vue aujourd’hui. Quelques rues plus loin, Alice Beau, co-directrice régionale de la Cimade organise justement une permanence d’accueil à Clermont-Ferrand. L’objectif est avant tout l’accompagnement juridique des personnes en situation irrégulière.
“Si le droit paraît flou pour beaucoup de Français, il l’est encore plus quand on ne parle pas français !” – Alice Beau, co-directrice régionale de la Cimade
Ce soutien permet d’éclairer des démarches administratives sources de nombreuses incertitudes et incompréhensions. Dans le couloir, tous les profils défilent sur les chaises brunes. Venus par recommandation d’un organisme ou guidés par le bouche à oreille, pour la première fois ou depuis des années, ils se pressent tous pour enfin obtenir une situation régulière aux yeux de l’Etat français. Dans la salle, une dizaine de bénévoles de la Cimade mais aussi de la Ligue des droits de l’homme ouvrent, un à un, chaque dossier deux fois par semaine.

Alice Beau et dix autres bénévoles tiennent une permanence d’accueil tous les mercredis et jeudis à Clermont Ferrand. Photo : Lison Bourgeois
“Depuis plusieurs années, l’issue positive devient vraiment rare”, remarque Alice Beau. Une perte de possibilités d’accueil causée par une politique nationale restrictive. Cependant la bénévole pointe aussi l’importance du pouvoir discrétionnaire du préfet départemental. Une prise de conscience qui ne décourage pas Alice Beau : “Une fois que l’on sait comment ça se passe, une question s’impose : est-ce que je préfère fermer les yeux ou est-ce que j’essaie de faire changer les choses à mon échelle ?”
Catégories :Auvergne
Laisser un commentaire