Sécheresse : Laurent Wauquiez annonce un plan d’adaptation au changement climatique

Après un thermomètre déjà bien dépassé en 2018, atteignant les 40,9° à Clermont-Ferrand. La chaleur a de nouveau asséché les campagnes françaises cet été, avec des maximales de 43° dans l’Allier ; poussant la région à mettre en place un grand plan d’adaptation au changement climatique en faveur des agriculteurs.

Wauquiez

Au sommet de l’élevage, Laurent Wauquiez a fait l’annonce d’un plan d’adaptation au changement climatique. (LAURENT WAUQUIEZ / FACEBOOK)

L’urgence est là ! Voilà déjà deux années de sécheresses consécutive et l’herbe se fait de plus en plus rare pour les exploitants agricoles. “Dans l’allier les pertes en fourrages se situent entre 30% et 70% selon les secteurs”, assure à La Montagne Patrice Bonnin, président de la chambre d’agriculture de l’allier. Lors de la sécheresse 2018, la région Auvergne-Rhône-Alpes avait mis en place un plan sécheresse de 15,8 millions d’euros pour “redonner de l’oxygène à 14 000 exploitations”.

Mais cette année, Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, s’est de nouveau emparé du sujet pour en faire sa priorité. “Nous n’avons pas le droit de perdre notre agriculture”, affirme-t-il. Pour cela il a profité du 28ème sommet de l’élevage pour  faire une annonce : le lancement d’un grand plan d’adaptation au changement climatique. 

Une région qui veut s’ériger en modèle

Le dérèglement climatique affecte considérablement le secteur agricole. La sécheresse, de plus en plus récurrente, menace les ressources en eau et fragilise la production des agriculteurs, entraînant pertes financières et agricoles. Face au dérèglement climatique les agriculteurs ont cependant bien conscience qu’un changement s’impose. Dans un entretien avec La Montagne, Jacques Chazalet président du sommet de l’élevage depuis 2015 expliquait, “ il faut compter sur la mise au point de systèmes plus résilients et plus adaptés”.

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Face à cette problématique, Laurent Wauquiez a exprimé lors du sommet de l’élevage son ambition d’être “la région qui prépare le mieux ses agriculteurs aux impacts du changement climatique”. Si l’annonce est plutôt passé inaperçue, elle pourrait pourtant rayonner. Avec beaucoup d’optimisme ou alors un manque de lucidité il serait possible de penser que la région envisager un tout nouveau tournant dans les pratiques agricoles. Ce qui au vue des années à venir semble le plus réaliste pour pérenniser l’agriculture.

Néanmoins la région n’est pas prête de révolutionner le monde agricole. Du moins pas aujourd’hui. Hormis une respectable ambition afficher en bas du communiqué “d’accompagner l’émergence de nouvelle filières” comme le houblon ou le sorgho. L’annonce de la région se conforme en réalité à son domaine de compétences et reste classique : “Apporter une aide financière et un accompagnement stratégique”. Et non des solutions pour une réelle “adaptation au changement climatique”

Coup de com’ ou réel projet d’aide aux agriculteurs ? 

L’annonce semble un peu plus belle que ce qu’elle est vraiment, en l’absence par exemple de solutions qu’il faudrait débloquer face à l’urgence climatique. L’organisation des nations unis pour l’alimentation et l’agriculture prescrit par exemple le développement de pratiques intégrées comme la permaculture ou l’agroforesterie etc… Il ne faut néanmoins pas négliger le volet financier indispensable pour les agriculteurs. 

Même si la région a communiqué sur son grand plan, il s’agit pour le moment plus d’une annonce à la volée que d’un réel projet travaillé. “Malheureusement comme souvent avec Laurent Wauquiez, il ne s’agit pour l’instant que d’annonces car les conseillers régionaux n’ont pas encore discuté de dispositifs concrets”, souffle un collaborateur de la députée du Puy-de-Dôme Christine Pirès Beaune.

Freins administratifs

Ces critiques peuvent néanmoins être nuancées par les professionnels. Guillaume Lepain, agriculteur et membre du syndicat de l’association des Jeunes Agriculteurs de l’Allier, demeure positif. “Les agriculteurs ont conscience que la réalisation d’un tel projet peut prendre plusieurs mois, voire des années, confie-t-il. Nous aimerions  par exemple pouvoir capter l’eau et construire des retenues d’eau pour abreuver nos bêtes, irriguer nos récoltes et fourrages. Seulement, le problème vient de plus haut.” Effectivement la législation sur l’eau est un frein administratif pour l’aboutissement de certains projets. En France, certains cours d’eau sont classés selon différentes fonctions. Pour leur agrandissement des autorisations sont nécessaires. “Nous avons un réel soutien de la région et de notre préfète, seulement l’administration nous pénalise”, assure-t-il. 

“Nous aimerions aussi plus de confiance de la part des associations écologistes. Notre objectif n’est pas de détruire les bassins qui se créent, à l’inverse de ce qu’ils peuvent penser.” Guillaume Lepain, agriculteur dans l’Allier.

Si la région pense avec son plan d’adaptation au changement climatique “témoigner d’une ambition forte pour une agriculture régionale durable”, Isabelle Nebout, agricultrice dans l’Allier, n’en est pas si sûre. “Je n’ai jamais entendu parler de ce grand plan. Nous n’avons pas attendu que la région face une annonce pour nous adapter aux nouvelles conditions climatiques. De nombreux agriculteurs ont utilisés les résidus de leurs cultures de maïs pour en faire des bottes pour nourrir le bétail l’hiver.” La sécheresse ayant endommagée les récoltes de foin pour l’hiver, certains agriculteurs ont dû mettre en place un “système de débrouille”. Avec leurs déchets de maïs, ils ont par exemple utilisé le procédé de conservation de végétaux, appelé l’ensilage. 

Finalement cette annonce d’un grand plan d’adaptation au changement climatique en faveur des agriculteurs reste, du moins pour le moment, assez vague. De leur côté, les acteurs du terrain ont déjà mis en place des projets concrets pour répondre à la problématiques du dérèglement climatique.  Actuellement 18 dossiers concernant les nouvelles pratiques agricoles sont déjà en cours dans le département de l’Allier : projets de méthanisation, plan d’irrigation…  

Noémie Pitavin



Catégories :Auvergne

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