Vichy submergée par une vague d’étudiants ?

De 1 510 étudiants en 2016 à 2 900 étudiants en 2019, la population étudiante de Vichy a presque doublé en quatre rentrées. C’est sans compter les 2 500 étudiants du Cavilam (Centre d’approches vivantes des langues et des médias) de passage au cours de l’année. La ville thermale s’est offert une vraie cure de jouvence. Une métamorphose qui force la cité vichyssoise, longtemps associée au 3e âge, à s’adapter aux besoins de ses nouveaux habitants. Et les problématiques ne manquent pas : logements, salles de cours, vie nocturne… La ville va devoir évoluer vite pour que cette bouffée de jeunesse perdure.

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Si Vichy connaît un afflux soudain d’étudiants, elle ne doit rien au hasard et a su profiter de ses atouts et de sa proximité avec Clermont-Ferrand pour attirer des formations parfois rares et de plus en plus de jeunes. Selon Mathias Bernard, président de l’Université Clermont-Auvergne, Vichy est une ville propice à la création de formations. En effet celle-ci a profité de deux stratégies pour voir gonfler son nombre d’étudiants : « D’une part les formations que l’on ne trouvait pas dans la région, c’est le cas des DUT Métiers du multimédia et de l’Internet (MMI) et Information-Communication option Journalisme (ICJ), des formations originales. Et d’autre part celles qui existaient déjà à Clermont-Ferrand. »

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Le nombre d’étudiants à Vichy a connu une forte augmentation ces dernières années. (Source : ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche)

Le site de Clermont-Ferrand étant dans l’incapacité logistique d’accueillir tous les étudiants de ces filières très prisés, c’est Vichy qui a décroché le gros lot et adopte les premières années des licences PACES et des licences STAPS. En effet, la Cité de la Pastille a une chose que n’ont pas les autres sites de l’Université comme Montluçon ou Aurillac : la proximité avec la capitale des Arvernes. « Les formations dédoublées nécessitent le déplacement des professeurs et, parfois, des étudiants et Vichy n’est qu’à 45 minutes de voiture, alors que d’autres sites, tel qu’Aurillac, se trouvent à plus de deux heures », explique le président de l’Université.

Un cadre de vie idéal

Son emplacement aide donc Vichy et son agglomération à se développer, mais ce n’est pas tout. L’université a décidé de créer une uniformisation des thèmes de formation au sein de ses différentes antennes pour « définir une coloration de chacune d’elles ». En effet, Fabien Conord, chef de département du DUT Journalisme, confirme cette recherche de synergie entre les formations : « La présence de formations telles que le DUT MMI permet de mutualiser des équipements performants, mais coûteux en matière notamment de studios d’enregistrement, de matériel vidéo… »

Les deux thèmes étudiants de notre ville thermale sont la santé et les sports. Selon Mathias Bernard, « Vichy est une ville très dynamique d’un point de vue sportif, et se prête facilement au domaine de la santé et de la réadaptation grâce aux cures thermales. » Ainsi, la ville bourbonnaise tire le maximum de profit de ses infrastructures. Vichy et ses 25 000 habitants possèdent des installations équivalentes à celles d’une ville de 250 000 habitants. La cité propose aussi un cadre de vie idéal pour les étudiants. “Vichy communauté met à disposition de l’Université des locaux et un cadre de travail remarquables qui offrent au Pôle universitaire une qualité et une image soulignées par tous les intervenants extérieurs”, souligne Fabien Conord.

“Ce cadre de vie, dans une ville à dimension humaine et à l’identité culturelle fortement marquée, constitue naturellement un argument pour le positionnement d’une formation aussi sélective que le DUT Journalisme, dont le recrutement est très largement national.” – Fabien Conord, chef de département de la formation ICJ

Le Point Info Jeunes, une aide précieuse

Parmi les acteurs qui œuvrent activement pour le bien-être des étudiants de la ville, le PIJ (Point Info Jeunes) prend beaucoup de place dans le paysage étudiant vichyssois. Largement soutenu par la communauté d’agglomération, il travaille pour informer la jeunesse et aider les étudiants dans leurs démarches. Salime Terchag, informateur jeunesse au sein du PIJ, parle “d’une montée en puissance” : “Avant, par exemple, le traditionnel ‘Bienvenue aux étudiants’ ne durait qu’un seul jour, aujourd’hui il s’étale sur plusieurs semaines.”

L’informateur témoigne “d’un investissement total dans la vie étudiante” qui s’améliore d’année en année avec cette nouvelle population rajeunie. Le PIJ organise de la même manière fréquemment des réunions entre tous les BDE (Bureau Des Étudiants) afin que les différentes sections d’étudiants de la ville puissent œuvrer ensemble. Une page Facebook a été créée à l’occasion de ces réunions pour “faciliter la transparence des informations”, résume Salime Terchag. À sa propre échelle, le PIJ met tout en œuvre pour que les étudiants se sentent le plus possible chez eux dans la cité thermale. 

Le Crous allergique à la pastille ?

Si la ville est “suréquipée” dans le domaine sportif, il y a un acteur essentiel de la vie étudiante qui brille par son absence : Le Crous. Les résidences étudiantes bon marché étant absentes de Vichy, c’est la Société d’Economie Mixte Immobilière de Vichy (Semiv) qui s’est taillé la part du lion en offrant près de 1 000 logements dans la ville à des prix bien moins avantageux. En effet, comptez 300 euros toutes charges comprises pour 17m² dans la Maison de l’Etudiant.

A ce prix-là, la Semiv ne croule pas sous les demandes et “ne constate pas d’augmentation de la demande qui reste plus faible que l’offre”, selon Paola Vocat, chargée de promotion et de satisfaction au sein de la SEMIV. Et ce malgré l’augmentation exponentielle du nombre d’étudiants ces dernières années. Signe que les étudiants ne se logent pas dans les résidences mises à leur disposition mais préfèrent se disséminer dans les locations tout autour de la ville à la recherche d’un meilleur prix au mètre carré. Dans ces conditions, l’absence du Crous pourrait très vite se faire sentir. La pression immobilière est amenée à augmenter et Vichy pourrait connaître une certaine saturation immobilière dans les années à venir.

Une ville noyée sous les étudiants

Malgré tous les efforts du PIJ, la ville n’est pas exempte de toute critique. Le Pôle Lardy, s’il s’est longtemps gargarisé d’être un établissement à dimension humaine, a du mal à suivre le raz-de-marée d’étudiants et cristallise de nombreux reproches. Premier élément dans le collimateur des étudiants, le Restaurant Universitaire. Les étudiants pestent fréquemment contre les queues interminables qui se forment devant les selfs à l’image de Lucas, étudiant en MMI : “On a compté presque trois quarts d’heure de queue pour enfin pouvoir manger au self.”

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La faute à une capacité d’accueil qui n’est plus en adéquation avec le nombre d’étudiants. Geneviève Chervy, directrice adjointe du pôle, explique qu’elle a conscience de la saturation du restaurant universitaire et évoque “des études pour une possible délocalisation du restaurant”. Car une extension n’est pas envisageable sur ce bâtiment classé au patrimoine. Elle explique que, “pour l’instant, on a des idées, on envisage par exemple également de réaménager les salles” afin de maximiser la capacité des infrastructures. Des idées certes, mais pour l’instant aucun projet concret n’est à l’ordre du jour.

Autre reproche et non des moindres : la vie nocturne, pan entier de la vie étudiante, souffre du manque d’animation de la ville passé 22 heures. Killian, étudiant en MMI, déplore le manque “de lieux attractifs et de véritables boîtes de nuit sur Vichy”. De son côté, Nass étudiant en MMI confirme : “Il n’y a que les berges et dès que le froid de l’hiver arrive cela tue presque toutes les sorties et Vichy devient mort.”

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Nass et Kilian sont tous les deux en MMI et selon eux, la vie nocturne n’est pas à la hauteur sur Vichy. (Photo : Matthias Haag) 

Selon eux, ”ce sont des musiques lambdas sans trop d’intérêt qui s’écoutent dans les bars, ça ne correspond pas à ce qu’une majorité des jeunes écoutent”. Le Fou du Roi ou Le Passage, les discothèques vichyssoises, n’ont pas vraiment la côte. Vichy a donc encore des efforts à fournir pour séduire sa jeunesse.

Aurélie Marie, Alexis Pfeiffer, Matthias Haag, Elias Muhlstein,
Adrien Michaud, Mathilde Bertin, Mattéo Valette



Catégories :Plus Loin, Vichy

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